Volkswagen a des ambitions considérables dans la voiture électrique. Le constructeur allemand a annoncé un plan d’investissement de 30 milliards d’euros, le plus important de l’industrie automobile, avec l’intention d’offrir une gamme qui concurrence celle de Tesla, de Renault et de Nissan. Il entend fabriquer 22 millions de voitures électriques avec 70 modèles différents d’ici 2030.
Pour accompagner cette montée en puissance, VW a programmé 50 milliards d’euros d’achat de batteries. Faut-il encore trouver des fournisseurs… L’un des principaux fournisseurs potentiel de batteries de VW, le sud-coréen Samsung, vient juste d’annoncer qu’il ne sera pas capable de suivre. Les capacités de production de batteries dans le monde sont insuffisantes pour faire face à la demande des constructeurs.
Initialement, Samsung avait donné son accord pour la fourniture par an de capacités équivalentes à 20 gigawatt heures, de quoi fabriquer 200.000 voitures ayant des batteries d’une capacité de charge moyenne de 100 kWh. Mais Samsung sera incapable finalement de fournir plus de 5 gigawatt heures. Est-ce pour des raisons techniques, d’accès aux matières premières, de capacités de production où sous la pression des constructeurs automobiles sud-coréens concurrents de Volkswagen?
En tout cas, le groupe automobile allemand se trouve dans une situation difficile même si Samsung est loin d’être son seul fournisseur. VW s’approvisionne également auprès de CATL pour le marché chinois et chez LG Chem et SK Innovation pour l’Europe.
«VW a besoin de 300 gigawatt heures de capacités de batteries par an», explique à l’agence Bloomberg l’analyste Arndt Ellinghorst de Evercore ISI. «C’est une chose de parler de grands volumes de production de véhicules électriques et c’est une autre de construire l’indispensable chaîne de valeur», ajoute-t-il. Les 300 gigawatt heures par an sont indispensables pour produire à terme 3 millions de voitures électriques par an équipées de batteries de 100 kWh en moyenne.
Pour être moins à la merci de ses fournisseurs, VW essaye de trouver des solutions alternatives et notamment de produire lui-même ses batteries. Un exercice difficile sans se mettre à dos les fournisseurs dont il ne peut pas se passer dans l’immédiat. Tesla a sécurisé son approvisionnement en s’alliant à Panasonic et Volkswagen a tenté de faire de même avec SK Innovation pour fabriquer ensemble les cellules de batteries. Mais LG Chem a alors menacé de mettre un terme à ses approvisionnements. Au début du mois, Volkswagen a tout de même rendu public un projet de construction en Allemagne d’une usine de fabrication de batteries avec le suédois Northvolt pour un milliard d’euros avec une relativement faible capacité de 10 gigawatt heures.
Cette situation illustre l’importance stratégique de l’accès à des fournisseurs de batteries pour les constructeurs automobiles européens et les risques économiques que prennent les pouvoirs publics en Europe en les contraignant à une transition massive et rapide vers le véhicule électrique. L’annonce d’un Airbus de la batterie semble tardive. Le problème n’est d’ailleurs pas qu’européen. Elon Musk, le patron et fondateur de Tesla, a mis en cause les problèmes de production de son partenaire Panasonic pour expliquer les retards de livraison de son model 3.
Une étude publiée en avril dernier par Benchmark Minerals montre que la production de batteries lithium-ion pour l’automobile doit augmenter de 50% par an d’ici 2023. Il faudra pour cela que des capacités de production nouvelles se multiplient et que l’extraction de matières premières suive. Ce n’est pas pour rien si l’an dernier l’administration Trump a classé le lithium, le cobalt et d’autres matériaux entrant dans la fabrication des batteries dans la catégorie des matières premières «stratégiques» pour la sécurité nationale.