L’élection présidentielle américaine a des conséquences considérables en matière géopolitique, économique… et énergétique. Qu’on le veuille ou non, les Etats-Unis, même déclinants, restent la première puissance mondiale militaire, économique et financière. Et le virage considérable pris par l’administration Biden en lançant les Etats-Unis dans la course aux technologies de la transition via à l’été 2022 la fameuse loi IRA (Inflation reduction act) et des financements massifs de son industrie ont eu des conséquences planétaires, notamment pour l’Europe.
Le cœur de sa campagne
Donald Trump a promis de mener une toute autre politique énergétique de renforcer la souveraineté américaine et d’abaisser le prix de l’énergie presque par tous les moyens. Le candidat républicain à sa réélection a fait des questions d’immigration… et d’énergie le cœur de sa campagne affirmant à plusieurs reprises que s’il était « dictateur pour un jour », il s’attaquerait à deux questions : « le forage et la fermeture des frontières».
Rappelons que Donald Trump avait quand il était Président décidé de sortir des accords de Paris de la COP 21 de 2015 sur le climat affirmant qu’ils affaiblissaient le potentiel économique du pays. S’il est réélu le 5 novembre dans un peu plus de trois mois, les experts du parti républicain et le site de campagne du candidat affirment qu’une fois à la Maison Blanche, il démantèlera une bonne partie des lois et règlements de l’administration Biden en faveur de la transition et favorisera les énergies fossiles.
Mais il lui faudra une majorité au Sénat et à la Chambre des représentants
Les experts pensent que M. Trump cherchera également à mettre fin aux allégements fiscaux prévus par la loi IRA afin d’utiliser l’argent dans d’autres secteurs. Toutefois, cela ne dépendra pas que de lui. Il faudra pour cela que les républicains contrôlent à la fois la Chambre des représentants et le Sénat après les élections de novembre, ce qui est très loin d’être assuré.
Par ailleurs, Donald Trump n’a cessé de clamer son opposition aux véhicules électriques et encouragera très probablement les constructeurs automobiles à continuer à fabriquer des véhicules à moteur à combustion interne plus longtemps. Toute initiative visant à ralentir le développement du marché des véhicules électriques soutiendra la demande américaine de pétrole.
Dans le gaz naturel et plus particulièrement le GNL (Gaz naturel liquéfié), une administration Trump devrait sûrement permettre aux compagnies pétrolières et gazières de mener à bien tous leurs projets de développement contrairement au gouvernement de Joe Biden. Il faut dire que l’invasion de l’Ukraine et la nécessité pour les pays européens de remplacer le gaz russe a fait en quelques mois des Etats-Unis le premier exportateur mondiale de GNL.
Des obstacles techniques et… politiques
Cela dit, il y a pourtant de sérieux obstacles aux ambitions de relance pétrolière et gazière de Donald Trump. Tout assouplissement réglementaire de l’industrie pétrolière américaine n’aura un impact que sur la production à moyen et long terme et non sur l’approvisionnement immédiat expliquent les analystes de Goldman Sachs dans une note publiée par l’agence Reuters. Ils considèrent aussi que la croissance de l’exploitation du bassin permien, dans lequel se trouve l’essentiel des ressources américaines de pétrole et de gaz de schiste, ne peut que ralentir.
« La croissance annuelle de la production moyenne dans le bassin du Permien devrait de diminuer progressivement d’un niveau exceptionnellement élevé de 520.000 barils par jour en 2023 à 340.000 barils par jour cette année et 270.000 barils par jour en 2026, ce qui reste robuste », souliste Yulia Grigsby, économiste de l’énergie de Goldman Sachs Research.
Et pour une autre grande banque américaine, Citi, « Trump pourrait faire reculer les politiques environnementales, bien que l’abandon total de la loi sur la réduction de l’inflation [IRA] semble peu probable en raison de ses impacts positifs dans les États rouges [républicains] ».