Sans capture et stockage du CO2, les objectifs de réductions des émissions de gaz à effet de serre ne seront certainement pas atteints. Ceux qui le disent sont aussi bien l’Agence internationale de l’énergie (AIE) que le Giec. Mais faut-il encore développer des technologies efficaces, non dangereuses et économiquement viables.
Une publication dans la revue scientifique Science Advances en date du 8 mars montre qu’une percée a été effectuée sous la houlette du Professeur d’ingénierie chimique et biomoléculaire et d’ingénierie civile et environnementale Arup SenGupta. Il a dirigé l’étude menée conjointement par l’université Lehigh de Bethlehem aux États-Unis et le Georgia Tech Shenzhen Institute en Chine. Les chercheurs «ont développé un nouveau matériau absorbant capable de pomper plus de CO₂ atmosphérique que n’importe quel autre matériau déjà utilisé à cet effet», écrit New Scientist. Reposant sur l’ajout d’une «solution de cuivre aux solvants déjà utilisés dans la capture du CO₂, cette nouvelle technologie serait, selon les chercheurs, deux à trois fois plus performante que les actuelles».
La concentration de CO2 dans l’atmosphère est de 0,04%
Depuis des années, les technologies de capture du carbone se sont avant tout concentrées sur la capture à partie des sites d’émission, notamment industriels, avant que le carbone ne soit rejeté dans l’atmosphère. L’extraction du carbone dans l’atmosphère représente un défi bien plus grand puisque ce gaz à effet de serre n’y est présent qu’en quantités infimes. D’après l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA), la concentration de dioxyde de carbone dans l’atmosphère s’élève actuellement à 418,4 parties par million, soit 0,0418%. Cela signifie que les équipements pour capter du CO2 dans l’atmosphère sont extrêmement coûteux, récupérer une tonne de CO2 coûte des centaines de dollars.
Mais pour le Professeur SenGupta, le nouveau matériau pourrait rendre la technologie de capture de CO2 dans l’atmosphère bien plus efficace et économiquement viable, d’autant plus que les matériaux nécessaires à sa production sont facilement disponibles à faible coût.
Une fois capté, le dioxyde de carbone est transformé en bicarbonate de soude puis mélangé à de l’eau de mer et injecté dans l’océan. Il ne représenterait alors plus aucune menace pour l’environnement. Et pour raccourcir cette boucle de captage-séquestration, Arup SenGupta suggère d’implanter ce genre de dispositif en pleine mer. Ce qui pourrait permettre aux pays n’ayant pas de stockage terrestre à disposition de commencer à extraire du CO₂ de l’atmosphère.
Obstacles juridiques et impact sur les océans
Les océans «sont des choses presque infinies», explique SenGupta. «Si vous mettez tout le CO2 de l’atmosphère, émis chaque jour -ou chaque année- dans l’océan, l’augmentation de la concentration serait très, très mineure», ajoute-t-il
Cela dit, des recherches supplémentaires sont nécessaires pour comprendre comment le matériau se comporte à l’échelle industrielle après avoir absorbé et libéré du CO2 des centaines de fois. Il peut également y avoir des obstacles juridiques au rejet du bicarbonate de soude –qui peut être considéré comme un déchet industriel– dans l’océan. Et puis se pose la question d’éventuels impacts négatifs sur les océans, notamment de la toxicité pour la faune et la flore.