<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> Bâtiment: l’Union Européenne perd définitivement pied avec la réalité

13 mars 2024

Temps de lecture : 3 minutes
Photo : La commission européenne à Bruxelles
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Bâtiment: l’Union Européenne perd définitivement pied avec la réalité

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En matière de transition énergétique, les institutions européennes sont adeptes de la pensée magique. Il suffit d’inscrire dans le marbre les objectifs les plus ambitieux pour qu’ils se réalisent. Peu importe que les calendriers et les obligations imposés ne tiennent presque aucun compte des réalités techniques, économiques et sociales. C’est au tour de la transition énergétique des bâtiments d’en faire les frais. Les objectifs annoncés n’ont quasiment aucune chance d’être atteints. Comme, par exemple, réduire la consommation énergétique de tous les bâtiments d'au moins 16% d'ici 2030 et de 20 à 22% d'ici 2035. Ou rénover 16% des bâtiments non résidentiels, les moins performants, d'ici 2030 et 26% d'ici 2033...

Les institutions de l’Union Européenne sont décidément incorrigibles. Elles se donnent en matière de transition énergétique des objectifs qui ne sont pas contestables en tant que tels mais avec des calendriers et des conditions irréalisables. Ce n’est pas la même chose d’avoir des politiques volontaristes et de faire de la communication purement politique en sachant pertinemment que les objectifs ne pourront pas être atteints.

Ainsi, après le tout renouvelables et le passage à marches forcées à la motorisation électrique des véhicules, voilà maintenant un nouveau rêve éveillé dans le domaine de la transition énergétique des bâtiments. Il s’agit bien d’une question essentielle: 40% de la consommation d’énergie et 36% des émissions de gaz à effet de serre de l’Union Européenne (UE). Raison de plus pour ne pas prendre ses désirs pour la réalité. Le texte voté par le Parlement européen mardi 12 mars qui entre dans le cadre du « New Green Deal» est pourtant un catalogue de contraintes et d’obligations impossibles à satisfaire en l’espace de quelques années et qui en outre auront des conséquences sociales et économiques problématiques. D’autant plus que selon l’ONG Housing Europe, l’UE s’enfonce depuis plus d’une décennie dans une profonde crise du logement.  Elle est marquée par une envolée du prix des loyers et des maisons, respectivement +19% et +50% entre 2010 et 2022, et une pénurie grandissante de logements abordables.

Plus de 150 milliards d’euros supplémentaires à trouver par an…

Cela rend le texte entériné par les eurodéputés encore plus inapplicable. A commencer sur le plan strictement financier. La Commission estime qu’il faudra 275 milliards d’euros d’investissements par an dans la rénovation des bâtiments d’ici 2030… soit 152 milliards de plus qu’actuellement. Qui va payer ? Peu importe. Les eurodéputés se sont couverts. Ils préviennent les Etats qu’ils doivent veiller à ce que leurs « plans de rénovations nationaux » soient « financés de manière adéquate ». Magnifique!

L’ensemble du texte s’inscrit dans cette même logique. Il en va ainsi de l’obligation d’ici 2030, dans six ans…, de ne plus construire que des logements neufs zéro émission. Et pour les bâtiments neufs occupés ou détenus par les autorités publiques la date butoir est même de 2028. Le texte prévoit aussi la disparition totale dans l’UE d’ici 2040 des chaudières à combustibles fossiles pour le chauffage et la climatisation. Les Etats devront cesser de subventionner les chaudières à combustibles fossiles dès 2025.

Rénover 16% des bâtiments non résidentiels d’ici 2030 et 26% d’ici 2033

Partout où cela est « techniquement et économiquement adapté », les Etats devront déployer des installations solaires sur les bâtiments publics et non résidentiels et sur tous les bâtiments résidentiels neufs d’ici 2030. Les nouveaux parkings dans les bâtiments non résidentiels devront aussi disposer obligatoirement de bornes de recharge pour véhicules électriques.

Pour ce qui est de la rénovation énergétique des bâtiments existants, les Etats membres devront mettre en place des mesures pour réduire la consommation énergétique d’au moins 16% d’ici 2030 et de 20 à 22% d’ici 2035. Chaque pays devra rénover 16% de ses bâtiments non résidentiels, les moins performants, d’ici 2030 et 26% d’ici 2033. Chaque Etat devra se doter dans les deux ans d’un « plan national de rénovation » et prévoir des « guichets uniques » pour les demandes d’aides aux rénovations.

N’étant pas à une contradiction près, les eurodéputés demandent dans le même temps, de protéger « les ménages vulnérables »…  des conséquences des contraintes qu’ils leur imposent. Les Vingt-Sept sont donc tenus de « protéger les ménages et locataires vulnérables en s’attaquant aux augmentations disproportionnées des loyers qui pourraient entraîner des expulsions du fait des rénovations ». Presque 10% de la population de l’Union Européenne (41 millions de personnes) étaient considérés en 2022 comme se trouvant dans une situation de précarité énergétique.

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