Notre monde et notre civilisation sont construits pour et par les véhicules à moteur et à quatre roues… ou plus. Si quelqu’un en doutait encore, il lui suffirait de constater que leur nombre ne cesse de croître sur la surface du globe et qu’ils assurent, de très loin, la plus grande part du transport des personnes comme des marchandises. Les statistiques sur le nombre de véhicules en circulation sont par définition imprécises. D’abord, parce que ce nombre fluctue en permanence. Tous les jours de nouvelles voitures, de nouveaux bus, de nouveaux camions, de nouveaux utilitaires légers sont sur les routes et d’autres envoyés à la casse. Ensuite, selon les pays les statistiques disponibles ne sont pas comparables et pas toujours fiables.
En prolongeant les estimations faites par WardsAuto, une entreprise spécialisée dans l’information sur les marchés automobiles, on peut évaluer le nombre de véhicules à moteur et à quatre roues ou plus en circulation aujourd’hui sur les routes de la planète à près de 1,4 milliard… Cela en représente un pour 5,6 habitants y compris les enfants.
Plus de 300 millions de véhicules en Chine
Le plus spectaculaire est la rapidité avec laquelle ce nombre a augmenté au cours des dernières décennies comme le montre les graphiques de WardsAuto. Il y avait environ 342 millions de véhicules en 1976 et autour de 670 millions de voitures en 1996. L’irruption de la Chine, devenu un grand pays automobile et le premier marché mondial depuis 2010, a tout changé. Depuis 2017, la Chine a même dépassé les Etats-Unis avec plus de 300 millions de véhicules en circulation contre 268 millions à son rival américain. Le nombre de véhicules sur les routes aux Etats-Unis augmente moins vite qu’en Chine mais continue quand même à progresser chaque année comme le montre ses statistiques. La France compte elle 52 millions de véhicules immatriculés et sur ce total 39,3 millions seraient «réellement» en circulation.
Mais aucun de ces pays n’a le plus grand nombre de véhicule par personne. On trouve au sommet de cette liste la Finlande avec 1,07, suivie par Andorre avec 1,05 et l’Italie avec 0,84. En comparaison, la France est à 0,78, les Etats-Unis à 0,82 et la Chine à 0,21…
La fin de la voiture n’est pas pour demain
Si on prolonge la tendance observée au cours des dernières décennies, on parvient à des chiffres de véhicules en circulation qui n’ont presque plus de sens. En période «normale», c’est-à-dire avant la pandémie de coronavirus, plus de 90 millions de véhicules étaient produits par an dans le monde. Du coup, on pourrait en compter, en théorie, 1,8 milliard en 2035 et 8 milliards en 2100… Le marché automobile ne va pas croitre et ne peut pas croitre indéfiniment. En revanche, notre civilisation est bien celle du véhicule motorisé à quatre roues.
Le plus grand journaliste automobile britannique, le regretté L.J.K. Setright, résumait parfaitement, en 2003 déjà, la situation. «La fin de la voiture doit arriver. Elle a été tout au long de son existence un moyen de communication. Nous en avons d’autres maintenant dont on ne pouvait même pas rêver quand la voiture a été inventée. Ils doivent supplanter la voiture comme la navigation à vapeur a remplacé la voile. Mais, si on regarde notre comportement au cours des 70 dernières années, vous croyez vraiment que nous laisserons faire!»