Les fausses promesses de la gratuité des transports publics

25 mars 2020

Temps de lecture : 3 minutes
Photo : Safra Bus Hydrogene
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Les fausses promesses de la gratuité des transports publics

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Contrairement aux idées reçues, la gratuité des transports en commun ne réduit pas ou très peu l'utilisation de la voiture et ses nuisances. Elle répond avant tout à une logique politique. Et elle se traduit par une utilisation bien plus importante des transports collectifs, mais pas par des automobilistes.

Les idées simples ne sont pas toujours les meilleures. Comme considérer que la gratuité des transports en commun permet de réduire l’utilisation de la voiture individuelle. La maire de Paris, Anne Hidalgo, en est une fervente partisane et en a même fait un argument de campagne, même si elle n’en a ni les moyens, ni les compétences.

Pourtant, un article publié récemment par The Conversation au Royaume Uni, et écrit par Enrica Papa, une spécialiste des questions de transport de l’université de Westminster, montre que la gratuité des transports collectifs a très peu d’impact sur l’utilisation de la voiture. Toutes les études réalisées sur cette question illustrent le fait que l’usage de la voiture n’est pas avant tout une question économique.

Elle a une autre dimension qui tient aux difficultés physiques et même psychologiques de certaines populations et à des questions de choix individuels de confort et de liberté. En revanche, les transports collectifs voient leur utilisation sensiblement augmenter quand ils deviennent gratuits et créent ainsi une nouvelle demande.

Gratuits dans 98 villes dans le monde

La gratuité des transports en commun a le vent en poupe. Ainsi, le Luxembourg est devenu depuis le 1er mars, le premier pays au mondeà rendre l’ensemble de ses transports publics gratuits. Il s’agit de la plus importante zone géographique qui permet gratuitement l’usage des transports collectifs pour les résidents comme pour les touristes.

La gratuité des transports en commun est expérimentée depuis les années 1960 et aujourd’hui pas moins de 98 villes et collectivités locales l’ont adopté dans le monde. Dans certaines d’entre elles seuls les résidents y ont accès ou même une catégorie d’entre eux comme les personnes âgées. La plupart du temps, la mesure est présentée comme un moyen de réduire l’utilisation de la voiture individuelle, la pollution de l’air et les émissions de gaz à effet de serre. Mais dans les faits, les résultats sont très limités.

«De multiples recherches montrent que quand la gratuité devient la règle, seul un petit nombre de personnes qui avant utilisaient la voiture passent aux transports en commun. Les nouveaux utilisateurs sont plutôt des cyclistes et des piétons plutôt que des automobilistes», écrit The Conversation. Et dans la plupart des villes, l’essentiel des nouveaux usagers sont d’anciens piétons.

Par exemple, trois ans après le passage à la gratuité à Tallinn, la capitale de l’Estonie, le nombre de passagers dans les bus a fortement augmenté passant de 55 à 63% des personnes qui se déplacent. L’utilisation de la voiture a légèrement diminuée, de 31 à 28% et la marche bien plus de 12 à 7%. Le vélo (1%) et les autres moyens utilisés (1%) n’ont pas changé.

Les experts du centre de recherche urbain Cosmopolis de Bruxelles, parviennent aux même conclusions. Les effets de la gratuité des transports publics sur l’utilisation de l’automobile sont marginaux et ne peuvent être un moyen pour réduire la circulation et améliorer la qualité de l’air.

La capacité des transports en commun à convaincre les automobilistes d’abandonner leur voiture dépend beaucoup plus de la qualité du service que du prix des billets et des abonnements. C’est à cette condition que les transports publics peuvent devenir une réelle alternative pour les automobilistes. Des transports en commun propres et fiables doivent être un préalable si les bus et les tramways entendent se substituer aux voitures.

Irrationnelle et électoraliste

Les économistes sont aussi souvent assez critiques de la gratuité qu’ils jugent irrationnelle, électoraliste et non économique car elle crée «une mobilité inutile». Cela signifie que des personnes vont décider de se déplacer uniquement parce que cela est gratuit, ce qui augmente le coût pour les opérateurs et la collectivité et les émissions provenant des transports collectifs et parfois les sature dégradant la qualité du service.

Dans les faits, une augmentation importante du nombre de passagers se produit systématiquement quand la gratuité est mise en place. Mais cela ne peut pas être seulement considéré comme négatif. Cela signifie aussi que des populations défavorisées et délaissées ont accès aux transports en commun.

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