<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> Le bitcoin consomme 0,5% de l’électricité mondiale!

6 mai 2021

Temps de lecture : 3 minutes
Photo : Bitcoin wikimedia commons
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Le bitcoin consomme 0,5% de l’électricité mondiale!

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Le bitcoin, la première crypto monnaie ou monnaie virtuelle échappant au contrôle des Etats, connait un succès planétaire ahurissant. Elle est devenue à la fois une valeur refuge et un objet de spéculation effrénée. Le problème est que par construction la sécurisation et la fabrication des bitcoins nécessitent l'utilisation d'une puissance informatique considérable et une consommation d'électricité démesurée. Elle représente aujourd'hui autant que celle d'un pays comme la Suède et augmente de façon presque exponentielle. Est-il bien nécessaire de répandre ainsi des dizaines de tonnes de gaz à effet de serre dans l'atmosphère pour assurer l'existence de crypto monnaies? L'État de New York pense que non et a présenté il y a quelques jours un projet de loi visant tout simplement à suspendre l'exploitation des crypto monnaies.

Le bitcoin, cette crypto monnaie ou monnaie virtuelle créée il y a 13 ans en 2008 par une personne ou un groupe de personne qui se cachaient sous le pseudonyme de Satoshi Nakamoto, a remporté un succès planétaire inattendue et impressionnant… au grand dam de nombreux Etats. Elle a bénéficié au fil des années à la fois de la défiance grandissante envers les monnaies officielles dévaluées par des politiques monétaires expansionnistes sans limites et d’une spéculation devenue massive. Le bitcoin est ainsi aujourd’hui plus une valeur refuge qu’un moyen de paiement.

Bitcoin est de loin la plus importante monnaie cryptographique décentralisée avec une capitalisation évaluée à 545 milliards de dollars au 1er janvier 2021. Le système fonctionne sur le principe de la blockchain sans autorité centrale, ni administrateur unique. Il est géré de manière décentralisée grâce au consensus de l’ensemble des nœuds du réseau.

140 TWh par an

Le problème avec le bitcoin est que son existence et son développement même nécessitent la mobilisation permanente d’une puissance informatique considérable et se traduit par une consommation d’énergie démesurée comme plusieurs études récentes le montre. Au point que l’État de New York a présenté il y a quelques jours un projet de loi visant à suspendre l’exploitation des crypto monnaies pendant les trois prochaines années pour évaluer leur impact environnemental.

Il faut dire que les niveaux de consommation d’électricité atteints sont ahurissants. Une étude chinoise publiée il y a quelque semaines dans la très respectée revue Nature conclut que le coût en électricité du «minage» du bitcoin –des calculs informatiques qui permettent de sécuriser la monnaie virtuelle– pourraient empêcher la Chine d’atteindre ses objectifs climatiques. Les auteurs du rapport estiment qu’en 2024 les émissions de carbone annuelles liées aux activités de «minage» de bitcoins en Chine pourraient atteindre cent trente millions de tonnes. Cela représenterait environ une consommation électrique annuelle de 296,59 térawattheures (TWh). Pour donner un ordre d’idée, la France a consommé en 2019 un peu plus de 538 TWh.

Un programme mené par l’Université de Cambridge estime que le bitcoin consomme actuellement plus de 140 TWh par an, l’équivalent de la production électrique de la Suède ou de 0,5% de la consommation mondiale! «L’énergie utilisée par le bitcoin pourrait alimenter toutes les bouilloires utilisées au Royaume-Uni pendant 27 ans», résume Michel Rauchs, un des chercheurs travaillant sur le Cambridge bitcoin electricity consumption index.

Un million d’ordinateurs puissants

Le problème du bitcoin est que la sécurité de la crypto monnaie doit être permanente ce qui signifie une mobilisation tout aussi permanente des «mineurs». La base de sa technologie est un registre distribué sur de nombreux ordinateurs à travers toute la planète qui stocke les transactions dans un format chiffré, des «blocs». Une nouvelle transaction pour être ajoutée à la chaîne doit être validée à l’aide de techniques cryptographiques complexes, ce qu’on appelle le «minage». Comme il n’y a pas d’organe centralisé de contrôle et de répartition des tâches, les mineurs sont en compétition pour valider les blocs et percevoir alors une rémunération en bitcoins…

Ils reçoivent toutes les 10 minutes un problème mathématique complexe à résoudre. Le premier à finaliser le calcul empoche 6,25 nouveaux bitcoins. La valeur d’un bitcoin est aujourd’hui de l’ordre de 60.000 dollars… Selon les analystes de l’agence Bloomberg, elle pourrait atteindre rapidement 400.000 dollars tant la demande et la spéculation sont fortes et inférieures à l’offre. C’est d’ailleurs pourquoi la valeur du bitcoin a déjà été multipliée par 5 depuis un an.

Cette explosion de la valeur et de l’intérêt pour le bitcoin se traduit par une mobilisation toujours plus grande de mineurs, de puissance informatique et de serveurs et donc une consommation d’électricité qui augmente de façon exponentielle. Au point d’être devenue aujourd’hui tout à la fois dangereuse et absurde. Elle mobilise pas moins d’un million d’ordinateurs puissants dans le monde…

Cela se traduit par des émissions considérables de gaz à effet de serre pour une activité dont l’utilité est questionnable. Les défenseurs de la blockchain affirment qu’elle n’utilise que de l’énergie renouvelable, mais l’étude de l’université de Cambridge montre que deux tiers de l’énergie consommée est d’origine fossile. De fait, plus de 50% des mineurs sont en Chine et utilisent donc de l’électricité provenant massivement de centrales à charbon.

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