L’AIE fait résolument le pari de l’éolien marin

31 octobre 2019

Temps de lecture : 3 minutes
Photo : Parc d'éoliennes marines
Abonnement Conflits
Abonnement Conflits

L’AIE fait résolument le pari de l’éolien marin

par

«L’énergie éolienne en mer pourrait voir ses capacités de production multipliées par 15 d’ici 2040, contribuant à décarboner l’économie mondiale » estime l’Agence internationale de l’énergie (AIE) dans un rapport publié il y a quelques jours. La filière pourrait même constituer le nouveau «game-changer du système énergétique», au même titre selon l’AIE que «la révolution du schiste […]

«L’énergie éolienne en mer pourrait voir ses capacités de production multipliées par 15 d’ici 2040, contribuant à décarboner l’économie mondiale » estime l’Agence internationale de l’énergie (AIE) dans un rapport publié il y a quelques jours. La filière pourrait même constituer le nouveau «game-changer du système énergétique», au même titre selon l’AIE que «la révolution du schiste et l’essor du solaire photovoltaïque» au cours des dernières années. Mais il faudra pour cela près de 1.000 milliards de dollars d’investissements cumulés au cours des 20 prochaines années. L’éolien offshore pourrait produire alors dans le monde près de 1.280 TWh, environ 3,1% de la production d’électricité par an envisagée à cet horizon. Aujourd’hui, il en est très loin. Et l’Agence internationale de l’énergie cherche à  justifier son engouement.

«Pourquoi consacrer tant d’efforts à un rapport sur l’éolien offshore, une technologie qui aujourd’hui fournit juste 0,3% de l’électricité mondiale?» s’interroge Fatih Birol, le directeur de l’AIE. «Parce que son potentiel est quasi illimité» répond-il à sa propre question. Autres atouts de l’éolien marin, les machines sont de plus en plus grandes et de plus en plus puissantes, bien plus que leurs homologues terrestres. Elles produisent plus d’électricité et bien plus longtemps. Elles peuvent être opérationnelles à pleine puissance près de 45% du temps contre 21% seulement pour les éoliennes terrestres.

Mai si l’éolien offshore reste aujourd’hui une source d’énergie marginale, c’est aussi pour de bonnes raisons. Les installations sont coûteuses à mettre en place et à entretenir. Le transport de l’énergie à terre nécessite lui aussi des investissements et la durée de vie des équipements soumis à rude épreuve.

Un potentiel partout dans le monde

En fait, l’Agence Internationale de l’Energie est avant tout fascinée par le potentiel «quasiment illimité» de l’éolien offshore. Quitte à avoir la folie des grandeurs. Les éoliennes en mer ont généré l’an dernier 67 TWh dans le monde, avant tout en Europe. Pour l’AIE, la filière possède «le potentiel technique pour produire plus de 420.000 TWh par an», l’équivalent de 11 fois la demande mondiale d’électricité estimée en 2040 par l’Agence!

«Avec des coûts de production actuellement en chute et des progrès technologiques qui décuplent déjà la puissance de ces engins, ce potentiel est de plus en plus à notre portée. Mais beaucoup reste à faire, de la part des gouvernements comme des industriels, pour en faire un pilier d’une transition énergétique propre», reconnait tout de même Fatih Birol.

Ainsi, le marché de l’éolien offshore a progressé de près de 30% par an entre 2010 et 2018, en partant d’une base très faible, et devrait continuer au cours des 5 prochaines années avec la construction de 150 nouveaux parcs.

Pour justifier le potentiel qu’il décrit, le rapport de l’AIE propose une analyse géospatiale inédite des possibilités d’installations d’éoliennes en mer en couplant les données satellitaires, les étude des vents, les topographies et les technologies disponibles.

«Ce potentiel est partout, en Asie, en Amérique latine, dans certaines parties d’Afrique, d’Australie… », énumère Laura Cozzi, une des auteurs du rapport. Les Etats-Unis, la Chine, l’Inde, la Corée du sud, le Japon, le Canada sont cités par l’agence. Mais pour l’instant, ce potentiel est avant tout exploité en Europe, pionnière du secteur. Le premier parc éolien offshore a été inauguré au Danemark en 1991, et la Grande-Bretagne et l’Allemagne sont aujourd’hui les premiers producteurs au monde. La filière éolienne offshore s’est historiquement développée au large des pays bordant la mer du Nord (avec des fortes ressources en vents et de faibles profondeurs d’eau). S’appuyant sur un soutien financier public, les capacités éoliennes installées dans les eaux européennes ont atteint près de 19 GW à fin 2018 sur 23 GW installés dans le monde. En revanche, la France est sérieusement à la traîne. Avec le deuxième potentiel d’Europe, une façade maritime de plus de 3.500 kilomètres, aucune éolienne offshore n’est aujourd’hui en activité. Les premiers parcs, de Fécamp, Saint-Nazaire et Courseulles-sur-mer, ne seront opérationnels qu’en 2022.

Mais l’AIE n’a pas de doutes. L’Europe investira massivement dans l’éolien offshore et devrait avoir une capacité installée de 130 GW d’ici 2040. Elle pourrait même atteindre 180 GW et l’éolien offshore deviendrait ainsi la première source d’électricité du continent… A l’AIE, on rêve aussi.

À propos de l’auteur

La rédaction

La rédaction

Newsletter

Voir aussi

Share This