<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> EDF veut profiter, maladroitement, des Jeux Olympiques

29 juillet 2024

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EDF veut profiter, maladroitement, des Jeux Olympiques

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L’énergéticien public, « partenaire premium » des Jeux, entend utiliser l’évènement pour redorer son blason en France et à l’étranger et montrer son savoir-faire technologique. Mais tout cela sans mettre son nucléaire en avant pour se conformer au politiquement correct à la sauce verte en clamant que son électricité est « 100% renouvelable ». Cela d’abord n’a aucun sens sur le plan technique. On ne peut pas trier les électrons. Ensuite, il aurait mieux valu expliquer que le plus important est que l’électricité soit la plus décarbonée possible. Ce que justement EDF sait faire presque comme aucun de ses concurrents dans le monde. Le groupe aurait aussi pu annoncer, pourquoi pas, le démarrage de son EPR de Flamanville. On peut toujours rêver…

Il y a de nombreux intérêts politiques et économiques qui entendent tirer parti des Jeux Olympiques, de leur retentissement dans le monde, et de l’engouement, plus ou moins important, de la population française. C’est aussi le cas d’EDF, l’énergéticien public français qui a besoin de redorer son blason tant auprès de ses clients français, entreprises comme particuliers, que des potentiels marchés à l’international et des investisseurs. La République tchèque, par exemple, n’a pas été vraiment convaincue par les réacteurs nucléaires EPR de dernière génération du groupe français et vient de leur préférer il y a quelques jours les réacteurs du groupe sud-coréen KHNP pour produire de l’électricité décarbonée.

Pour en revenir aux Jeux, EDF est « partenaire premium » et fournisseur officiel d’électricité de l’événement suivi par environ 2 milliards de personnes. Une occasion de mettre en avant son mix électrique quasi intégralement décarboné et sa technologie. Cela a été le cas, par exemple, avec la vasque olympique (voir l’image ci-dessus). Suspendue à un immense ballon d’hélium dans le ciel des tuileries, hommage au scientifique Jacques Michel qui en 1783 a fait voler le même type de ballon au même endroit, la vasque s’est distinguée surtout par ce qui fait office de flamme. Pour la première fois, pas de gaz, mais de l’électricité. EDF a imaginé et dessiné une flamme olympique ne fonctionnant qu’à… l’électricité et à l’eau. 40 projecteurs LEDs et 200 brumisateurs donnent l’impression bluffante d’une flamme mais sans aucune émission.

Un étrange engagement de « 100% renouvelable » qui techniquement n’a aucun sens

On est moins convaincu avec l’engagement pris d’une électricité « 100% renouvelable » qui a toutes les caractéristiques du politiquement correct à la sauce verte. Cet élément faisait partie du cahier des charges du comité d’organisation fixé en 2019, avant le retour en grâce soudain du nucléaire et la compréhension tardive que le critère essentiel aujourd’hui est de produire de l’électricité bas carbone. Et que l’électricité la moins carbonée qui soit est nucléaire…  De plus, les renouvelables éolien et solaire sont en outre intermittents. Il leur faut du vent ou du soleil, sinon rien.

Le problème est que tout cela alimente la confusion. Il est impossible techniquement d’assurer que les électrons assurant l’alimentation des sites olympiques proviennent effectivement de sites de production d’électricité renouvelable, à fortiori à Paris, où ceux-ci sont rares. Un électron parcourant toujours le chemin le plus court, l’électricité utilisée par l’organisation des jeux est donc – encore plus que la moyenne française – très majoritairement d’origine nucléaire.

« Le nucléaire honteux »

Ces considérations techniques sont effacées par un artifice comptable et de communication : l’achat de garanties d’origine. Il est en effet possible à un consommateur d’acheter – pour l’équivalent de sa consommation – des garanties d’origine pour aider les producteurs d’énergie renouvelable à se développer, et à revendiquer ainsi comme le fait EDF « une énergie 100% renouvelable ». Un positionnement marketing qui vient à l’origine d’une demande du client, dans un contexte alors totalement différent, qui est pourtant dommageable. Il est l’incarnation de ce que d’aucun aiment à appeler le « nucléaire honteux ».

Il aurait été plus judicieux de profiter des olympiades pour mettre en lumière le savoir-faire nucléaire du pays et l’exposer aux yeux du monde entier. Voir, rêvons, démarrer l’EPR de Flamanville au cours de cette quinzaine. Offrant un joli coût de de communication à la filière atomique française. Dommage.

Philippe Thomazo

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