L’adoption automatique du budget 2025 par l’Assemblée Nationale à la suite du rejet de la motion de censure du gouvernement a permis de savoir maintenant exactement quelles sommes l’Etat va consacrer à la transition énergétique. L’une des aides considérées à la fois comme la plus indispensable et aussi comme l’une des plus controversées pour son efficacité limitée est la fameuse MaPrimRénov’. La rénovation énergétique des bâtiments et plus particulièrement des logements est un élément essentiel d’amélioration de l’efficacité énergétique et de réduction de la consommation de combustibles fossiles (fioul et gaz). Le secteur du bâtiment représente pas moins de 44% de la consommation finale d’énergie et 27% des émissions de gaz à effet de serre du pays…
Mais entre les réformes incessantes de MaPrimRénov’ depuis des années, minée par la spécialité française, la complexité bureaucratique, et les errements du fameux DPE (Diagnostic de performance énergétique) des logements, l’Etat a jusqu’à aujourd’hui surtout jeté l’argent par les fenêtres. Rappelons que la dernière réforme de MaPrimRénov’ au début de l’année 2024 a du être totalement revue après une révolte des artisans… et que les méthodes de calcul du DPE ont été modifiées il y a encore moins d’un an à la suite de la multiplication d’erreurs et de résultats aberrants.
Une baisse de 32% des dotations, mais la prime ne sera pas « rabotée »
En tout cas, l’Etat affectera cette année 2,1 milliards d’euros à MaPrimRénov’, ce qui équivaut à la somme versée en 2023. Elle est en baisse d’environ 16% par rapport à la version initiale du projet de loi de finances pour 2025 qui prévoyait 2,5 milliards d’euros et surtout de 32% par rapport aux 3,1 milliards d’euros alloués en 2024. Cela s’explique en partie par le fait que le rejet du budget présenté par le gouvernement Barnier a bloqué de facto le versement des aides depuis le début de l’année. Les paiements vont maintenant reprendre dès que la loi sera promulguée. C’est une question de jours.
Pourtant, dans un entretien à Ouest-France, la ministre du Logement, Valérie Létard, affirme : « on n’a pas raboté MaPrimeRénov’… On ne touche à rien puisque les paramètres d’attribution des aides et les montants ne changent pas. Sur les crédits de paiement, nous fournissons un effort pour accompagner la maîtrise de la dette publique de 460 millions d’euros », a-t-elle ajouté sans percevoir une « légère » contradiction avec sa phrase précédente… En fait, il n’y en a pas.
Taper dans la trésorerie de l’Anah
L’astuce va consister à ponctionner la trésorerie de l’Anah (Agence nationale de l’habitat) qui gère cahin-caha MaPrimRénov’ pour compenser la baisse de la dotation. « Nous pourrons mobiliser les réserves de l’Anah si besoin, et nous avons l’engagement de Bercy de pouvoir régulariser tous les paiements en fin d’année » a ajouté la ministre. L’exemple même d’une gestion rigoureuse des finances publiques !
L’effort pour maîtriser la dépense publique pourrait ne pas vraiment en être un. Car, «même s’il y a une réduction des crédits de paiement sur l’année 2025, il n’y aura pas de conséquences sur le versement des aides MaPrimeRénov’ » explique le ministère du Logement.
Du côté des professionnels du bâtiment, confrontés à une crise profonde de l’immobilier depuis plus d’un an, c’est le soulagement qui domine. « Après des semaines de montagnes russes, c’est un réel soulagement pour le secteur de la construction. (…) En matière de rénovation énergétique, le maintien du budget de MaPrimeRénov’, grâce à la pression des parlementaires, est un signal positif à reconfirmer d’ailleurs pour 2026 », se félicite la Fédération française du bâtiment.