L’arrêt de l’économie avec l’épidémie de coronavirus et le confinement, et la rupture des chaînes logistiques avec l’Asie et plus particulièrement la Chine, mettent en danger le secteur des renouvelables. Il faut dire que la très grande majorité des panneaux solaires et des turbines d’éoliennes est fabriquée dans les usines chinoises… qui ont fermé leurs portes depuis le début de l’année.
«Retards d’approvisionnement, manque de main-d’œuvre sur les chantiers, problèmes de transports routiers. Les dernières semaines ont été cauchemardesques pour les fabricants et exploitants de parcs photovoltaïques et éoliens», écrivent les Echos. Une étude publiée il y a plus de deux semaines par l’agence Bloomberg revoyait déjà à la baisse la demande mondiale en 2020 en matière d’énergie solaire et éolienne. Les installations de nouvelles capacités de production solaire seront ainsi en recul cette année dans le monde, une première depuis les années 1980. Et l’éolien est exposé à un «risque considérable».
Mesures d’urgence
Pour éviter un effondrement de la filière et même des faillites en série, le gouvernement a donc annoncé mercredi 1er avril plusieurs mesures d’urgence. Il s’agit du maintien de certains tarifs d’achat très favorables de l’électricité renouvelable et de l’allongement de délais. «La crise sanitaire que nous traversons ne doit en aucune façon nous faire renoncer aux objectifs ambitieux en termes de développement des énergies renouvelables», a déclaré la ministre de la Transition écologique Elisabeth Borne.
De nombreux projets de production d’énergie renouvelable étant en suspens, des délais supplémentaires seront accordés pour la mise en service des sites en construction. Les tarifs d’achat de l’électricité pour les petits projets de solaire photovoltaïque en toiture, qui devaient baisser au 1er avril, sont en outre gelés pour trois mois. Les prochaines périodes d’appels d’offres du ministère sont par ailleurs décalées dans le temps, totalement ou partiellement. Enfin, pas moins de 288 projets éoliens et photovoltaïques de tailles diverses, pour un volume de plus de 1.700 Mégawatts, ont été annoncés le 1er avril. Ils «sont une preuve tangible de cette mobilisation et permettent de poursuivre les investissements au service du climat et de notre futur système énergétique», a ajouté Mme Borne.
Une stratégie de plus en plus contestée, jugée coûteuse et inefficace
Le gouvernement ne dévie donc pas de sa stratégie très favorable à la production d’électricité à partir de renouvelables, même si elle essuie des critiques de plus en plus nombreuses la jugeant coûteuse et inefficace. Il y a d’abord, les oppositions locales toujours plus fortes aux installations d’éoliennes. Plus fondamentalement, certains soulignent que le gain en matière d’émissions de gaz à effet de serre est inexistant quand les renouvelables remplacent de l’électricité nucléaire, et que leur caractère intermittent par nature affaiblit la sécurité des réseaux électriques.
Les renouvelables n’échapperont pas de toute façon à un moment de vérité, compte tenu notamment de leur dépendance vis-à-vis de l’industrie chinoise. Elle n’est pas sans créer aujourd’hui de sérieuses difficultés d’approvisionnement et de poser demain de sérieux problèmes d’indépendance énergétique. Les difficultés des fournisseurs chinois ont «mis en lumière la nécessité de diversifier les chaînes d’approvisionnement» écrivait l’agence Bloomberg le mois dernier. Un effort européenne de relocalisation a bien été lancé dans les batteries pour véhicules électriques, le fameux «Airbus de la batterie», il semble aussi indispensable dans les panneaux solaires et les équipements éoliens. Ce serait aussi un moyen de relancer l’industrie européenne.