Dis moi où tu habites et pour qui tu votes, je te dirais quel carburant tu utilises

6 décembre 2019

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Dis moi où tu habites et pour qui tu votes, je te dirais quel carburant tu utilises

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Une étude d’opinion réalisée pour Le Point détaille les choix automobiles des électeurs français. Elle dessine sans surprise deux pays très différents, celui qui ne peut vivre sans voiture et celui qui a des moyens de substitution et des solutions pour s’en passer. «Sans mauvais jeu de mots, le starter de la crise des Gilets […]

Une étude d’opinion réalisée pour Le Point détaille les choix automobiles des électeurs français. Elle dessine sans surprise deux pays très différents, celui qui ne peut vivre sans voiture et celui qui a des moyens de substitution et des solutions pour s’en passer. «Sans mauvais jeu de mots, le starter de la crise des Gilets jaunes a été le prix de l’essence, car, dans notre société, près de 80% de la population se déclare dépendante de la voiture, explique Jérôme Fourquet, le directeur du département Opinion et stratégies d’entreprise de l’IFOP, auteur du livre «L’archipel français» (Seuil). «Et le prix de l’essence, c’est le nerf de la guerre! C’est une variable aussi sensible que le prix du blé et du pain sous l’Ancien Régime. Et c’est peut-être quelque chose qu’on a du mal à voir de Paris », ajoute-t-il.

La traduction électorale est en tout cas très claire. Les «dépendants» votent davantage Marine Le Pen tandis que ceux pour qui le véhicule n’est pas indispensable se tournent plus vers Emmanuel Macron. Dans la même logique, les personnes qui possèdent un véhicule roulant au diesel habitent plus souvent en zone rurale et dans les petites villes et ont majoritairement voté pour Marine Le Pen ou Jean-Luc Mélenchon.

«Il y a des considérations socio-économiques dans les choix de carburants: les ménages les plus modestes ont tendance à s’équiper en diesel parce que c’est moins cher, décrit pour Le Point Jérôme Fourquet. Plus la commune dans laquelle les personnes habitent est grande, moins elles choisissent le carburant diesel. Et à l’inverse, la France des petites villes, des campagnes et des zones périurbaines roule massivement au diesel, avant tout pour des raisons de consommation plus faible et de coûts moindres. La France des gilets jaunes est ainsi parfaitement identifiée.

Pour ce qui est des marques de prédilection, la fracture entre les deux France est également assez nettement identifiée. Si plus de la moitié de l’électorat d’Emmanuel Macron roule français, celui de François Fillon ou de Marine Le Pen fait majoritairement confiance aux constructeurs allemands.

Hybride contre diesel

Parmi les personnes sondées ayant voté au premier tour de la présidentielle de 2017 pour Emmanuel Macron, on trouve 28% des propriétaires d’une Renault (France) et 25% d’une Citroën (France). Mais la marque dont les possesseurs sont les plus «macronistes» est Toyota (Japon), 30%, et Volkswagen (Allemagne) est aussi fortement représentée avec 26% ayant voté Macron.

La première place, en pourcentage, de Toyota n’est pas une surprise compte tenu du rôle pionnier du constructeur japonais en matière énergétique. Il offre des hybrides pour tous ses modèles. Il répond depuis longtemps à l’ambition de réduire les émissions de CO22, particulièrement partagée dans les zones urbaines. Et l’électeur d’Emmanuel Macron est statistiquement un habitant d’une ville de plus de 100.000 habitants, diplômé et assez sensible à la cause écologique. D’ailleurs, le vote Europe Écologie-Les Verts aux européennes est aussi surreprésenté chez les adeptes de la marque nipponne.

Les électeurs de Marine Le Pen (au premier tour de la présidentielle) sont plus partagés. Ainsi, ils sont 30% ayant un véhicule Audi (Allemagne) à avoir voté pour la candidate de ce qui était alors le Front National, 27% parmi les propriétaires d’une Ford (USA), 27% de ceux ayant une Nissan (Japon) et 26% ayant une Opel (marque d’origine allemande vendue en 2017 à PSA).

En ce qui concerne ceux qui ont voté pour François Fillon au premier tour de l’élection présidentielle de 2017, les marques allemandes écrasent la concurrence. Ainsi, 28% des électeurs possèdant une BMW (Allemagne) ont choisi le candidat des Républicains, 26% de ceux ayant une Mercedes (Allemagne) et 26% des possesseurs d’une Audi (Allemagne). Quant aux électeurs de Jean-Luc Mélenchon, ceux qui roulent en Opel l’ont choisi à 28% et ceux ayant une Dacia, le constructeur automobile roumain, filiale du groupe français Renault, à 25%.

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