Il existe une plaisanterie répétée sans cesse sur l’hydrogène: cela fait 60 ans que ce carburant est présenté comme l’énergie de demain… Au début des années 1970, au moment des chocs pétroliers, le gouvernement français avait ainsi demandé à une armée de hauts fonctionnaires de préparer la transformation de l’économie française en une économie de l’hydrogène… Inutile de dire que le projet est resté dans des cartons.
Mais l’économie de l’hydrogène est peut être cette fois vraiment pour demain. Deux évènements presque simultanés militent dans ce sens. D’abord, pour la première fois, l’Agence Internationale de l’Energie (AIE) annonce l’arrivée massive du carburant hydrogène dans les prochaines années. Selon un rapport intitulé «L’Avenir de l’hydrogène» et publié le 14 juin, les gouvernements, les constructeurs automobiles et même les groupes pétroliers et gaziers n’ont pas le choix si ce n’est de prendre part au développement de l’hydrogène s’ils veulent réduire les émissions de gaz à effet de serre et continuer à fournir aux populations et à l’économie de l’électricité et des moyens de transports fiables et performants.
L’autre évènement important pour l’avenir de l’hydrogène est la décision prise par les pouvoirs publics chinois de construire une économie de l’hydrogène et de mettre les moyens nécessaires industriels et financiers pour y parvenir. Wan Gang, l’homme qui a convaincu le gouvernement chinois de parier sur le véhicule électrique à batteries, estime qu’il est temps maintenant de passer à l’étape suivante, la voiture à pile à combustible. Pour lui, le véhicule à hydrogène n’a pas encore pris son envol pour des questions de coûts et d’obstacles industriels et techniques. Mais la Chine va tout changer en en faisant une priorité nationale. La Chine a ainsi l’intention de tester l’hydrogène dans certaines régions en mettant en place un écosystème comprenant la production, le stockage, le transport, les stations pour recharger les véhicules et la production des véhicules.
Mais il ne faut pas sous estimer les obstacles qui subsistent, techniques notamment. Les méthodes de production existantes d’hydrogène sont polluantes et coûteuses, tout comme les piles à combustible pour véhicules à hydrogène. L’industrialisation de la production d’hydrogène propre reste encore à développer. En outre, le carburant est volatil et inflammable. Cela n’empêche pas l’AIE de ne pas avoir de doute sur le sens de l’histoire. «L’hydrogène n’a jamais bénéficié d’intérêts croisés et internationaux aussi importants, même en face des progrès récents et impressionnants des batteries et des renouvelables… Le niveau actuel d’intérêt a ouvert une réelle fenêtre d’opportunité pour les initiatives publiques et pour le secteur privé».
L’agence internationale préconise plusieurs stratégies pour assurer le développement de l’hydrogène:
-Un soutien à la recherche et au développement pour réduire les coûts et la création de véhicules financiers pour réduire le risque pour les investisseurs de départ.
-Se concentrer d’abord dans le développement de l’utilisation de l’hydrogène dans les ports industriels, où la production est aujourd’hui installée et également dans les flottes de transports sur des routes stratégiques.
-Lancer des routes commerciales internationales de l’hydrogène.
L’avantage immédiat de l’hydrogène est d’aider différents secteurs économiques à réduire leurs émissions de CO2, notamment le transport à longue distance et la sidérurgie qui n’ont pas vraiment d’autres solutions. L’hydrogène présente aussi l’avantage de permettre de produire de l’électricité, de la stocker et de la transporter sans lignes à haute tension.
«Le développement des énergies solaires et éoliennes a été initialement soutenu par les gouvernements et les politiques», écrit l’AIE. Les investissements dans ces domaines atteignent maintenant 124 milliards de dollars par an et pour l’essentiel proviennent du secteur privé. Dans le cas de l’hydrogène, il y a des arguments solides pour suivre la même approche», ajoute l’agence.