<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> Quand la Chine parie sur des théories improbables pour trouver du pétrole

25 février 2025

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Quand la Chine parie sur des théories improbables pour trouver du pétrole

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Il existe une thèse très controversée et non démontrée selon laquelle il existerait profondément sous la surface de la terre des réservoirs d’hydrocarbures qui ne seraient pas issus de la décomposition de fossiles. Comme cela existe ailleurs dans le système solaire, par exemple sur Titan, la lune de Saturne. Pour en avoir le cœur net, la Chine s’est lancée dans un projet assez fou de creuser un forage à 15.000 mètres de profondeur. Ce qui n’a jamais été fait.

C’est une thèse pour le moins controversée. Elle a été avancée dans les années 1980 par l’astrophysicien Thomas Gold aujourd’hui disparu. Tout au long de sa carrière de scientifique, les théories originales de Thomas Gold ont été d’abord ridiculisées ou sous estimées avant des années plus tard d’être reconnues comme justes et vraisemblables dans de nombreux domaines allant des caractéristiques de l’audition humaine aux éruptions solaires en passant par les ondes électro magnétiques provenant de galaxies lointaines, le fonctionnement des pulsars ou même à celle de la panspermie expliquant la naissance de la vie sur terre.

Thomas Gold est un génie méconnu qui croyait aussi que les combustibles fossiles ne se forment pas seulement par décomposition biogénique (c’est-à-dire à partir de fossiles), mais par des processus inorganiques se produisant dans les profondeurs de la Terre à partir de dépôts profonds de carbone. Une théorie considérée comme problématique par la communauté scientifique dans son ensemble.

Toujours est-il qu’en 1986 Thomas Gold a voulu prouver sa théorie et a pris l’initiative de forer pour trouver du pétrole dans l’anneau de Siljan, près de Rättvik, en Suède. Un endroit qui a été le théâtre d’un impact très important de météorite il y a quelques 360 millions d’années. Pour Thomas Gold, il s’agissait d’un site idéal pour prouver sa théorie.

La thèse biogénique est amplement démontrée

Plusieurs années et 40 millions de dollars plus tard, quelque 80 barils de boues d’hydrocarbures ont bien été ramenés à la surface, ce qui a permis à Thomas Gold d’affirmer que l’expérience était un succès. La communauté scientifique ne partageait pas cet avis, car les hydrocarbures qui ont été trouvés provenaient du fluide de forage à base de diesel utilisé lors de l’opération. Compte tenu des résultats et des coûts, l’enthousiasme pour la théorie de Thomas Gold a rapidement disparu.

La théorie biogénique du pétrole est considérée comme une thèse scientifique difficilement réfutable et démontrée par d’innombrables preuves et expériences. A commencer par l’omniprésence de certains biomarqueurs dans tous les bassins pétroliers connus, la distribution des isotopes de carbone dans ces mélanges et la reproduction réussie en laboratoire des processus naturels permettant de produire des hydrocarbures à partir de fossiles. Cette théorie a aussi une grande valeur opérationnelle puisqu’elle est utilisée sur le terrain pour découvrir et exploiter pleinement les bassins d’hydrocarbures. Enfin, aucun volume significatif d’hydrocarbures abiotiques n’a jamais été trouvé sur Terre.

D’énormes quantités de méthane et d’éthane découvertes sur Titan

Mais cela n’empêche pas la persistance de la thèse selon laquelle des hydrocarbures abiotiques existent en grandes quantités loin sous la surface de la Terre. A l’appui de cette thèse, d’énormes quantités de méthane et d’éthane ont bien été trouvées ailleurs dans notre système solaire, notamment sur Titan, la plus grande lune de Saturne. La découverte d’un réservoir abiotique similaire sur notre planète modifierait considérablement l’économie mondiale. Voilà pourquoi la poursuite de la recherche de ces gisements hypothétiques se poursuit. Elle est un exemple classique de la théorie des prix à faible probabilité et à fort impact. On ne sait jamais… et cela vaut la peine de risquer quelques dizaines de millions.

C’est exactement le calcul que fait la Chine. Premier importateur mondial de pétrole, la Chine a construit sa sécurité énergétique sur le charbon, le nucléaire et les renouvelables. Elle compense ainsi ses réserves limitées de pétrole et de gaz. Mais démontrer que son sous-sol, même à grande profondeur, contient de grandes quantités d’hydrocarbures changerait tout.

Les intentions cachées chinoises

C’est dans ce contexte que s’inscrit cet intriguant communiqué officiel.  « La Chine a lancé une initiative ambitieuse pour développer des technologies et des équipements de forage de pointe, afin d’assurer son avenir énergétique et d’explorer les profondeurs de la Terre. Dans le cadre d’un mégaprojet national, l’initiative prévoit la mise au point du premier appareil de forage intelligent ultra-profond de 15.000 mètres ».

À 15.000 mètres, ce forage battrait tous les records de profondeur et permettrait d’expérimenter des technologies qui pourraient avoir un impact important, ne serait-ce que dans la géothermie d’extrême profondeur. En tout cas, la Chine a l’intention d’effectuer une percée, dans tous les sens du terme.

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