L’ouragan qui a frappé la Louisiane à la fin du mois d’août et plus particulièrement la Nouvelle Orléans en a apporté une fois encore la preuve. L’usage des véhicules électriques, plus limité et plus contraignant que celui des véhicules à moteur thermique, les rend quasiment inutilisables dans les périodes de catastrophes naturelles et même de météorologie extrême. Pour un usage plus courant, mais néanmoins très spécifique, la police britannique en a déjà fait l’amère expérience avec sa flotte de véhicules électriques. Les commissariats qui se sont fait imposer ce type de véhicules ont renoncé à les utiliser pour les patrouilles, par définition incertaines. On ne parle même pas des poursuites.
Si les équipes de secours et de sauvetages en Louisiane avaient dû recharger leurs véhicules dans un Etat privé de courant, elles en auraient été incapables, sans parler des particuliers eux-aussi cloués sur place. Le 5 septembre, une semaine après le passage de l’ouragan Ida, 640.000 foyers étaient encore privés d’électricité en Louisiane. Et il faudra des semaines pour qu’ils soient de nouveau alimentés. Les véhicules à moteur thermique essence et diesel restent indispensables à de nombreuses tâches notamment les secours et interventions d’urgence. C’est ce que souligne dans le magazine Forbes, Diana Furchtgott-Roth, professeure d’économie des transports à l’Université George Washington et ancienne fonctionnaire du Département américain des transports.
Les éoliennes et les panneaux solaires sont aussi très vulnérables
Le constat est dans une certaine mesure similaire pour la production d’électricité renouvelable. Les panneaux solaires et les éoliennes sont plus vulnérables aux évènements météorologiques extrêmes que les centrales classiques. Le black-out au Texas en février dernier à la suite de tempêtes de neige et de froid extrême l’avait déjà montré.
Les pouvoirs publics se trouvent face à des contradictions difficiles à surmonter. Pour limiter les émissions de gaz à effet de serre et le dérèglement climatique, ils doivent promouvoir les véhicules électriques et la production d’électricité solaire et éolienne. Mais pour faire face aux épisodes climatiques extrêmes, il vaut mieux compter sur des véhicules à moteur thermique et des centrales classiques mieux protégées. Cela est vrai aux Etats-Unis, dont de nombreux Etats sont victimes depuis des décennies d’ouragans, de froids polaires, de précipitations diluviennes, de gigantesques incendies… Mais l’Europe n’est pas à l’abri comme les inondations en Allemagne et en Belgique de juillet ont pu le montrer ou les incendies majeurs cet été dans de nombreux pays du sud, notamment la Grèce, le Portugal, l’Espagne et la France.
On peut ajouter à ce constat les prévisions alarmantes faites par plusieurs institutions et organismes officiels comme l’Agence Internationale de l’Energie ou France Stratégie à la fois sur les risques grandissants de pénuries d’électricité en Europe et de black-out lors des prochaines années et sur l’affaiblissement de la solidité des réseaux électriques interconnectés. Dans les deux cas, il s’agit de conséquences de la part grandissante de productions d’électricité renouvelables, éoliennes et solaires, par nature intermittentes. A cause d’un incident sur son réseau interconnecté, l’Europe a frôlé au début de l’année, le 8 janvier, un black-out massif. Même si le risque a été ensuite minimisé, cela doit servir d’avertissement. Le 8 janvier, RTE a tout de même interrompu en urgence la fourniture de courant à 16 grands sites industriels…