Le gouvernement et plus particulièrement l’Avere (Association nationale pour le développement de la mobilité électrique), le lobby de la voiture électrique, se félicitent que l’objectif des 100.000 bornes de recharge publiques ouvertes aux véhicules électriques en France devrait être atteint au deuxième trimestre cette année. Il n’y a pourtant pas de quoi pavoiser. Non seulement, cet objectif fixé en octobre 2020 aurait dû être atteint en 2021 puis en 2022, mais plus problématique encore la quasi-totalité de ses bornes n’offre pas de charge rapide. Et pourtant, les besoins sont criants.
L’un des principaux freins au développement des véhicules électriques tient à l’insuffisance quantitative et qualitative du réseau de bornes électriques. Il y en a trop peu. Elles offrent une puissance et donc une rapidité de recharge souvent insuffisantes. Elles sont assez peu fiables et leur utilisation est compliquée avec une multitude de type de paiements et d’abonnements différents. Et cela même si près de 70% des charges de voitures électriques se font lentement, la nuit, au domicile des propriétaires avec des puissances modérées.
Les promesses n’engagent que ceux qui les reçoivent
Il faut dire que plus particulièrement dans le domaine de la voiture électrique, les promesses n’engagent que ceux qui les reçoivent. Lors du Mondial de l’automobile de Paris de 2010… il y a treize ans, le gouvernement promettait alors pour 2020 deux millions de voitures électriques en France et 400.000 bornes de recharge sur la voie publique.
Il y avait environ 1,1 million de véhicules électriques et hybrides rechargeables qui circulaient en France fin 2022 selon l’Avere. La part des voitures électriques a continué de progresser sur le marché français en 2022, atteignant 13% des immatriculations neuves totales, contre 10% en 2021 dans un marché, il est vrai, sinistré.
A la fin de l’année dernière, il y avait 82.107 points de recharge publics (accessibles au public) sur le territoire de la métropole toujours selon les chiffres de l’Avere. Et il y en avait 85.284 à la fin janvier 2023. L’accélération promise a donc fini par se produire puisque le nombre de bornes publiques a augmenté de plus de 50% l’an dernier. Il y en avait 53.667 à la fin 2021. Sur autoroute, toutes les aires des réseaux APRR et AREA sont désormais équipées, comme l’exige la loi. Les aires du réseau Sanef sont équipées à 85% et celles du réseau Vinci devraient toutes être équipées d’ici à la fin 2023.
Les bornes puissantes et rapides nécessitent des investissements lourds dans les réseaux électriques
Olivia Grégoire, la ministre déléguée auprès du ministre de l’Économie responsable des Petites et moyennes entreprises, du Commerce, de l’Artisanat et du Tourisme, a reconnu que le gouvernement a «pris un peu de retard… le contexte a été un peu difficile. Cet objectif des 100.000 bornes, devrait être atteint au deuxième trimestre 2023».
Mais derrière ce chiffre brut assez encourageant et le fait que la France se situe à la troisième place en Europe en matière d’infrastructures dédiées à la recharge de véhicules électriques derrière l’Allemagne et les Pays-Bas, les bornes existantes sont peu performantes et de ce fait pas vraiment adaptées aux déplacements sur longue distance des véhicules électriques. Elles devraient pourtant permettre cela. Mais les bornes puissantes nécessitent notamment des investissements lourds dans les réseaux électriques…
Selon l’Avere, 90% des points de recharge installés permettent seulement une charge lente avec une puissance inférieure à 22kW (35% offrent moins de 7,4 kW). Et moins de 7% des bornes offrent une puissance importante, comprise entre 50 et 150 kW, garantissant une charge rapide. Seule la charge rapide permet comme son nom l’indique de recharger les batteries d’un véhicule en quelques dizaines de minutes comme le promet l’incessant matraquage publicitaire vantant les mérites de la motorisation électrique.
Enfin, il faut aussi souligner la persistance de problèmes de fiabilité des bornes installées. D’après le baromètre de l’Avere, la disponibilité (ni en maintenance, ni hors service) des bornes en courant continu est de 86% en moyenne actuellement. Le chiffre tombe à 83% pour les bornes puissantes de moins de 150 kW et à même 78% pour les bornes de 150 kW ou plus.