Il y aura au moins une promesse de campagne que Donald Trump aura tenu, au moins jusqu’à aujourd’hui, faire baisser les prix de l’énergie et plus particulièrement du pétrole. Ce n’est pas un effet direct, mais indirect de sa politique économique et plus particulièrement d’une guerre commerciale généralisée avec l’annonce de l’instauration tous azimuts de droits de douane supplémentaires avec le Canada, l’Europe, la Chine, le Mexique… Cela devrait se traduire par un ralentissement de l’activité économique un peu partout dans le monde et donc une stagnation de la consommation de pétrole. Certains anticipent même aujourd’hui une récession aux Etats-Unis. Une possibilité que Donald Trump a refusé d’exclure.
On assiste ainsi sur les marchés à un revirement brutal après une certaine euphorie aux lendemains de la victoire électorale de Donald Trump qui a perduré jusqu’à son arrivée à la Maison Blanche le 20 janvier. Elle reposait sur l’idée que la politique de la nouvelle administration viserait à soutenir la croissance américaine, la baisse de l’inflation, Wall Street, la force du dollar… Aujourd’hui, l’administration Trump est considérée comme une véritable menace pour la croissance américaine et mondiale.
Menace pour la croissance américaine
En outre, la crainte augmente d’avoir un déséquilibre persistant sur le marché pétrolier résultant d’une offre trop abondante. La semaine dernière, l’Opep+ a indiqué que l’Arabie Saoudite, la Russie, les Emirats Arabes Unis, l’Irak, le Koweit, le Kazakhstan, Oman et l’Algérie, les principaux producteurs du cartel, vont commencer à partir du mois d’avril à augmenter régulièrement leur production qu’ils avaient baissé volontairement et collectivement de 2,2 millions de barils par jour pour soutenir les cours. En avril, la production va ainsi augmenter de 138.000 barils quotidiens ce qui est perçu comme un geste, symbolique, envers Donald Trump qui a demandé à plusieurs reprises à l’Opep de « faire baisser les prix du pétrole ». Mais cette augmentation devrait être régulière et continue pendant 18 mois.
Par ailleurs, l’objectif affiché par Donald Trump lors de sa campagne électorale avec l’utilisation du fameux slogan républicain « drill, baby drill » (fore, chérie fore) est d’augmenter la production de pétrole et de gaz sur le sol américain. Dès sa prise de fonction, il a signé un décret intitulé « Unleashing American Energy » (Libérer l’énergie américaine), destiné à donner le ton de son second mandat. Au programme, déréglementation et dérégulation, avec des mesures favorables à l’extraction des énergies fossiles et d’autres visant à limiter ou annuler des contraintes environnementales ainsi que des subventions et des incitations fiscales à la transition énergétique. Pas sûr que l’impact sur la production de pétrole, c’est différent pour le gaz, soit important notamment avec des cours faibles qui ne garantissent pas une rentabilité suffisante des investissements dans de nouveaux gisements de pétrole de schiste dont l’extraction est très coûteuse.
En tout cas, en dépit d’un rebond au cours des derniers jours les cours du baril ont perdu près de 15% depuis la mi-janvier et surtout ont flirté avec leurs plus bas niveaux touchés en septembre 2024 et en 2021. Les prix du baril étaient le 12 mars, pour la qualité WTI (West Texas Intermediate), autour de 67 dollars, et pour la qualité BRENT de mer du Nord, autour de 70 dollars.
Baisse de la consommation
Pour en revenir à l’activité économique, les craintes grandissent jour après jour d’un ralentissement brutal de la croissance américaine. Non seulement, l’administration Trump a lancé simultanément une guerre commerciale avec ses voisins, Canada et Mexique et avec l’Europe et la Chine qui ont répliqué aux augmentations de droits de douane, mais a aussi bouleversé les politiques gouvernementales. Le 47éme président a annoncé une série de mesures visant à réduire les dépenses publiques et à diminuer le nombre de fonctionnaires fédéraux ce qui a incité les entreprises et les ménages à réduire leurs investissements et leur consommation avant d’y voir un peu plus clair. Ainsi, les craintes d’une récession ont été renforcées par les performances médiocres de la consommation et du marché du travail pour les deux premiers mois de l’année 2025.
En Chine aussi, les performances économiques sont décevantes. Les chiffres de l’inflation très faibles, en Chine, publiées au cours des derniers jours, montrent que le pays ne parvient pas à relancer la demande intérieure. Les promesses de Pékin de renforcer encore les mesures de relance ont été accueillies avec scepticisme depuis plusieurs semaines.