La Chine et les Etats-Unis parient sur le nucléaire, la France s’en détourne

7 septembre 2020

Temps de lecture : 3 minutes
Photo : TerraPower Natrium
Abonnement Conflits
Abonnement Conflits

La Chine et les Etats-Unis parient sur le nucléaire, la France s’en détourne

par

Au moment où la France se détourne du nucléaire, faute de courage politique et de capacité à prendre des décisions, une énergie dont elle est encore un des leaders mondiaux, d’autres y voient la meilleure opportunité technologique de pouvoir mener rapidement la transition énergétique avec de l’électricité décarbonée, abondante et non intermittente. C’est notamment le […]

Au moment où la France se détourne du nucléaire, faute de courage politique et de capacité à prendre des décisions, une énergie dont elle est encore un des leaders mondiaux, d’autres y voient la meilleure opportunité technologique de pouvoir mener rapidement la transition énergétique avec de l’électricité décarbonée, abondante et non intermittente. C’est notamment le cas de la Chine et des Etats-Unis.

La Chine a ainsi décidé de devenir tout simplement le numéro un mondial du nucléaire et s’en donne les moyens. Non seulement, les seuls réacteurs EPR de nouvelle génération (de conception française) qui fonctionnent se trouvent en Chine, Taishan 1 et Taishan 2, mais Pékin entend construire une centaine de nouveaux réacteursdans les quinze prochaines années.

De petits réacteurs plus souples, plus sûrs, moins coûteux

Aux Etats-Unis, la démarche technologique et économique est différente. Elle privilégie le développement de nouveaux réacteurs nucléaire de petite taille, plus souples, plus sûrs et moins coûteux, complémentaires des renouvelables intermittents. Les Etats-Uni testent aussi la production d’hydrogène vert directement dans les vieilles centrales nucléaires.

Le signe que les choses sont en train de s’accélérer outre-Atlantique avec le nucléaire se trouve dans les annonces faites il y a quelques jours par la société TerraPower,  lancée en 2006 par Bill Gates, le cofondateur de Microsoft, en partenariat avec GE Hitachi Nuclear Energy

Un nouveau prototype révélé par TerraPower le 27 août, associe un «réacteur rapide refroidi au sodium» (un petit réacteur dans lequel le sodium liquide est utilisé comme réfrigérant) et un système de stockage de l’énergie. Le réacteur peut produire 345 mégawatts d’énergie électrique de façon continue et un système de stockage attaché retient la chaleur sous forme de sel fondu et peut décharger les calories en cas de besoin. Cela porte la puissance totale de la centrale du réacteur à 500 mégawatts pendant plus de 5 heures et demie. Pour donner un ordre d’idée, un réacteur nucléaire français moyen produit 1300 mégawatts.

Production en série

Pour TerraPower, «cela permet une conception nucléaire qui suit les évolutions quotidiennes de la charge électrique et aide les clients à capitaliser sur les opportunités induites par les fluctuations des énergies renouvelables». Le prototype, baptisé Natrium (voir ci-dessus) d’après le nom latin du sodium, serait disponible à l’achat à la fin de la décennie. La société est soutenue par Microsoft et GE mais aussi par Pacificorp, filiale de Berkshire Hathaway Energy (Warren Buffett), et aussi Energy Northwest et Duke Energy.

L’un des avantages du Natrium tient au fait qu’il devrait être fabriqué en grande série et en grande partie à la chaîne via un processus industriel et non à l’unité. Cela réduirait leur coût de fabrication et de maintenance avec la standardisation. Selon des informations de l’agence Reuters, le réacteur coûterait environ 1 milliard de dollars, un prix extrêmement compétitif.

Un jour seulement après l’annonce de la mise au point du prototype de Terra Power, une autre entreprise américaine du nucléaire, NuScale Power, basée à Portland, a annoncé que la Commission de réglementation nucléaire des États-Unis avait terminé l’examen de sûreté majeur de ces petits réacteurs modulaires. L’entreprise ajoute que c’est la première fois que l’Autorité de sûreté nucléaire américaine approuve la conception d’un petit réacteur modulaire. NuScale a par ailleurs déclaré avoir signé des accords aux États-Unis, au Canada, en Roumanie, en République tchèque et en Jordanie.

Le réacteur de NuScale est plus petit que celui de TerraPower. Chacun de ses Power Modules produirait 60 mégawatts. Sa conception fait appel à la technologie à eau pressurisée, et une centrale pourrait accueillir jusqu’à 12 modules individuels.

Un soutien bipartisan aux Etats-Unis

En janvier 2019, Donald Trump a promulgué une loi sur l’innovation et la modernisation de l’énergie nucléaire (Nuclear Energy Innovation and Modernization Act), conçue pour accélérer le processus de développement et de mise sur le marché de réacteurs nucléaires de nouvelles génération. La loi a reçu, c’est suffisamment rare pour être souligné, un large soutien bipartisan des Républicains et des Démocrates.

Dernier indice que les choses changent outre-Atlantique avec le nucléaire, la tribune publiée il y a quelques mois par le New York Times écrite par trois scientifiques de renom dont Steven Pinker (auteur de Enlightenment now !). Elle était intitulée: «Nuclear Power Can Save the World» (L’énergie nucléaire peut sauver le monde).

La plupart des projections faites pour maîtriser les émissions de gaz à effet de serre, que ce soit celles des Nations unies ou de l’Agence internationale de l’énergie, accordent un rôle majeur à l’énergie nucléaire.

À propos de l’auteur

La rédaction

La rédaction

Newsletter

Voir aussi

Share This