En dépit des multiples demandes contradictoires et contraintes politiques, économiques et financières que lui ont infligées les gouvernements depuis deux décennies, EDF veut prouver que l’entreprise publique a de la ressource et peut faire face à une situation difficile. L’énergéticien public s’est fixé comme objectif d’avoir la quasi-totalité de son parc nucléaire en service d’ici la fin de l’année, soit 51 réacteurs sur 56. Et d’avoir la totalité des réacteurs opérationnels d’ici la fin du mois de février prochain. La production d’électricité nucléaire est aujourd’hui en France à son plus bas niveau depuis 1993 à moins de la moitié de son potentiel de 61,4 gigawatts.
Reste que l’engagement de l’électricien semble presque impossible à tenir avec au jour d’aujourd’hui 32 réacteurs à l’arrêt pour des opérations de maintenance courantes, dont le calendrier a été bouleversé par la pandémie, et aussi après la découverte sur des réacteurs des deux dernières séries entrées en service (celles d’une puissance de 1.450 MW et de 1.300 MW) de problèmes de corrosion sur des canalisations de sécurité essentielles.
Précisément, sur les 32 réacteurs à l’arrêt, 18 le sont pour des raisons de maintenance classique, qui a pris beaucoup de retard, 12 du fait de la découverte depuis octobre 2021 de problèmes de corrosion et 2 pour des raisons dites d’économie/optimisation de combustible. Pour se donner encore plus d’assurance d’avoir son parc nucléaire opérationnel en janvier et février prochain, considérés comme les mois les plus à risque pour l’équilibre du système électrique français et européen, EDF a ainsi volontairement retardé le démarrage de deux réacteurs, afin de ne pas avoir à procéder en plein hiver à la recharge de combustible qui nécessiterait évidemment leur arrêt.
SI d’autres problèmes ne sont pas détectés
Les problèmes les plus sérieux sont évidemment ceux liés à la corrosion. Ils ont été détectés ou sont soupçonnés au niveau de soudures des coudes des tuyauteries d’injection de sécurité du circuit primaire qui permettent de refroidir le réacteur en cas d’accident. Cette corrosion dite «sous contrainte» se traduit par la présence de petites fissures. L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a validé fin juillet la stratégie d’EDF pour faire face à ses problèmes. EDF prévoit de contrôler l’ensemble de ses réacteurs d’ici à 2025 par ultrasons pour rechercher d’éventuelles traces de corrosion. EDF indiquait alors que le calendrier des contrôles «s’inscrit dans le cadre des arrêts déjà programmés sur les années 2022 à 2025».
Si d’autres problèmes ne sont pas détectés, EDF annonce qu’au 25 décembre, 28 réacteurs devraient être remis en service et les 5 autres le seront d’ici février 2023. Les remises en service démarrent selon le calendrier d’EDF dès le mois de septembre pour 12 réacteurs. En octobre, 4 réacteurs, puis 7 en novembre devraient suivre, 4 en décembre, 3 en janvier et 2 en février. Cela devrait permettre alors à la France de ne plus devoir importer de l’électricité, ce qu’elle fait depuis des mois.
Voici la liste des réacteurs concernés avec le jour de leur remise en service et la raison de leurs arrêts.
Redémarrage en septembre 2022
Blayais 3 : maintenance courante 03/09/2022
Cruas 4 : maintenance courante 03/09/2022
Gravelines 2 : maintenance courante 05/09/2022
Gravelines 4 : maintenance courante 03/09/2022
Gravelines 5 : maintenance courante 09/09/2022
Paluel 2 : maintenance courante 07/09/2022
Dampierre 1 : arrêt pour économie/optimisation de combustible 17/09/2022
Bugey 2 : maintenance courante 21/09/2022
Saint-Laurent 1 : maintenance courante 28/09/2022
Gravelines 3 : maintenance courante 29/09/2022
Cruas 3 : maintenance courante 30/09/2022
Bugey 4 : maintenance et contrôle corrosion 30/09/2022
Redémarrage en octobre 2022
Flamanville 2 : maintenance et contrôle corrosion 09/10/2022
Dampierre 2 : maintenance courante 15/10/2022
Saint-Alban 2 : maintenance courante 19/10/2022
Tricastin 3 : maintenance courante 24/10/2022
Redémarrage en novembre 2022
Cattenom 1 : maintenance et contrôle corrosion 01/11/2022
Chooz 1 : maintenance et contrôle corrosion 13/11/2022
Cattenom 4 : maintenance et contrôle corrosion 14/11/2022
Belleville 2 : maintenance courante 16/11/2022
Tricastin 4 : maintenance courante 17/11/2022
Chinon B3 : contrôle Corrosion 20/11/2022
Penly 2 : maintenance courante 23/11/2022
Redémarrage en décembre 2022
Saint-Laurent 2 : arrêt pour économie/optimisation de combustible 1/12/2022
Chooz 2 : maintenance et contrôle corrosion 11/12/2022
Cattenom 3 : contrôle corrosion 11/12/2022
Flamanville 1 : maintenance et contrôle corrosion 25/12/2022
Redémarrage en janvier 2023
Civaux 1 : maintenance et contrôle corrosion 08/01/2023
Civaux 2 : maintenance et contrôle corrosion 14/01/2023
Penly 1 : maintenance et contrôle corrosion 23/01/2023 •
Redémarrage en février 2023
Blayais 1 : maintenance courante 01/02/2023
Golfech 1 : maintenance et contrôle corrosion 18/02/2023