<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> Voiture électrique: quatre spécialistes européens de la recharge rapide s’allient pour sauver leur modèle économique

21 avril 2025

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Voiture électrique: quatre spécialistes européens de la recharge rapide s’allient pour sauver leur modèle économique

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Les réseaux de recharge rapide pour véhicules électriques ne sont pas rentables. Des investissements très élevés qui ne sont pas rentabilisés par un nombre d’utilisateurs trop faibles, liés notamment au développement plus lent qu’espéré de la voiture électrique. Pour rendre la recharge moins contraignante et améliorer leur offre commerciale, quatre spécialistes européens de la recharge rapide, Electra (France), Ionity (Allemagne), Fastned (Pays-Bas) et Atlante (Italie) ont créé il y a quelques jours la Spark Alliance. Il s’agit juste aujourd’hui d’une alliance commerciale. Mais ils seront peut-être contraints d’aller plus loin.

L’un des problèmes clés du véhicule électrique tient à la capacité de le recharger rapidement sans trop de contraintes. Cela dépend évidemment de la densité des réseaux de bornes de recharge, de leur qualité et de la possibilité d’y accéder. Des réseaux qui se développent trop lentement, notamment pour la recharge rapide donc de forte puissance, du fait du coût des infrastructures, il faut amener beaucoup de puissance électrique, et de modèles économiques incertains. L’an dernier, Engie a fermé sa filiale spécialisée EVBox.

Voilà pourquoi partant de la maxime l’union fait la force, quatre spécialistes européens de la recharge rapide, Electra (France), Ionity (Allemagne), Fastned (Pays-Bas) et Atlante (Italie) ont annoncé il y a quelques jours la création de la Spark Alliance qui regroupe 1.700 stations de charge rapide dans 25 pays européens.

Facilité d’utilisation

Il n’est pas question pour le moment de rapprochements capitalistiques et encore moins de fusions mais d’une alliance commerciale afin de de facilité l’utilisation des stations des partenaires pour leurs clients et de la création ainsi d’une offre plus attractive. La Spark Alliance offre un réseau commun de 1.700 stations et 11.000 points de charge répartis dans 25 pays européens (voir la carte ci-dessous). L’alliance dépasse ainsi Tesla pour le nombre de stations (1.700 contre 1.450), mais pas pour celui des bornes, 11.000 contre 18.000 pour le constructeur américain.

Le réseau de la Spark Alliance. DR.

Il s’agit pour l’instant d’un rapprochement à minima visant à rendre la recharge des clients des quatre réseaux plus aisée. À partir du mois de juin, les applications mobiles des membres seront interopérables. Un automobiliste pourra ainsi lancer une recharge chez Fastned avec l’application d’Electra, ou régler chez Atlante en utilisant l’interface d’Ionity. La fonction « plug & charge » sera également étendue. Si le véhicule est enregistré chez l’un des opérateurs, il pourra donc se recharger sur n’importe quelle borne de l’alliance.

Même pas d’abonnement commun pour le moment

Pour l’instant, l’accord ne va pas plus loin. Les tarifs préférentiels ne sont pas partagés. Un abonné Electra paiera le prix fort chez Ionity, et vice-versa. Un abonnement commun est évoqué pour septembre, mais pas encore confirmé. Il s’agit aujourd’hui en quelque sorte d’un label de qualité, garantissant une recharge rapide et fiable à travers l’Europe. La promesse est celle du « réseau de recharge de véhicules électriques le plus étendu et le plus performant d’Europe »

Mais « chaque réseau conservera ses stations et ses logos », a précisé Michiel Langezaal, le Pdg de Fastned, au magazine Challenges. Les quatre entreprises restent indépendantes et concurrentes. La Spark Alliance ressemble ainsi aujourd’hui aux alliances commerciales existant entre compagnies aériennes.

Trouver un modèle économique qui ne conduise pas à la faillite

Il y a pourtant une nuance de taille, aucun des quatre réseaux n’est rentable aujourd’hui. Cela est lié à des investissements très lourds que le nombre plus faible qu’attendu de véhicules électriques en circulation ne permet pas de rentabiliser. Non seulement, les coûts techniques et économiques d’installation et de maintenance sont très élevés, mais il faut y ajouter des changements continus de la régulation et des normes à l’échelle européenne et de sérieux problèmes de sécurisation pour des équipements devenus des cibles privilégiées des hackers. Cela fait beaucoup…

Il va pourtant bien falloir que les opérateurs trouvent un modèle économique qui ne conduise pas à la faillite. « Nous serons rentables… un jour ! », a promis avec humour Stefano Terranova, le Pdg d’Atlante. Les membres de l’alliance sont dans une situation d’autant plus difficile qu’ils font face à des concurrents qui font de leurs réseaux des produits d’appel, que ce soit Tesla ou TotalEnergies. Le major pétrolier français entend même devenir le numéro un européen du secteur et projette d’avoir 1.700 stations de recharge d’ici 2030.

Pour les quatre fondateurs de la Spark Alliance, s’il s’agit donc logiquement d’une première étape avant d’aller un jour plus loin. Mais les obstacles à franchir ne sont pas négligeables. A commencer par le fait que les quatre partenaires sont très différents. Atlante, Fastned et Electra sont des entreprises indépendantes vouées exclusivement à la recharge. Ionity est un consortium soutenu par plusieurs constructeurs automobiles.

Maturité économique et industrielle

La création de la Spark Alliance a ainsi été compliquée. « La mise en place de l’accord a pris neuf mois », explique Aurélien de Meaux, le Pdg d’Electra, qui évoque des négociations longues et complexes entre avocats. L’impulsion a finalement été donnée par Jeroen van Tilburg, le patron de Ionity, qui est passé chez Tesla, Google et Netflix… et voit grand.

Une prochaine étape pourrait consister à faire des achats communs pour réduire les coûts des investissements. Les quatre partenaires utilisent le même fournisseur de bornes, Alpitronic. Et puis la Spark Alliance souhaite intégrer d’autres opérateurs de bornes de recharge. Il faut y voir, après l’enthousiasme exagéré sur le développement en Europe du véhicule électrique, l’arrivée souhaitable d’une certaine forme de maturité économique et industrielle.

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