Transitions & Energies

Abandon de la voiture électrique, l’étude de McKinsey qui fait l’effet d’une bombe


Selon la version 2024 de l’étude du cabinet Mc Kinsey baptisée Mobility Consumer Pulse (le pouls du consommateur de mobilité), pas moins de 29% des utilisateurs de voitures électriques dans le monde envisagent d’abandonner cette technologie pour revenir au moteur thermique. Dans certains pays comme l’Australie (49%) et les Etats-Unis (46%), cela concerne près de la moitié des conducteurs de véhicules électriques, 28% en Chine et nettement moins en France (18%).

Le véhicule électrique est devenu un objet de controverse économique, technologique, social et plus encore politique. Au point qu’un peu partout en Europe, l’opposition à la transition à marches forcées imposée d’ici 2035 de la motorisation à combustion interne vers l’électrique à batteries ne cesse de grandir. Elle est devenue un argument électoral compte tenu à la fois de ses conséquences sociales et industrielles. A savoir, marginaliser et exclure les populations modestes dépendantes de l’automobile et mettre en danger la survie même de l’industrie automobile européenne.

Une étude qui tombe au mauvais moment

Le choc économique et la rupture technologique du fait de la transition rapide vers le véhicule électrique suscitent des inquiétudes en Europe mais aussi aux Etats-Unis et au Japon, du fait de la domination sans partage des constructeurs automobiles chinois et même de toute la filière industrielle chinoise qui va des batteries aux minéraux indispensables à leur fabrication. Ce qui vient de se traduire par l’imposition en Europe de droits de douane supplémentaires à partir du 4 juillet sur les véhicules électriques chinois importés.

Cela coïncide avec la publication de l’édition 2024 de l’étude du cabinet McKinsey baptisée Mobility Consumer Pulse (le pouls du consommateur de mobilité). Selon ses conclusions plutôt inquiétantes, pas moins de 29% des conducteurs de voitures électriques dans le monde envisagent aujourd’hui d’abandonner cette technologie pour revenir au moteur thermique. Dans certains pays comme l’Australie (49%) et les Etats-Unis (46%), cela concerne près de la moitié des utilisateurs de véhicules électriques, 28% en Chine et nettement moins en France (18%).

Cette étude fait écho au ralentissement sensible de la croissance des ventes de voitures électriques dans le monde, à l’exception notable de la Chine. Alors coup de mou après une croissance ininterrompue et la nécessité de convaincre aujourd’hui le cœur du marché ou résistance plus profonde et durable à cette technologie et aux changements d’usage qu’elle implique ?

Toujours les mêmes obstacles

Les barrières à l’adoption du véhicule électrique sont en fait toujours les mêmes. Selon l’étude, elles tiennent à 29% à l’angoisse de l’autonomie, à 46% au coût d’acquisition, à 60% au manque de connaissance de ce type de véhicule, à 29% à la possibilité ou non de recharger la batterie à domicile, à 55% au scepticisme sur la technologie et enfin à 14% au fait que les automobilistes sont des adeptes inconditionnels des moteurs thermiques.

Les raisons du rejet des véhicules électriques par leurs propriétaires sont assez similaires aux précédentes selon l’étude Mc Kinsey. A savoir, le manque d’infrastructures de recharge (35%), le coût d’acquisition et d’usage (34%), la difficulté d’adapter son usage à la recharge sur longue distance (32%), l’impossibilité de charger à domicile (24%), l’angoisse de l’autonomie (21%), les changements à apporter aux habitudes de mobilité (16%) et enfin la dissatisfaction avec l’expérience de conduite (15%).

Les acheteurs de véhicules électriques à batteries sont confrontés à une nouvelle contrainte qu’il leur faut apprendre à gérer : la nécessité de planifier les recharges, de surmonter « l’angoisse » de la recharge plus ou moins rationnelle et la difficulté parfois de faire face à des usages imprévus et urgents.

Coûts et autonomie

Du côté des coûts, l’équation est plus objective. Elle se résume au fait que le coût d’achat du véhicule et de l’installation éventuelle d’une borne à son domicile sont des obstacles significatifs. Les subventions et autres aides ne permettent pas toujours de les compenser et s’ajoute le problème du marché de l’occasion des voitures électriques qui reste embryonnaire et incertain à la vente comme à l’achat.

Enfin, reste la question de l’autonomie des véhicules 100% électriques en dépit des dénégations de ses partisans qui vantent de façon exagérée les progrès « permanents » des batteries et mettent en avant le kilométrage réel de quelques dizaines de kilomètres en moyenne effectué quotidiennement par les automobilistes. C’est une réalité indéniable. Mais cela ne retire rien au fait qu’il arrive aux mêmes automobilistes de vouloir parfois effectuer des centaines de kilomètres sur autoroute à grande vitesse (qui réduisent l’autonomie), utiliser leurs véhicules par grands froid et fortes chaleur (qui ont un impact non négligeable sur l’autonomie) ou même tracter une remorque ou une caravane (qui affectent également beaucoup l’autonomie).

La rédaction