<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> Le Royaume-Uni est passé la semaine dernière à deux doigts d’un blackout

13 janvier 2025

Temps de lecture : 3 minutes
Photo : Bougie wikimedia commons
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Le Royaume-Uni est passé la semaine dernière à deux doigts d’un blackout

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Du fait d’une production d’électricité éolienne presque inexistante, faute de vent, et d’une demande importante liée notamment à une vague de froid, le Royaume-Uni a été à deux doigts de coupures brutales de courant le 8 janvier dernier en fin de journée. Par chance, une interconnexion sous-marine avec le Danemark permettant d’importer de l’électricité, qui devait être ce jour-là arrêtée pour maintenance, a fonctionné et évité que dans une partie du pays, les feux de circulation, les éclairages publics et privés, les trains, les métros, les thermostats et les pompes des systèmes de chauffage… s'arrêtent brutalement.

La production d’électricité par des renouvelables intermittents (éolien et solaire) permet, sans conteste, de limiter les émissions de gaz à effet de serre. Surtout l’éolien, car la fabrication des panneaux solaires a une empreinte carbone non négligeable. Mais, on le sait depuis longtemps et on feint souvent de l’ignorer, les renouvelables intermittents présentent aussi de sérieux inconvénients. Ils soumettent les capacités de production à la météorologie (vent et ensoleillement) et perturbent considérablement les marchés de l’électricité avec une production soit surabondante (les prix s’effondrent) ou trop faible (les prix s’envolent). Ils nécessitent du fait de leur intermittence la présence de capacités de production de substitution qui demandent des investissements importants, qu’il est très difficile de rentabiliser et qui en-dehors du nucléaire et de l’hydraulique ont un impact néfaste sur les émissions.

L’illusion des capacités de stockage d’électricité

Alors bien sûr, les politiques, les technocrates, les militants et les experts auto-proclamés expliquent sans cesse que la solution consiste à stocker l’électricité. Sauf qu’il s’agit d’une vue de l’esprit. Il n’existe aujourd’hui aucun moyen accessible techniquement et économiquement de stocker de l’électricité à grande échelle et notamment à celle des besoins d’un pays, d’une région ou d’une métropole. Seules les STEPs ( Stations de transfert d’énergie par pompage) offrent une possibilité d’une ampleur appréciable, mais la géographie du Royaume-Uni n’offre pas beaucoup de possibilités.

Voilà pourquoi le Royaume-Uni a offert la semaine dernière une démonstration en grandeur réelle du problème posé par les renouvelables intermittents. Les dirigeants du pays se sont félicités qu’en 2024 un record ait été battu avec 45% de l’électricité produite provenant des renouvelables (et 13% du nucléaire). Dans la foulée et dans l’enthousiasme, le gouvernement s’est engagé à ce que la production bas carbone couvre 100% de la demande d’électricité d’ici 2030. Il aurait mieux fait de s’abstenir.

Le 8 janvier à 17 heures 30

Le 8 janvier dernier en fin de journée, très exactement à 17 heures 30 à la nuit tombée, tandis qu’une vague de froid traversait le pays, il a été à deux doigts du blackout du fait d’une production insuffisante. La marge entre la demande d’électricité et l’offre disponible est devenue si étroite que la moindre panne d’une seule centrale, même petite, aurait contraint à des coupures de courant et peut-être à un effondrement d’une partie du réseau. Il ne s’agit pas d’une pure hypothèse. Un peu plus tôt dans la journée, deux centrales avaient connu des problèmes et ont cessé de produire pendant quelques temps.

Le National Electricity System Operator (NESO), l’entreprise publique qui gère le réseau électrique du Royaume-Uni, a minimisé le risque. Mais elle n’a pas vraiment contesté les faits et les chiffres avancés par plusieurs experts.

Les éoliennes à l’arrêt

NESO s’était félicité bruyamment qu’en 2024, les éoliennes ont été la première source de production d’électricité du pays (30%) devant les centrales à gaz. Le vent avait produit dans ses meilleurs jours plus de 22 gigawatts heure (GWh).

Mais le 8 janvier en fin de journée, la production éolienne était de seulement 2,5 GWh tandis que la demande était de 46,825 GWh. Les centrales à gaz ont été obligées de tourner à plein régime et il a fallu en catastrophe mettre en service, pour des coûts considérables, les centrales maintenues en réserve.

De la chance et des vies humaines en jeu

L’offre totale disponible de toutes les sources de production électrique britanniques et des interconnexions sous-marines permettant d’importer de l’électricité d’Europe continentale n’était que de 47,405 GW, laissant une marge de seulement 580 mégawatts (MW). Et encore, la catastrophe a vraiment été évitée de peu et avec de la chance car l’une des interconnexions baptisée Viking, qui relie la Grande-Bretagne au Danemark, devait être fermée le 8 janvier pour maintenance. Elle a une capacité de 700 MW. Heureusement, il s’est avéré qu’elle était disponible, ce qui a permis d’éviter des coupures de courant.

Neso explique qu’il y aurait eu des « déconnexions tournantes » affectant chaque région à tour de rôle pour garantir une « répartition équitable » des difficultés. Mais s’il y avait eu des coupures, il est probable que des personnes en seraient mortes…

Les feux de circulation et les éclairages publics et privés auraient cessé de fonctionner tout comme les trains et les métros. Sans électricité pour leurs thermostats et leurs pompes, les systèmes de chauffage central au gaz auraient également cessé de fonctionner, au moment où le froid se fait le plus mordant. Il n’est pas exagéré du tout de considérer que le Royaume-Uni a frôlé une catastrophe et que cela pourrait se reproduire dans les jours et les semaines à venir. Selon l’agence Reuters, les réserves de gaz du Royaume-Uni étaient le 9 janvier à un niveau inférieur de 26% à celui de janvier 2024. Environ 75% des foyers britanniques sont chauffés au gaz.

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