La plupart des filières industrielles de la transition sont confrontées aujourd’hui aux dures réalités de la construction d’écosystèmes et de modèles économiques pérennes. Cela ne se décrète pas par des décisions des gouvernements et des institutions internationales, contrairement à ce que pensent les technocrates, les politiques et les militants. Résultat, l’industrie automobile européenne est dans une situation dramatique tout comme ce qui reste du photovoltaïque et dans une moindre mesure l’éolien.
L’industrie naissante de l’hydrogène bas carbone se trouve dans une situation elle aussi difficile. Faute de demande liée aux coûts importants de l’hydrogène « vert » et de capacités de productions suffisantes permettant d’abaisser les coûts, conséquence justement de la faiblesse de la demande dans l’industrie et les transports. Une équation qui semble presque insoluble.
« En cessation de paiement… »
Illustration, Hyvia, la coentreprise de Renault créée pour développer des véhicules utilitaires électriques fonctionnant à l’hydrogène via une pile à combustible est au bord de la faillite et en cessation de paiement. Le syndicat Force ouvrière de Renault et la CGT ont été informés que la société « était en cessation de paiement et allait probablement vers une liquidation ». Basée à Flins dans les Yvelines, Hyvia compte 110 salariés. Fondée en 2021, Hyvia devait permettre la reconversion des activités de l’usine Renault de Flins où l’assemblage des véhicules a cessé.
Hyvia propose l’ensemble des éléments permettant de faire fonctionner des utilitaires à hydrogène : les véhicules, les solutions de recharge et la production des piles à combustible. Ces utilitaires offrent une bien plus grande facilité d’usage que les véhicules électriques à batteries avec une plus grande autonomie et une recharge de leur réservoir d’hydrogène en quelques minutes. Mais compte tenu notamment d’un niveau de production très faible, ils sont très coûteux (70.000 euros) et la demande n’est pas au rendez-vous. En outre, la production d’hydrogène vert ou décarbone tarde également à décoller.
Trouver des solutions de continuation de l’activité
La direction laisse entendre qu’elle espère toujours trouver des solutions auprès des deux actionnaires à parts égales de la société, Renault et l’Américain Plug Power. « L’entreprise travaille à diverses possibilités qu’elle étudie avec ses actionnaires. Il y a une procédure légale qui est engagée pour identifier et évaluer les différentes solutions », explique-t-elle dans un communiqué.
Il y a encore quelques semaines Renault présentait un prototype d’utilitaire à hydrogène mis au point par Hyvia, le Master H2 (voir la photographie ci-dessus). Il promettait 700 kilomètres d’autonomie et devait être fabriqué à l’usine de Batilly en Meurthe-et- Moselle, sur les mêmes lignes de production que les autres Master.