<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> Développement de l’éolien en France : le retour du «en même temps»

30 mai 2022

Temps de lecture : 3 minutes
Photo : Eoliennes Wikimedia
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Développement de l’éolien en France : le retour du «en même temps»

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La nouvelle ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, ne veut pas commettre les mêmes erreurs que Barbara Pompili à qui elle a succédé. Le passage en force pour l'installation de nouveaux parcs éoliens ne fonctionne pas. Au contraire, il radicalise les oppositions. La ministre a donc acté la nécessité de réduire le rythme programmé d'installation des éoliennes, notamment terrestres.

Le déploiement des parcs éoliens en France est devenu un sujet de controverses politiques et de fractures territoriales. Il oppose schématiquement, la France de droite à la France de gauche et la France des métropoles à la France des territoires. Faire de la question des éoliennes et de l’implantation des parcs une question de principe est absurde tout comme l’opposition frontale entre partisans et adversaires. Pour une simple raison.

Les conditions de vent, les paysages, les nuisances, les environnements, les coûts d’installation et d’exploitation, les performances des équipements terrestres et marins, leur densité… sont très différents selon les projets et les régions. Cela signifie que dans certaines conditions, les parcs éoliens présentent des avantages certains et dans d’autres cas, ils ne devraient tout simplement pas exister.

Un rythme que la «société est prête à accepter»

Le passage en force, comme ceux tentés par l’ancienne ministre de la Transition écologique Barbara Pompili, avec les parcs éoliens marins de Saint-Brieuc et de Dunkerque, ont tourné au fiasco. Il faut dire que dans un cas comme dans l’autre les projets ont été bâclés. Dans le premier cas, le sol de granit rend très difficile techniquement l’installation des plateformes et dans le second, entrer dans un conflit avec la Belgique voisine sur le lieu du parc est invraisemblable. Sous l’impulsion de Barbara Pompili, son ministère avait même multiplié les contrevérités, les raisonnements contestables et les contradictions pour imposer les projets éoliens. Une méthode particulièrement inefficace.

Du coup, et à quelques  jours de l’élection législative, la nouvelle ministre de la Transition écologique renoue avec le «en même temps» cher au Président de la République. Elle a ainsi déclaré que le déploiement de l’énergie éolienne se fera à un rythme que la «société est prête à accepter».

«Il ne faut pas se raconter des histoires en disant la société française est prête à déployer (l’éolien) deux fois, trois fois plus vite», a jugé Agnès Pannier-Runacher dans cet entretien réalisé à la fin de la semaine dernière à Berlin à l’occasion de son premier déplacement à l’étranger pour une réunion des ministres de l’Énergie et du Climat du G7. «Nous devons continuer le déploiement au même rythme qu’aujourd’hui, c’est à dire un rythme qui correspond manifestement à ce que la société française est prête à accepter».

La France ne veut pas du modèle allemand

Face à la montée des oppositions et en pleine campagne présidentielle, le président de la République Emmanuel Macron avait revu à la baisse en février les ambitions de la France en matière de développement des éoliennes terrestres. L’objectif du gouvernement est désormais de multiplier par deux la capacité actuelle en 30 ans, plutôt qu’en 10 ans comme prévu jusqu’alors.

L’écart avec l’Allemagne dans ce domaine devrait donc croître car Berlin a placé le développement des éoliennes parmi ses priorités. Le gouvernement s’est ainsi fixé objectif de consacrer jusqu’à 2% de son territoire à cette source d’énergie. Mais entre le discours et la réalité, il risque d’y avoir beaucoup de différences. La stratégie énergétique allemande se trouve aujourd’hui dans une impasse. L’Allemagne a renoncé au nucléaire et est dépendante, compte tenu de l’intermittence des  renouvelables éoliens et solaires, des centrales thermiques au charbon et à gaz, un gaz notamment importé de Russie. Berlin veut donc continuer à augmenter la part de l’éolien et du solaire dans la production électrique, même si cela devient de plus en plus difficile. Cela dépend de la météorologie, qui a été défavorable en 2021, et cela dépend du degré d’acceptation de nouveaux parcs des populations. Et les oppositions locales à l’installation des éoliennes sont devenues tout aussi farouches et efficaces qu’en France.

Pour revenir en France; la ministre a expliqué «qu’il n’y a pas un seul sentier de décarbonation», en clair que le modèle allemand n’est pas celui de la France. Ella a aussi souligné la volonté du gouvernement de «développer l’éolien en mer et le solaire». Mme Pannier-Runacher a aussi défendu la nécessité d’une «simplification administrative» pour accélérer les projets d’éoliennes, qu’ils soient en mer ou sur terre. «Le retard qu’on a sur le déploiement des énergies renouvelables est lié à des problèmes de procédures et des problèmes de contentieux», a-t-elle admis.

En 2020, la France a accru ses capacités de production éoliennes de 8%, avec 1,3 gigawatt (GW) supplémentaires et 477 nouvelles éoliennes, portant la totalité de la puissance installée théorique du parc à 18 GW, selon France énergie éolienne (FEE). L’éolien a assuré 7,9% de la production électrique nationale (6,3% en 2019), ce qui en fait la 3ème source très loin derrière le nucléaire (environ 70%) et l’hydroélectricité.

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