<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> Nucléaire: les turbines Arabelle retournent enfin dans le giron français

1 juin 2024

Temps de lecture : 3 minutes
Photo : Turbine Arabelle Belfort
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Nucléaire: les turbines Arabelle retournent enfin dans le giron français

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Emmanuel Macron n’a pas pu s’empêcher d’annoncer triomphalement à la presse régionale le rachat par EDF des activités nucléaires de l’américain General Electric (GE) et notamment de la fabrication des turbines à vapeur Arabelle à Belfort, les plus puissantes au monde. Cela permet au Président d’effacer, au moins en partie, l’erreur magistrale qu’il avait commise en tant que conseiller économique de François Hollande puis ministre de l’Economie en téléguidant la vente en 2015 des activités nucléaires d’Alstom à GE. Effacer cette erreur aura coûté cher et pris beaucoup de temps... presque dix ans.

Il aura fallu plus de deux ans pour concrétiser une promesse, mais finalement Emmanuel Macron est parvenu à effacer l’erreur magistrale qu’il avait commise en tant que conseiller économique de François Hollande et ensuite ministre de l’Economie en téléguidant la vente en 2015 des activités nucléaires d’Alstom à l’américain General Electric (GE) comprenant surtout la fabrication des turbines à vapeur Arabelle. A tel point que le Président n’a pas pu s’empêcher de l’annoncer triomphalement dans un entretien accordé aux quotidiens régionaux du groupe EBRA. Il aurait pu faire preuve d’un peu plus de retenue. Car effacer son erreur aura coûté cher et pris beaucoup de temps… presque dix ans.

Le chef de l’Etat n’a d’ailleurs plas dévoilé le montant du rachat de GE Steam Power par le groupe public français « qui relève d’une discussion entre EDF et GE ». Il a néanmoins confirmé implicitement que la cession à GE posait un sérieux problème. « Cette transaction va nous permettre de reprendre en main la production des turbines, et elle pourra être rentabilisée car nous produirons pour nous-mêmes et pour les autres ».

Un fiasco sur toute la ligne

L’opération avait tourné au fiasco. GE n’a jamais tenu ses engagements en matière de technologie comme d’emplois. Au lieu de développer la société, le groupe américain n’a cessé de tailler dans ses effectifs. En neuf ans, le conglomérat américain a supprimé 5.000 postes en France dont 1.200 dans l’usine de Belfort. Pour faire oublier ces errements, le candidat Macron à sa réélection avait contraint en février 2022 EDF, en situation financière pourtant délicate, à racheter au prix fort l’activité de fabrication des turbines située à Belfort à GE. C’était le prélude à sa soudaine et inattendue conversion à l’énergie nucléaire.

Mais l’opération a pris beaucoup de temps à la fois pour des raisons officielles, la présence parmi les acheteurs des turbines Arabelle du russe Rosatom, et officieuses… Avec la relance du nucléaire dans le monde, Washington avait beaucoup moins envie de voir la France remettre la main sur les turbines Arabelle.

Des turbines devenues un objet de convoitise

Elles sont tout simplement les plus puissantes au monde, 1.100 tonnes et 70 mètres de long, et produiront l’électricité des EPR construits par EDF, comme celui de Flamanville ou ceux d’Hinkley point au Royaume-Uni et des 6 à 14 EPR2 que la France entend maintenant construire. Mais elles équipent aussi des projets menés par le russe Rosatom en Turquie, en Hongrie, en Bulgarie et en Egypte. Et c’est là où le bât blesse. La présence parmi les clients de GE de Rosatom était l’obstacle officiel à la finalisation de la transaction, du fait de l’invasion de l’Ukraine par la Russie et des sanctions qui en ont découlé contre Moscou. L’administration américaine devait donner son feu vert à ce qui est devenu un transfert de technologie sous contrôle américain à une entreprise russe.

Dans les faits, ce n’était pas seulement Rosatom qui posait problème… mais la relance du nucléaire dans le monde. De plus en plus de pays ont décidé de construire de nouvelles centrales. Ils sont pas moins de 22 à avoir ainsi pris l’engagement en décembre dernier lors de la COP28 de tripler la production d’électricité nucléaire dans le monde d’ici 2050. Ce qui se traduira par des centaines de milliards d’euros ou de dollars d’investissements. Et ce n’est pas tout. Plus d’une dizaine d’Etats américains envisagent de remplacer leurs centrales à charbon par des centrales nucléaires. Français, Américains, Coréens, Russes et Chinois sont en compétition pour construire les réacteurs du futur. En bloquant le rachat d’Arabelle, Washington pouvait priver la France d’un atout précieux.

Une Golden Share (action préférentielle) comme argument décisif

La France avait fort heureusement quelques arguments juridiques à faire valoir. D’abord, EDF et GE ont signé en février 2022 « un accord d’exclusivité » pour négocier le rachat de GE Steam Power. Mais surtout, l’Agence des participations de l’Etat détenait encore heureusement un contrôle sur le destin de cette activité car elle possèdait une Golden Share (action préférentielle) dans la structure qui au sein de GE fabrique les turbines pour centrales nucléaires, à savoir GE Steam Power. Cette entité a environ 9.000 salariés dans le monde dont 2.700 en France.

La nouvelle de la finalisation de la transaction a été accueillie avec bonheur par les salariés à Belfort.« C’est un soulagement de sortir de la période d’incertitudes. Cela ouvre d’autres questions : quel projet industriel pour notre entité », a déclaré Laurent Santoire, de la CGT. « On a plein de questions sans réponses. On attend impatiemment de rencontrer notre direction et notre repreneur pour discuter des sujets de stratégie, d’investissements », a ajouté Laurent Humbert, de la CFE-CGC.

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