L’hydrogène est devenu à la mode au cours des derniers mois. Depuis que soudain, l’été dernier, la France a décidé de consacrer des milliards d’euros à la création d’une filière d’hydrogène décarboné et de suivre ainsi l’Allemagne, le Japon, la Corée du sud et la Chine. Il faut dire que l’hydrogène est aujourd’hui le seul carburant de substitution à grande échelle aux carburants fossiles pour bon nombre d’activités essentielles qui vont du transport de marchandises sur longue distance à la production de chaleur en passant par l’industrie lourde.
Les éléments clés de l’hydrogène tiennent à la façon de le fabriquer et de l’utiliser
Mais l’hydrogène n’est pas une source d’énergie en tant que telle. Il s’agit d’un vecteur au même titre que l’électricité. La molécule la plus abondante dans l’univers existe très peu à l’état naturel sur terre. L’hydrogène est donc fabriqué et ensuite stocké, distribué et utilisé… comme l’électricité. La façon dont est produit l’hydrogène, avec ou sans émissions de gaz à effet de serre, est un élément clé pour en faire un outil de la transition tout comme la façon de l’utiliser, de le transporter et de le stocker.
Un nouveau moyen d’utiliser l’hydrogène, apparemment très prometteur, vient d’être inventé par une équipe du Fraunhofer Institute for Manufacturing Technology and Advanced Materials (IFAM) en Allemagne. Elle a développé une pâte d’hydrogène baptisée «Power paste» qui pourrait être très facile à utiliser, en particulier dans les petits véhicules.
Cette pâte d’hydrogène, créée à partir d’une base de magnésium, pourrait être stockée dans une cartouche qui servirait à alimenter, par exemple, la pile à combustible d’un deux roues à hydrogène, vélo électrique, scooter, triporteur… Pour faire le plein, il suffirait au conducteur de remplacer l’ancienne cartouche par une nouvelle et de remplir un réservoir d’eau. Cette idée de cartouche d’hydrogène n’est pas nouvelle. Elle a déjà été développée depuis plusieurs années par la société suisse Stor-H. Ce qui est nouveau est la façon de stocker l’hydrogène dans la cartouche. Elle semble à la fois facile, sans danger et très performante en terme de densité énergétique.
Dix fois la densité énergétique d’une batterie
«La pâte d’hydrogène stocke l’hydrogène sous une forme chimique à température ambiante et à la pression atmosphérique pour être ensuite libéré à la demande», explique le Dr Marcus Vogt de l’institut IFAM. Comme la pâte ne commence à se décomposer qu’à des températures de plus de 240 degrés Celsius, les conducteurs n’auront pas à s’inquiéter de laisser leur véhicule au soleil.
Autre atout considérable, «la pâte d’hydrogène a une énorme densité de stockage d’énergie», ajoute Marcus Vogt. «Elle est nettement plus élevée que celle d’un réservoir haute pression de 700 bars. Et par rapport aux batteries, elle a dix fois la densité de stockage d’énergie.» Cette densité fait même de la pâte l’équivalent en terme de performance énergétique pure de carburants fossiles comme l’essence. Cela pourrait en faire une option possible pour alimenter aussi des voitures ou des drones.
L’IFAM est en train de construire une usine pilote dans la ville de Braunschweig qui pourrait produire quatre tonnes par an de pâte d’hydrogène et tester en grandeur réelle son utilisation. L’ouverture de l’usine est prévue pour la fin de l’année.