Le coronavirus et son impact à long terme sur l’énergie, une vision optimiste

17 avril 2020

Temps de lecture : 3 minutes
Photo : La ville de l'hydrogène que Toyota veut construire
Abonnement Conflits
Abonnement Conflits

Le coronavirus et son impact à long terme sur l’énergie, une vision optimiste

par

Il y a aussi un certain nombre de raisons de croire que la pandémie pourrait avoir des conséquences finalement favorables dans le domaine de l'énergie. Elle pourrait permettre la mise en place de grands plans ambitieux de relance industrielle, de relocalisation et de transformation des modes de vie. Dans le domaine des renouvelables, des batteries, de l'hydrogène, des transports, de la géothermie, du logement...

En matière d’énergie, les prévisions à court terme sont devenues aujourd’hui relativement faciles. Le confinement et la récession qu’il a entrainé ont considérablement fait baisser la consommation d’énergie, d’électricité et plus encore de pétrole. Cela durera tant que durera le confinement, total ou partiel et tant que les économies n’auront pas retrouvé un fonctionnement proche de la normale. L’activité industrielle, les échanges commerciaux et les transports tournent au ralenti ou sont à l’arrêt. Cela se reflète de façon assez spectaculaire, par exemple, par le fait que la consommation t d’électricité n’est pas à son maximum à 8 heures le matin quand les usines, les écoles et les transports collectifs ouvrent ou fonctionnent à plein régime mais vers 11 heures.

Les prévisions se compliquent évidemment quand il s’agit de savoir comment se passera la sortie progressive du confinement et à un horizon plus lointain la fin de l’épidémie. Les exemples en Asie montrent à la fois que le redémarrage de l’activité économique est compliqué et chaotique, que les facteurs psychologiques jouent un rôle considérable dans la consommation et l’investissement et que des foyers d’infection réapparaissent en permanence. Il faut donc en rester aux généralités.

Les désastres de dimension historique ont en général un impact sur le mode de vie, plus ou moins durable, plus ou moins important. La caractéristique originale de cette pandémie est d’affecter profondément les relations humaines et de frapper sévèrement le monde occidental mal préparé à faire face à un virus qui est très contagieux avant même d’être symptomatique.

Les visions très pessimistes insistent, à juste raison, sur l’ampleur de la récession mondiale, certains parlent aujourd’hui de dépression pour faire le parallèle avec les années 1930, et sur la difficulté de faire redémarrer des économies devenues des mécaniques très complexes et mondialisées. La casse économique et sociale s’annonce très importante et il faudra des années pour s’en remettre, même si les sociétés ont des capacités de rebond considérables et toujours sous-estimées, notamment quand la crise bat son plein.

C’est pour cela qu’on peut aussi prendre un parti-pris volontairement optimiste et envisager une transformation qui serait finalement bénéfique au cours des prochaines années des sociétés et des économies, plus particulièrement dans le domaine qui nous préoccupe, celui de la transition énergétique. Il y a un certain nombre de raisons de croire à ce scénario. En voilà au moins trois.

-1) Un monde plus sain

Nous avons assisté, contraints et forcés par la pandémie, à une baisse massive des émissions de gaz à effet de serre et de la pollution même si certaines données relativisent, par exemple, l’impact des transports. Même s’il s’agit, fort heureusement d’ailleurs, d’un intermède, il nous montre ce que pourrait être un environnement dans lequel la transition permettra de se passer progressivement des énergies fossiles et d’éliminer une bonne partie de leurs nuisances. Brice Lalonde prône une «seconde révolution électrique». Il s’agit en tout cas d’une fenêtre ouverte soudain sur un environnement plus sain.

-2) Réindustrialisation, relocalisation et relance

Même si cela est en partie contradictoire avec le point numéro un, nous avons l’ambition de nous réindustrialiser dans des domaines notamment stratégiques dont l’énergie.

Il est problématique que les batteries pour les véhicules électriques, les panneaux solaires ou les turbines des éoliennes soient importés en quasi-totalité. C’est un risque qui est devenu aujourd’hui inacceptable. Et contrairement au pétrole, il s’agit de produits manufacturés que nous pouvons fabriquer en France et en Europe même si se posera la question de l’importation d’un certain nombre de métaux et de terres rares nécessaires à ses productions. Sachant que ce n’est pas forcément un problème de disponibilité de ses matières, mais plus de normes environnementales sur les conditions de leur production minière qui expliquent notre dépendance.

Mais on peut par exemple, extraire assez facilement du lithium des réservoirs d’eau chaude utilisés par la géothermie en Alsace et dans des conditions environnementales acceptables.

La création entière de nouvelles filières, comme celle de l’hydrogène vert, offre des possibilités intéressantes. Notamment celle de trouver un substitut fabriqué localement à des énergies fossiles importées. C’est également le cas du biogaz et du biomèthane. Un programme massif d’exploitation de la géothermie pour chauffer et refroidir les bâtiments  s’inscrit parfaitement dans cette logique.

La réindustrialisation et la délocalisation présentent de nombreux avantages. En matière d’indépendance, d’emplois, de savoir-faire et parce qu’elles s’inscrivent dans le cadre de grands plans publics de relance de l’activité, qui seront sans doute indispensables pour sortir de la dépression. Enfin, cela devrait permettre d’améliorer considérablement notre compétitivité avec le reste du monde et notamment l’Asie.

-3) Priorité au logement

La généralisation du télétravail, les problèmes de contamination présentés par les transports collectifs et la nécessité d’avoir des bâtiments et des logements consommant moins d’énergie, plus les nécessaires plans de relance économiques, tout concoure à favoriser un boom de la construction. A la fois, pour accélérer la fabrication de nouveaux logements et pour rénover l’existant. D’autant plus; que les concentrations de population dans les métropoles sont vues maintenant comme une source de risques de contaminations et d’épidémies. Mettre les villes à la campagne, pour reprendre l’expression humoristique attribuée à Alphonse Allais, pourrait devenir en partie une réalité.

À propos de l’auteur

La rédaction

La rédaction

Newsletter

Voir aussi

Share This