Après avoir atteint des plus hauts à la mi-mai, les cours du pétrole ont fortement baissé en l’espace de trois semaines. Le recul, assez inattendu, est de l’ordre de 20% avec un prix du baril revenu autour de 60 dollars. Une fois encore les experts, qui annonçaient une envolée des cours du baril au-delà des 100 dollars, se sont lourdement trompés… En dépit des risques de conflit dans le Golfe persique, des chutes de production du Venezuela, de la Libye et de l’Iran, et du pétrole contaminé des pipelines russes, les cours du brut ont été surtout affectés par le ralentissement économique mondial et le conflit commercial entre les Etats-Unis et la Chine.
Conséquence pratique, une légère baisse des prix des carburants à la pompe, même si la matière première représente une petit fraction du prix affiché. Le recul reste modeste, mais il a le mérite d’exister. Le prix du litre du gazole est tout de même revenu en moyenne en France de 1,48 euro au début du mois de mai à 1,44 euro au début du mois de juin et de celui de l’essence SP95 de 1,58 euro début mai à 1,56 début juin.
Est-ce que cela peut durer? Rien n’est moins sûr. L’OPEP et plus particulièrement l’Arabie Saoudite tentent de faire remonter les cours qui sont repartis un peu à la hausse au cours des derniers jours autour de 63 dollars le baril. Mais l’OPEP n’est plus ce qu’elle était…
A en croire les experts, l’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole va devoir encore réduire sa production si elle veut tenter d’éviter une poursuite de la baisse des cours et faire face à un recul potentiel de la demande avec le ralentissement général de l’activité économique. Selon l’OCDE, les tensions commerciales ont déjà réduit la croissance mondiale de 1%. Ces prévisions de croissance planétaire sont de 3,2% cette année contre 3,9% en 2018.
L’agence Bloomberg souligne dans une analyse que si les producteurs doivent réduire leurs ventes, cela s’annonce compliqué, notamment entre l’Arabie Saoudite et la Russie. Les deux pays ont besoin des recettes pétrolières pour nourrir leurs populations et pour soutenir leurs ambitions géopolitiques. Mais la Russie peut se satisfaire d’un baril entre 60 et 65 dollars, pas l’Arabie Saoudite.
Illustration du grand marchandage en cours entre Moscou et Ryad, l’Arabie Saoudite se propose de participer au financement de dizaines de milliards de dollars de projets d’infrastructures énergétiques en Russie dans la pétrochimie et le gaz de pétrole liquéfié. Les promesses financières sont une vieille arme des dirigeants saoudiens.
Les baisses de production des pays de l’OPEP et des pays associés, la Russie n’en fait pas parti, ont été décidées à la fin de l’année 2016 pour stabiliser les prix. Il s’agissait d’éliminer la surproduction. Mais en juin 2019, la surproduction existe toujours en dépit d’une augmentation de la consommation de pétrole de 1,4% en moyenne par an entre 2017 et 2019 selon l’Agence Internationale de l’Energie. Et aujourd’hui la demande de pétrole n’augmente plus.
Illustration, les stocks de pétrole des Etats-Unis ont augmenté de plus de 22 millions de barils à la fin du mois de mai, la plus forte augmentation d’une semaine à l’autre depuis 30 ans. Par ailleurs, la consommation de pétrole aux Etats-Unis a baissé sur trois des cinq premiers mois de l’année.
Cela signifie que les producteurs de l’OPEP et leurs alliés devront encore se restreindre un peu plus. En sont-ils capables?