A lire, un entretien réalisé il y a deux ans avec Pierre Brossolet, le patron et fondateur du groupe Arverne, sur le potentiel géothermique en France.
La géothermie est une énergie renouvelable qui présente des atouts considérables… non intermittente, locale, décarbonée, mais a été longtemps négligée en France. Faute notamment de lobby pour la promouvoir auprès des politiques et des médias et faute de champion industriel national capable d’incarner et de soutenir la filière. Les choses sont pourtant en train de changer. Sous l’impulsion du Haut Commissaire au Plan, François Bayrou, adepte de longue date de la géothermie, le gouvernement par l’intermédiaire de la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher vient de présenter au début du mois un plan de développement ambitieux de cette énergie renouvelable.
Et coïncidence, quelques jours plus tard, un champion français de la géothermie voit le jour. Il s’agit du groupe Arverne, basé à Pau, spécialiste de la recherche et de l’exploitation du sous-sol, qui change de dimension après avoir annoncé la reprise auprès du Tribunal de commerce d’Agen (Lot-et-Garonne) de la société GéoRhin, ex-Fonroche.
Les errements de Fonroche
Fonroche était une entreprise spécialisée dans la géothermie qui n’a pas vraiment promu cette énergie en menant des opérations de forage profond en Alsace sans en avoir toute la maîtrise technique et sans respecter les cahiers des charges. Résultat, Fonroche avait provoqué une série de mini séismes et a vu ses licences d’exploration suspendues. Fonroche a du finir par déposer le bilan en février 2022. Le groupe Arverne a lui une toute autre expérience et un tout autre savoir-faire acquis depuis de nombreuses années dans l’exploration et l’analyse du sous-sol qui a rassuré le tribunal de commerce comme les pouvoirs publics.
«Le modèle de production de chaleur géothermale d’Arverne à destination des industriels, des réseaux urbains ou du bâtiment s’adosse à l’expertise géosciences et opérationnelle de haut niveau de ses équipes, et à Arverne Drilling, sa société de forage dont les références en géothermie en France sont les plus nombreuses. Arverne renforce également sa présence en Alsace du Nord à travers le Permis de Strasbourg qui complète ceux de sa filiale Lithium de France» explique Pierre Brossollet, fondateur et CEO du groupe Arverne.
A l’issue de l’opération, Arverne possèdera six titres miniers valides et quatre permis exclusifs de recherche en cours d’instruction situés dans trois régions différentes (Nouvelle Aquitaine, Auvergne Rhône Alpes et Grand Est), soit plus de 2.000 km2 sur lesquels des travaux ont été ou seront engagés prochainement.
Arverne dans la géothermie profonde et de surface et dans l’exploitation du lithium
Et il ne s’agit que de la dernière étape du développement d’Arverne qui s’est déjà doté d’un outil performant de forage, Arverne Drilling, acheté à Vinci, et de Lithiums de France, basé à Strasbourg et spécialisé comme son nom l’indique dans l’exploitation de ce métal stratégique. Elle devrait être suivie d’autres opérations, notamment financières, permettant à la société d’avoir les moyens de ses grandes ambitions. Car le groupe Arverne entend mener à la fois des opérations de géothermie de surface, des opérations de géothermie profonde et exploiter le lithium qui se trouve en abondance dans les eaux géothermales du bassin rhénan.
Le lithium alsacien suscite d’ailleurs de nombreuses convoitises. Il y a quelques semaines le groupe minier Eramet et Electricité de Strasbourg, une filiale d’EDF, ont signé un protocole d’accord avec pour objectif d’extraire du sous-sol alsacien 10.000 tonnes par an de carbonate de lithium.
La géothermie se développe dans toute l’Europe
Quant à la géothermie, c’est maintenant toute l’Europe qui entend profiter de cette source d’énergie renouvelable, bas carbone, non intermittente et locale. En Allemagne, à la fin de l’année dernière, le gouvernement a publié une feuille de route, intégrant l’objectif très ambitieux d’une production annuelle de 10 Twh de chaleur par géothermie d’ici 2030, soit dix fois plus qu’actuellement. Berlin compte lancer «au moins 100 nouveaux projets géothermiques» dans le pays.
En Hongrie, le gouvernement de Victor Orban a publié un décret en octobre dernier pour élargir l’utilisation de cette énergie. L’Italie va annoncer «dans les prochaines semaines» un plan de soutien public à la géothermie. Et au Danemark, la plus grande centrale de géothermie du pays devrait ouvrir en 2030 à Aarhus pour fournir au moins 20% du chauffage urbain de la ville.