Contrairement à la France, l’Allemagne a un plan pour construire une économie de l’hydrogène

5 mars 2020

Temps de lecture : 3 minutes
Photo : Nikola Motor Camion hydrogène
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Contrairement à la France, l’Allemagne a un plan pour construire une économie de l’hydrogène

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Le gouvernement allemand devrait annoncer très prochainement un grand plan sur dix ans pour créer une véritable économie de l'hydrogène. Son calcul est simple, dans les transports lourds, l'industrie et le chauffage, seul l'hydrogène offre une véritable possibilité de remplacer les carburants fossiles. Un raisonnement adopté par la Chine, le Japon, la Corée du sud, la Californie... mais pas par la France.

La Chine, la Corée du sud, le Japon, la Californie et maintenant l’Allemagne ont fait le choix de construire des filières économiques entièrement autour de l’hydrogène pour remplacer les carburants fossiles. La France, notamment par le biais de son réseau électrique RTE soutenu par la Commission de régulation de l’énergie, ne veut surtout pas en entendre parler… avant 2050. Une nouvelle erreur stratégique majeure.

Car l’Allemagne a décidé de ne plus perdre de temps. Elle multiplie les accords avec des industriels et des pays pour se garantir des ressources en hydrogène vert fabriqué avec des énergies renouvelables. Berlin considère que pour atteindre les objectifs de l’accord de Paris de 2015 pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, les éoliennes, les panneaux solaires et les voitures électriques seront très insuffisants. Comme le souligne l’Agence internationale de l’énergie (AIE), l’électricité ne représente qu’un cinquième de l’énergie consommée en Allemagne. Les énergies fossiles comptaient encore pour plus de 79% de la consommation annuelle d’énergie primaire du pays en 2018. La faute aux transports, à l’industrie, au chauffage et à la climatisation. Les choses ne sont pas très différentes en France concernant les mêmes activités.

Quatre ministères travaillent sur la stratégie économique, financière et politique

La solution pour réduire les émissions de gaz à effet de serre dans le transport, l’industrie et le chauffage passe avant tout par l’hydrogène. Techniquement, il n’y en a tout simplement pas vraiment d’autre. L’hydrogène peut notamment fournir à la fois l’énergie nécessaire à l’industrie lourde pour fabriquer de l’acier, du ciment et des engrais, aux transports lourds et sur longue distance et le moyen de stocker l’électricité renouvelable en excès fournie de façon aléatoire et intermittente par les éoliennes et les panneaux solaires.

Quatre ministères travaillent aujourd’hui à Berlin sur une stratégie économique, financière et politique pour substituer progressivement de l’hydrogène au pétrole, au gaz naturel  et au charbon. Un plan sera annoncé au cours de ce mois par le ministre de l’économie Peter Altmaier. Ce même ministre avait affirmé l’an dernier que l’ambition de l’Allemagne était de devenir le numéro un de l’hydrogène. La concurrence et la compétition ne viendront certainement pas de la France qui pourtant dispose dans le domaine de l’hydrogène de nombreuses entreprises compétitives et prometteuses…

La meilleure solution technologique accessible aujourd’hui

Comme l’explique à l’agence Bloomberg Fabian Huneke, un expert de Energy Brainpool:«l’hydrogène n’est pas une solution miracle, mais elle est la meilleure disponible aujourd’hui, notamment pour que l’industrie décarbonise sa production. Vous ne pouvez pas construire un système énergétique avec plus de 70% de renouvelables sans hydrogène».

Le plan du gouvernement allemand est non seulement ambitieux et à long terme, il est construit sur dix ans, mais il tient compte également du problème actuel de dépendance énergétique allemand. Une dépendance envers le pétrole et le gaz importés venant de l’Opep et de la Russie avec les conséquences économiques et politiques de cette situation.

Production nationale et importations

Ainsi, l’Allemagne entend diversifier très rapidement ses sources d’approvisionnement en hydrogène. Elle fabriquera elle-même, en le subventionnant massivement, l’hydrogène vert et entend aussi en importer. Dans ce dernier cas, elle entend multiplier les sources d’approvisionnement et vient par exemple de signer un accord avec le Nigéria pour construire une filière hydrogène dans 15 pays de l’ouest africain. Les importations permettront à l’Allemagne de s’assurer de pouvoir disposer en permanence de quantités suffisantes d’hydrogène vert pour alimenter ses besoins industriels et de transport. Ce qui est aujourd’hui le principal obstacle à la création d’économies de l’hydrogène. L’Allemagne pourrait importer jusqu’à 45 millions de tonnes d’hydrogène d’ici 2050.

Les nations africaines peuvent ainsi devenir une source importante d’hydrogène vert compte tenu de leur potentiel solaire et éolien permettant de fabriquer par électrolyse de grandes quantités d’hydrogène à des coûts compétitifs. L’Allemagne envisage également de conclure de tels accords dans d’autres régions du monde et avec d’autres pays comme l’Australie et l’Arabie Saoudite.

Les pays qui entendent prendre dans les prochaines années des positions importantes dans l’hydrogène comme le Japon et la Corée du sud ont aussi l’intention de conclure des accords pour délocaliser dans des zones géographiques plus favorables une partie de leur production d’hydrogène.

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