<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> La Chine veut construire au Tibet le plus grand barrage au monde

9 janvier 2025

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La Chine veut construire au Tibet le plus grand barrage au monde

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Pour décarboner sa production d’électricité qui reste très majoritairement dépendante des centrales à charbon et aussi pour des raisons politiques et de relance de son économie, la Chine a annoncé son intention de lancer un projet colossal, de plus de 137 milliards de dollars, la construction du plus grand barrage au monde, le barrage Motuo sur le fleuve Yarlung Tsangpo situé sur le haut plateau tibétain. La Chine possède déjà le plus grand barrage au monde, celui des Trois Gorges sur le Yangtze. Le projet pharaonique Motuo n’est pas sans créer de sérieux problèmes techniques, politiques, géopolitiques et environnementaux. Il faudrait déplacer 1,2 million de personnes et lorsque le fleuve Yarlung Tsangpo change de nom et devient le Brahmapoutre, il traverse l'Inde et le Bangladesh…

La Chine devenue l’usine du monde a un problème de besoins insatiables d’électricité, d’émissions de gaz à effet de serre et plus particulièrement de dépendance à l’égard du charbon qui assure la production de 60% de son électricité. Pour répondre à la demande, elle continue à construire massivement des centrales à charbon tout en développant tout aussi massivement les renouvelables intermittents (éolien et solaire) et le nucléaire. Mais cela ne suffit pas. La solution pour Pékin passe par de nouveaux barrages, des ouvrages pharaoniques.

Ainsi, non contente d’avoir battu tous les records avec le barrage des Trois Gorges, la Chine veut faire trois plus gros avec son projet de barrage de Motuo, sur le fleuve Yarlung Tsangpo (voir la photographie ci-dessus) situé sur le haut plateau tibétain. Le projet a obtenu officiellement un feu vert à la fin de l’année dernière. Un investissement évalué à plus de 137 milliards de dollars (1.000 milliard de yuans) d’ici 2045. Il aurait une capacité de 60 Gigawatt, presque le triple du barrage des Trois Gorges (22,5 GW). Pour donner un ordre d’idée, la puissance du barrage de Motuo serait 36 fois celle du nouveau réacteur nucléaire EPR de dernière génération de Flamanville.

Déplacer 1,2 million de Tibétains

Pour rappel, la construction du barrage des Trois Gorges qui enjambe le fleuve Yangtze a commencé en 1994 et il est entré progressivement en service entre 2003 et 2012. Sa hauteur est de 185 mètres et sa longueur de plus de 2.300 mètres. Sa construction a nécessité 28 millions de mètres cubes de béton et suffisamment d’acier pour construire 63 copies de la Tour Eiffel. Il a fallu 40.000 personnes pour le faire pour un coût total de 37 milliards de dollars. Il peut contenir 40 milliards de mètres cubes d’eau. Le barrage des Trois Gorges a battu le record de production d’électricité en 2020 avec 111.795 GWh, près du tiers de la production du parc nucléaire français.

Et plus surprenant, des physiciens ont démontré que quand le barrage est rempli il augmente le « moment d’inertie » de la terre et donc sa durée de rotation sur elle-même et la durée d’une journée de 0,06 microseconde, 60 milliardièmes de seconde ! Mais les Trois Gorges, ce n’est rien à côté de ce que pourrait être le futur barrage de Motuo dont la construction éventuelle pose de considérables problèmes techniques, politiques, géopolitiques et environnementaux. D’abord, il faudrait déplacer 1,2 million de Tibétains et noyer sous les eaux des temples, des monuments, des réserves naturelles protégées.

L’Inde et le Bangladesh s’inquiètent

Et lorsque le Yarlung Tsangpo long de 2.900 kilomètres change de nom et devient le Brahmapoutre, il traverse l’Inde et le Bangladesh, deux pays inquiets de voir la Chine prendre le contrôle d’une ressource en eau vitale pour eux. La Chine a affirmé ses « droits légitimes » à développer le fleuve et a assuré dans le même temps que le projet n’aurait « aucun effet négatif en aval ». Mais l’Inde ne fait aucune confiance à la parole de Pékin. Elle vient de faire part officiellement de ses préoccupations et assure qu’elle « fera le nécessaire pour protéger ses intérêts ».

C’est sur le plateau du Tibet que les plus grands fleuves d’Asie prennent leur source et alimentent 1,8 milliard de personnes… Et puis, il y a aussi des problèmes techniques. La région du Tibet où sera construit le barrage est fortement sismique. Il y a des risques de tremblements de terre, de glissements de terrains, d’inondations…

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