La demande de charbon ne va pas faiblir au cours des prochaines années et même continuer à augmenter dans le monde. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) l’affirme dans son rapport coal 2019 (charbon 2019). La consommation de charbon va notamment s’accroître en Asie et plus particulièrement en Chine, en Inde, en Indonésie et au Vietnam. Dans ces pays, les impératifs de croissance économique et de satisfaction des besoins des populations passent bien avant la question de la transition énergétique et du climat.
Les bons chiffres de 2019 sont trompeurs. La demande mondiale de charbon a diminué l’an dernier d’environ 3% selon Carbon Brief, mais cela ne sera pas le cas au cours des prochaines années. Si elle continuera à baisser en Europe et aux Etats-Unis, elle va progresser plus rapidement en Asie, au moins jusqu’en 2024.
Non seulement la Chine, le plus gros producteur et consommateur au monde de charbon, a un programme massif de constructions de nouvelles centrales, mais c’est aussi le cas de la plupart des pays d’Asie du Sud et du Sud-Est qui ont une croissance économique soutenue comme l’Inde, l’Indonésie et le Vietnam.
«Au Pakistan, le pays a mis en service 5 gigawatts (GW) de capacité de production d’électricité au charbon depuis 2017, et 5 GW supplémentaires devraient être mis en service au cours des prochaines années. Au Bangladesh, où le gaz naturel a longtemps généré la majeure partie de l’approvisionnement en électricité, le charbon gagnera des parts de marché dans les années à venir, avec 10 GW de capacité en préparation», constate l’AIE.
Illustration de cette utilisation grandissante: la part du continent asiatique dans la production mondiale d’électricité au charbon est passée d’un peu plus de 20% en 1990 à près de 80% en 2019. «Ce qui signifie que le sort du charbon est de plus en plus lié aux décisions prises dans les capitales asiatiques», indique le rapport. De plus, «les centrales électriques au charbon en Asie sont jeunes -12 ans en moyenne- ce qui fait qu’elles pourraient encore fonctionner pendant des décennies», explique le directeur exécutif de l’AIE, Fatih Birol.
Première source de production d’électricité dans le monde
Gros émetteur de gaz à effets de serre mais aussi source de pollution de l’air, cette énergie fossile est rejetée dans les pays développés même si aux Etats-Unis, en Allemagne ou en Pologne, elle assure encore une part importante de la production d’électricité. Mais elle se trouve dans ces pays concurrencée pour la production d’électricité par le gaz naturel et les renouvelables (éolien et solaire) dont les coûts baissent.
Ainsi, en Europe comme aux États-Unis, la production d’électricité au charbon a diminué jusu’à des niveaux jamais vus depuis des décennies. Elle est remplacée par les centrales au gaz naturel et les éoliennes et les panneaux solaires. Une évolution qui devrait se poursuivre. L’arrêt des quatre dernière centrales au charbon en France est programmé d’ici 2022 ou 2023 et plus significatif, les centrales au charbon allemandes fermeront d’ici 2035 ou 2038. En Allemagne, les centrales au charbon et au lignite ont encore représenté depuis le début de l’année 2019 près de 29% de la production électrique du pays.
Le charbon reste dans le monde la première source pour la génération d’électricité et compte pour plus de 40% des émissions de CO2 liées à l’énergie. Il est aussi utilisé massivement pour la production d’acier et de ciment. Si le charbon est toujours aussi privilégié dans les pays en développement, ce n’est pas parce qu’il est moins cher. Il ne l’est pas. Mais parce que c’est une énergie plus facile à mettre en oeuvre. Elle est facile à transporter, par bateau, par rail, par camion, et il est relativement facile d’opérer une centrale au charbon. Même le gaz est bien plus compliqué. Il faut des infrastructures lourdes, des gazoducs pour le transporter ou des terminaux portuaires spéciaux s’il est liquéfié.