Nucléaire: les Chinois, eux, savent construire les EPR

24 décembre 2019

Temps de lecture : 3 minutes
Photo : Les deux EPR de Taishan Chine
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Nucléaire: les Chinois, eux, savent construire les EPR

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La construction à Flamanville du réacteur nucléaire EPR de nouvelle génération a tourné au cauchemar. Au point de mettre aujourd’hui en péril toute la filière nucléaire française qui était pourtant considérée comme la meilleure au monde. Les travaux de l’EPR de Flamanville, lancés en 2007, devaient se terminer en 2012 pour un coût initial estimé […]

La construction à Flamanville du réacteur nucléaire EPR de nouvelle génération a tourné au cauchemar. Au point de mettre aujourd’hui en péril toute la filière nucléaire française qui était pourtant considérée comme la meilleure au monde. Les travaux de l’EPR de Flamanville, lancés en 2007, devaient se terminer en 2012 pour un coût initial estimé à 3,3 milliards d’euros. La facture devrait dépasser 13 milliards et le démarrage du réacteur n’interviendra pas avant le début de l’année 2023!

Mais si les erreurs et les malfaçons se sont multipliées à Flamanville, les EPR chinois ont été construits plus rapidement, à moindre coût, et apparemment bien mieux. Ce n’est donc pas une question de conception des EPR, mais de savoir-faire industriel, de soutien politique à la filière et d’une attitude dans les entreprises et les autorités qui ne consiste pas à chercher avant tout à se mettre à l’abri des critiques et des responsabilités.

A Taishan, à 120 kilomètres au sud-ouest de Hong Kong, le premier EPR (Taishan1) a été mis en service en décembre 2018 et le deuxième, Taishan2, en septembre 2019. Ils ont été construits (voir la photographie ci-dessus) par le géant China General Nuclear Power Group et par EDF, actionnaire à 30% de la joint venture commune aux deux groupes et à un troisième industriel chinois, Guangdong YUDEAN. Deux autres EPR devraient être construits à Taishan.

Tout ne s’est pas passé facilement à Taishan, mais les difficultés ont été surmontées. Les deux centrales chinoises ont été construites respectivement en 110 et 113 mois, avec cinq ans de retard sur le calendrier initial et avec un coût total de 12,2 milliards d’euros, supérieur à 60% au budget prévu. Mais le temps de construction effectif de Taishan2, a été considérablement réduit, avec l’expérience acquise, à environ 70 mois selon des ingénieurs directement impliqués dans le chantier. Et aujourd’hui, les deux EPR, dont la construction a été lancée en 2009 et 2010, fonctionnent parfaitement avec un taux d’utilisation de 7.500 heures par an, soit 86% du temps. Ils fournissent de l’électricité à environ 5 millions de personnes pour un prix du mégawatt heure de 56 euros, très compétitif avec celui d’une centrale à charbon.

Savoir-faire industriel et volonté politique

Comment la Chine a réussi tandis que les autres chantiers des EPR ne sont pas toujours terminés? Le premier d’entre eux, lancé en 2005 en Finlande à Olkiluoto, doit entrer en service en juillet 2020.

La première raison du retard d’Olkiluoto est qu’il s’agit d’un vrai prototype. Les plans détaillés de sa construction ont été réalisés par les équipes d’Areva au fur et à mesure de l’évolution du chantier. A Taishan, il a «suffi» d’exécuter. Plus encore, les réacteurs chinois ont bénéficié de la compétence industrielle chinoise, bien supérieure à celle existant en Finlande et en France. La Chine fait entrer en service aujourd’hui trois nouveaux réacteurs nucléaires par an et en construit une dizaine simultanément. Le béton et les soudures, qui ont posé tant de problèmes à Flamanville, sont fabriqués par des équipes et des entreprises expérimentées. En France, il a fallu, comme l’expliquent des responsables du chantier de Flamanville: «construire une centrales avec des jeunes de 24 ans sortis de l’école».

Taishan a aussi bénéficié de la volonté politique forte en Chine, à la fois d’être à la pointe de la technologie et de développer rapidement toutes les énergies décarbonées dont le nucléaire. Les régions chinoises veulent toutes se doter de centrales nucléaires garantissant une électricité abondante et bon marché, et pas de pollution atmosphérique.

Enfin, l’autorité de sûreté nucléaire chinoise, la National Nuclear Safety Administration, ne fonctionne pas comme l’ASN française. Elle ne cherche pas en permanence à démontrer son indépendance de peur des critiques et est présente sur place durant la construction des centrales sans craindre de se compromettre. Un exemple de cela est donné sur les problèmes constatés sur les cuves des réacteurs, les mêmes à Flamanville et à Taishan.

L’autorité chinoise a considéré que les irrégularités détectées  des structures du métal n’étaient pas un défaut, ne présentaient pas le moindre danger et qu’il s’agissait de questions de physique cristalline. En France, l’ASN a considéré en 2017 qu’il faudra remplacer avant 2024 le couvercle du réacteur. Les experts indépendants considéraient alors qu’il n’y avait aucun risque avec la cuve.

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