<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> Pour la Cour des comptes, la politique du gouvernement en matière de biocarburants est aberrante

29 décembre 2021

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Photo : Usine Production Biogaz Wremen Allemagne Wikimedia Commons
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Pour la Cour des comptes, la politique du gouvernement en matière de biocarburants est aberrante

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Le développement des biocarburants est subventionné et encouragé en France depuis 17 ans maintenant. Pour des résultats, très contestables. La Cour des comptes souligne que l'impact sur les émissions de gaz à effet de serre est très limité. Que cette politique pèse sur la balance commerciale et bénéficie surtout à l'agro-industrie, pas vraiment aux agriculteurs. Il faut tout changer et faire porter les efforts sur les biocarburants dits avancés (produits avec des matériaux qui ne sont pas destinés à l'alimentation humaine).

La stratégie de l’Etat en matière de biocarburants n’a aucun sens. Tel est en substance le message du rapport rendu la semaine dernière par la Cour des comptes. Aujourd’hui, la contribution des biocarburants à la réduction des gaz à effet de serre est très limitée. Ils pèsent sur la balance commerciale et bénéficient bien plus à l’agro-industrie qu’aux agriculteurs. En outre, les incitations au développement des biocarburants dit «avancés» (produits à partir de matière première non destinée à l’alimentation humaine) restent «insuffisantes», affirme la Cour.

Des réductions fiscales «appliquées sans aucune rationalité»

La France encourage et subventionne maintenant depuis 17 ans l’incorporation croissante de biocarburants dans les carburants fossiles, routiers en particulier. Le taux d’énergie renouvelable dans les transports a ainsi atteint 9,25% en 2019, un niveau «comparativement élevé» au sein de l’Union Européenne, relève la Cour des Comptes. Mais pour quels résultats?

Les biocarburants dits «conventionnels» (produits à partir de biomasse destinée à la consommation alimentaire, avec laquelle ils entrent en concurrence) affichent un bilan environnemental mitigé. Ils ont permis une réduction des émissions de gaz à effet de serre de seulement 4,5% par rapport aux carburants uniquement fossiles. De plus, les réductions fiscales sont «appliquées sans aucune rationalité à certains d’entre eux, et sans tenir compte des surcoûts de production imputables aux biocarburants incorporés», ajoute le rapport.

Des efforts de recherche qui baissent

Enfin, ces productions conventionnelles plafonnent depuis une dizaine d’années et le solde commercial, déficitaire depuis 2016, continue à se creuser (472 millions d’euros en 2019), pointe la Cour, qui relève «des bénéfices plus limités pour les agriculteurs que pour les agro-industriels».

Pour les magistrats, il est maintenant «nécessaire de préciser la stratégie poursuivie, en anticipant tant la baisse de consommation de biocarburants conventionnels -qui résultera de l’interdiction des véhicules thermiques neufs- que la hausse potentielle des besoins en biocarburants avancés», notamment dans l’aviation. La production de ces nouveaux carburants à base de résidus lignocellulosiques, issus des principaux composants du bois, commence juste à se développer dans le monde. La France en est au stade de démonstrateurs et les efforts de recherche sont en baisse…

Dans cette catégorie dite avancée, seuls les biocarburants produits à partir de résidus viniques, d’huiles usagées et de graisses animales font l’objet d’une production industrielle, mais ces matières premières sont une ressource limitée. La France dispose en revanche de matières pouvant constituer des biocarburants de deuxième, voire troisième générations (paille, résidus de bois, algues, etc.). Leur déploiement «nécessite cependant un effort de recherche et développement, ainsi que des investissements d’industrialisation substantiels, qui ont besoin de visibilité sur la trajectoire de transition», souligne le rapport.

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