<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> Douze pays européens appellent la Commission à soutenir enfin le développement des petits réacteurs nucléaires modulaires (SMR)

6 novembre 2023

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Douze pays européens appellent la Commission à soutenir enfin le développement des petits réacteurs nucléaires modulaires (SMR)

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Douze pays de l’Union Européenne ont demandé officiellement et publiquement à la Commission de soutenir le développement en Europe des petits réacteurs nucléaires modulables ou SMR. Une avancée technologique prometteuse qui permet d’accélérer le déploiement de l’énergie nucléaire et dans laquelle les Etats-Unis ont clairement pris de l’avance. Reste à savoir si les institutions européennes arriveront à surmonter leur hostilité historique à l’énergie nucléaire et à rendre la législation favorable aux SMR…

Le retour en grâce de l’énergie nucléaire au cours des dernières années s’est accompagné d’investissements de plus en plus importants dans des innovations technologiques allant des SMR (Small modular reactors), petits réacteurs modulables, à la fusion nucléaire en passant par des réacteurs au thorium et à neutrons rapides, dits de 4ème génération, permettant la surgénération.

Autant, la surgénération, le thorium, le refroidissement au sel fondu et plus encore la fusion ne pourront éventuellement déboucher sur des réacteurs opérationnels avant de très nombreuses années et vraisemblablement des décennies, autant des SMR semblent pouvoir être mis en service d’ici 2030. Et cela pour une raison relativement simple, la technologie de bon nombre de projets SMR existe déjà en grande partie et se retrouve, par exemple, dans les réacteurs qui équipent les sous-marins et les porte-avions nucléaires voire installée en Russie sur une barge.

« Alliance industrielle »

En matière de SMR, les Etats-Unis ont clairement pris de l’avance. L’Union Européenne et ses différentes institutions qui ont longtemps été hostiles, et le sont toujours, à l’énergie nucléaire sous toute ses formes, sous l’impulsion notamment de l’Allemagne, a besoin de rattraper son retard. C’est pourquoi douze Etats membres de l’Union dont la France, qui forment l’alliance pro-nucléaire créée au début de l’année, appellent dans une lettre commune la Commission à créer une alliance industrielle spécifique pour les petits réacteurs nucléaires modulaires dans une lettre commune publiée à la fin de la semaine dernière. « La France a été à l’initiative du courrier » a indiqué le cabinet de la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher.

Reste à savoir si les douze pays seront entendus par une technocratie bruxelloise qui en matière énergétique a multiplié les décisions contestables voire catastrophiques animées souvent par des considérations idéologiques, de communication politicienne ou sous l’influence de lobbys.

Accélérer le développement du nucléaire

En tout cas, dans leur lettre commune, la Bulgarie, la Croatie, la Finlande, la France, la Hongrie, les Pays-Bas, la Pologne, la République tchèque, la Roumanie, la Slovaquie, la Slovénie et la Suède demandent à la Commission européenne d’agir et de mettre sur pied une « alliance industrielle à l’échelle de l’UE » afin de « stimuler les investissements dans les capacités SMR européennes et le développement d’une chaîne de valeur européenne ». Cette alliance doit permettre de renforcer « notre souveraineté énergétique et la compétitivité de notre industrie ». Les pays signataires estiment que les SMR peuvent « être une solution pour la production d’une électricité sans énergie fossile dans les années 2030 », assurant que « l’énergie nucléaire pourrait fournir jusqu’à 150 gigawatts (GW) à l’UE d’ici 2050 », contre 100 GW aujourd’hui. Rappelons que l’énergie nucléaire est la plus décarbonée qui soit.

Pays hostiles au nucléaire

L’alliance des douze souligne que le soutien de la Commission est « nécessaire » pour « assurer que ces projets innovants bénéficient de la législation européenne existante et future ». C’est là où les choses risquent de se compliquer et de se heurter à la Commission et aux pays de l’Union hostiles au nucléaire… Le Forum européen de l’énergie nucléaire, qui se tient à Bratislava en Slovaquie les 6 et 7 novembre, doit en tout cas être « l’occasion de s’engager dans cette direction ».

Les avantages des SMR

Les SMR ont le vent en poupe car ils sont considérés comme une réponse possible aux problèmes presque systématiques de l’emballement des coûts de construction et de retards des grands projets de centrales nucléaires. La construction miniaturisée, modulaire et industrielle des SMR offre de réels avantages techniques et économiques. Le réacteur et tous ses composants clés sont construits en usine et assemblés ensuite à partir de pièces préconstruites transportées par camion. Un chantier de 8 à 15 ans sur un réacteur de grande taille peut, en théorie, être mené en 2 ans avec un SMR. Cela doit permettre de réduire fortement les prix du KWh produit. Et ils ont des composants de même qualité que les grandes centrales, les réacteurs, les turbines, etc… mais simplement plus petits.

La flexibilité des petits réacteurs (conçus à l’origine pour être mobiles et à usage militaire notamment dans les sous-marins) signifie aussi qu’ils peuvent cibler une plus grande variété d’utilisateurs allant de systèmes de chauffage urbain, d’équipements de production d’hydrogène ou d’utilisateurs industriels comme les aciéries et les cimenteries.

La France et son projet Nuward

Contrairement aux Etats-Unis, la France a tardé à se lancer dans les SMR. Il faut dire que l’innovation en matière de technologie nucléaire était systématiquement rejetée voire les projets démantelés par les gouvernements successifs. Néanmoins, il existe le projet français Nuward (Nuclear Forward) lancé en 2019 par un consortium regroupant EDF, le CEA, TechnicAtome et Naval Groupe. Il est désormais porté par une entreprise du même nom, détenue à 100% par EDF. Cette filiale d’EDF devrait travailler avec de nouveaux partenaires comme la société nucléaire belge Tractebel.

Le projet Nuward de réacteur de 170 MW s’incrit dans le cadre du plan France 2030 et a reçu 500 millions d’euros de subventions publiques. L’architecture de base du réacteur est désormais définie. Un dossier d’option de sûreté a êté déposé à l’ASN cet été. La technologie française intéresse plusieurs pays, comme la République tchèque, la Finlande, ou la Suède. Pour gagner du temps sur l’exportation du réacteur, des dossiers de certification seront soumis aux autorités de tchèque et finlandaise en même temps qu’aux autorités françaises.

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