Un des freins majeurs au développement de la voiture électrique tient au manque d’infrastructures de rechargement publiques, comme le montre de nombreuses études. La voiture électrique offrant des fonctionnalités inférieures à la voiture thermique, avec une autonomie limitée et la nécessité d’anticiper sa recharge, s’il n’est pas possible de trouver les bornes nécessaires sur de longs trajets ou des parcours autres que domicile-travail, les consommateurs continueront à traîner les pieds. Dans ce domaine, la France n’est pas vraiment un exemple.
Une progression en trompe l’œil
La décision prise le 7 février par EDF de fermer définitivement, pour des raisons de sécurité, 189 des 217 bornes de recharge rapide de son réseau autoroutier et de n’en remplacer à terme qu’une petite partie a été un très mauvais signal. Surtout qu’elle intervenait après l’annonce le 31 janvier par Ionity d’une augmentation très importante du prix des recharges à ses bornes rapides se trouvant aussi sur les axes autoroutiers.
Les chiffres récents de l’Avere-France sur l’installation de nouvelles bornes ne sont pas non plus très favorables. Le nombre de points de charge ouverts a augmenté de 15% au cours des 12 derniers mois pour atteindre 29.578 unités en date du 24 mars. Un chiffre loin d’être mauvais en soi sauf que les années précédentes cette croissance était de 20 à 30%.
En plus, cette progression est en trompe l’œil. Plus que le nombre de chargeurs, l’important est leur répartition sur le territoire et leur puissance de recharge. La charge dite «accélérée» (de 11 à 49 kWh) constitue les deux tiers du parc avec 20.149 points installés. Les points de charge d’une puissance inférieure à 11 kWh représentent 25% du total, soit 7.649 unités. Et la charge rapide, celle qui est indispensable pour permettre les trajets sur longue distance dans des conditions satisfaisantes et qui nécessite les investissements les plus importants en terme de puissance électrique installée, est très en retard. Il n’y a que 1.780 bornes offrant une puissance supérieure à 50 kWh et elles sont en plus très mal réparties sur le territoire.
Un million de bornes en Allemagne d’ici 2030
La région Ile-de-France, première en nombre de points de recharge (4.338), ne compte que 92 bornes de recharge rapide. À titre de comparaison, la région Occitanie, deuxième au nombre total de chargeurs comptabilisés (3.467), compte 417 chargeurs rapides et la région Auvergne-RA troisième avec 3.301 chargeurs en a 369 rapides.
Conclusion, le développement en France de la voiture électrique, jugé indispensable par les pouvoirs publics qui d’ailleurs contraignent les constructeurs automobiles à le promouvoir, est lourdement handicapé par la faiblesse des infrastructures, c’est-à-dire par le manque d’investissements. Le gouvernement allemand a annoncé lui, il y a cinq mois, un plan pour doter son pays «d’un millions de bornes d’ici 2030.»