La transition vers des sources d’énergie émettant moins de gaz à effet de serre ne se fera pas sans le nucléaire. Telle est la conclusion sans appel de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), qui a publié le 28 mai son premier rapport sur ce sujet en vingt ans. Les énergies renouvelables qui sont par nature intermittentes ne suffiront pas à réduire suffisamment les émissions de CO2.
«Le développement de l’énergie électrique propre doit être trois fois plus rapide qu’il ne l’est aujourd’hui si l’on veut avoir une trajectoire conforme aux objectifs de développement durable.» Pour y parvenir, il est indispensable de s’appuyer sur le nucléaire dont la production doit «augmenter de 80% d’ici 2040», affirme l’AIE.
Et pourtant, le nucléaire «pourrait être bientôt sur le déclin à travers le monde» avec la fermeture de centrales vieillissantes, s’inquiète Fatih Birol, directeur exécutif de l’AIE «Si les gouvernements ne modifient pas leurs politiques actuelles, les économies avancées seront en chemin pour perdre les deux tiers de leur parc nucléaire, risquant une énorme augmentation des émissions de CO2», ajoute-t-il.
Le nucléaire représente aujourd’hui 10% de la fourniture d’électricité à travers le monde mais sa part est en baisse avec le vieillissement du parc et le faible nombre de projets de construction de nouveaux réacteurs. Seule la Chine fait le pari de l’investissement massif dans le nucléaire. Déjà numéro trois mondial du nucléaire avec 46 réacteurs en service, Pékin construit onze nouveaux réacteurs. Contrairement aux difficultés rencontrées en Finlande et plus encore à Flamanville, les EPR de nouvelle génération fonctionnent eux déjà à Taishan. Le premier est déjà entré en service et le deuxième le sera très rapidement.
L’AIE prône une extension de la vie des centrales existantes et le soutien à la construction de nouveaux réacteurs. Elle encourage aussi l’innovation, notamment sur les petits réacteurs modulaires (SMR), qui seraient plus faciles et moins chers à fabriquer et plus sûrs.