Dans le domaine industriel et financier, la transition énergétique est devenue le bal des hypocrites. D’un côté, il y a la communication et les discours sur le verdissement des stratégies et des investissements, les normes et exigences des institutions européennes et des gouvernements, et de l’autre la réalité du monde énergétique qui fait qu’il est impossible de renoncer en quelques décennies, aux énergies fossiles. Elles sont indispensables… à la transition. Et cela pour deux raisons. La première est que la production, le transport et l’installation des équipements indispensables à cette transition, panneaux solaires, batteries, éoliennes, électrolyseurs, pile à combustibles… ne peut pas se faire sans carburants fossiles. La seconde est plus sociale et politique. Si les prix des énergies fossiles, qui représentent aujourd’hui 80% de l’énergie primaire consommée dans le monde, continuent à s’envoler, il sera encore plus difficile de les taxer pour financer la transition.
Une opération de communication à moindre frais
Les militants, les dirigeants politiques, les financiers ne savent pas comment fonctionne le monde réel. Il ne peut se passer, par exemple, de ciment, de fer, de plastique et d’ammoniac… qui sont fabriqués avec des énergies fossiles. Sinon, plus de construction et d’infrastructures, plus de moyens de transport, plus de produits médicaux, plus d’engrais…
Le Pdg de TotalEnergies, Patrick Pouyanné, s’en est pris directement aux actionnaires qui se sont offert une campagne de communication à peu de frais mettant en avant leurs vertus écologiques à son détriment et à celui de la société qu’il dirige. Car leur opposition à la politique climatique de TotalEnergies n’a aucun impact, ce qui était évident depuis le début. Des mots. Patrick Pouyanné a aindi dénoncé «un côté Tartuffe» et le «marketing« de certains actionnaires institutionnels qui ont récemment voté contre la stratégie climatique du géant pétrolier et gazier, lors d’une assemblée générale mouvementée.
«Je veux bien qu’on donne beaucoup de bruit à quelques institutionnels français qui ne sont pas contents mais qui gardent leurs actions, voire qui les augmentent», a-t-il déclaré dans un entretien sur BFM Business. «Il y a un côté Tartuffe dans cette affaire», a jugé Patrick Pouyanné, un peu moins d’une semaine après une assemblée générale des actionnaires sous haute tension.
Des violences et du cinéma
La réunion avait débuté la semaine dernière avec des actionnaires bloqués à l’extérieur par des manifestants et s’était finalement traduite par un large vote (89%) en faveur de la stratégie climat du groupe, malgré l’opposition d’une minorité d’investisseurs (les assurances du Crédit Mutuel, Edmond de Rothschild, La Financière de l’Échiquier, le fonds néerlandais MN…).
Patrick Pouyanné a brocardé des actionnaires «qui font un peu de marketing sur notre dos, de TotalEnergies, ce qui me met un peu en colère… Ils sont sans doute plus pilotés par le marketing de leurs actions que par l’urgence climatique», a-t-il jugé.
«On leur donne beaucoup de poids mais ce que j’observe c’est qu’à la fin 89% des actionnaires ont soutenu notre plan», a poursuivi Patrick Pouyanné. «Je condamne l’ensemble des violences qui ont eu lieu dans les deux sens», a-t-il également ajouté au sujet des échanges parfois tendus entre actionnaires bloqués et manifestants à l’entrée de l’AG. La séance s’était finalement tenue à huis clos et en ligne.
Patrick Pouyanné a par ailleurs annoncé «une belle annonce de TotalEnergies dans l’hydrogène… dans les prochaines semaines. Quand TotalEnergies fait quelque chose, ce n’est pas en petit».