Greta Thunberg, la passionaria suédoise de la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre, n’a pas pris l’avion pour se rendre aux Etats-Unis et participer le 23 septembre au sommet mondial sur le climat organisé par le Secrétaire général de l’ONU. Pour aller à New York, elle voyage à bord d’un voilier de course ultra sophistiqué, le Malizia II, skippé par Pierre Casiraghi, le fils cadet de la princesse Caroline de Monaco. Une opération de communication visant à dénoncer les gaz à effet de serre émis par le transport aérien, qui tourne depuis quelques jours au fiasco…
Cinq membres d’équipage se rendront en avion à New York pour ramener le bateau, écrit le journal allemand Die Tageszeitung. Le skipper rentrera lui aussi en Europe… en avion. Si Greta Thunberg et son père s’étaient rendus à New York en avion, deux billets auraient suffi.
Greta Thunberg et la famille princière monégasque ne sont pas des cas isolés de moralisateurs pris soudain en flagrant délit d’hypocrisie. Dans la famille royale britannique, le Prince Harry et la Princesse Meghan Markle ont provoqué le même type de controverse en donnant des leçons publiques sur le changement climatique tout en volant autour du monde en avions privés. «Avec près de 7,7 milliards de personnes sur terre, chaque décision, chaque empreinte, fait une différence» expliquait la duc du Sussex sur Instagram avant de prendre un avion quelques jours plus tard avec la princesse pour se rendre à Ibiza en Espagne et à Nice en France. La BBC a calculé que ses deux vols ont produit six fois plus d’émissions de CO2 que l’anglais moyen en une année.
Prêcher par l’exemple
Des célébrités proches du Prince et de la Princesse se sont précipitées pour les défendre alimentant encore un peu plus les critiques contre des «élites» qui considèrent que les contraintes morales qu’elles entendent imposer aux autres ne s’appliquent pas à elles. Le chanteur Elton John a été jusqu’à demander à la presse de cesser «cet assassinat». Ce à quoi ont répondu sur les réseaux sociaux des britanniques en demandant au couple princier de cesser de donner des leçons et de commencer par prêcher par l’exemple.
Le monde politique et celui du spectacle, notamment à Hollywood, n’échappent pas à la même hypocrisie. A la fin du mois de juillet, Leonardo DiCaprio, Katy Perry, Chris Martin, Harry Styles, Nick Jonas, Priyanka Chopra, Orlando Bloom et bien d’autres «people» se sont rendus en jets privés à une conférence «secrète» et très «select» organisée en Sicile par Google dont l’objet était de travailler sur de nouvelles méthodes pour défendre moralement la lutte contre le changement climatique. Le Prince Harry a même donné à cette occasion un discours pieds nus. Selon The Sun, il y avait en tout 114 jets et super yachts…
Un autre défenseur emblématique de la cause climatique, l’ancien vice-président des Etats-Unis, Al Gore, s’est lui aussi retrouvé il y a déjà deux ans au coeur d’une polémique similaire. Il habite une maison de 20 pièces qui utilise 12 fois plus d’énergie que celle d’un américain moyen et explique dans le même temps que «nous allons devoir changer notre mode de vie». Il y a quelques jours, la maire de Paris, Anne Hidalgo, qui entend chasser les voitures à moteur thermique de sa ville, avait toutes les peines du monde à expliquer pourquoi elle avait emprunté un avion privé et un hélicoptère pour assister à une étape du Tour de France. Même Nicolas Hulot n’avait pas été épargné, en 2017, par une controverse sur les neuf véhicules à moteur dont six voitures qu’il possédait alors, selon sa déclaration de patrimoine de Ministre de la transition écologique et solidaire.
Une morale de pacotille
Comme le résume un article de la revue Forbes s’adressant surtout aux «people»: «vous pouvez être riches, célèbres, vous donner en spectacle… mais ne venez pas nous dire comment nous devons vivre». Quant à Greta Thunberg, son tort est de se présenter comme un parangon de vertu donnant une leçon de sincérité et de responsabilité aux adultes.
Le problème avec Greta Thunberg comme avec le Prince Harry, Leonardo DiCaprio ou Al Gore, est que leurs leçons de morale constituent l’essentiel de leurs discours. Les uns comme les autres cherchent à culpabiliser et à inciter la population à «mieux» se comporter. Mais leur morale est contestable, voire même stupide. A tel point qu’ils sont tous bien incapables de la respecter. Il est impossible aujourd’hui de vivre «moralement», si la morale consiste à se passer des énergies fossiles. Elles restent malheureusement indispensables à la vie moderne.
Poser le problème d’un point de vue moral est d’ailleurs la meilleure façon de ne pas se donner les moyens de le résoudre. Les célébrités ne devraient surtout pas expliquer aux gens «ordinaires» comment ils doivent vivre, moins bien, mais militer activement pour changer la façon dont l’énergie est produite. Sortir de la dramatisation, de l’émotion facile et des prophéties apocalyptiques et faire appel à la raison, la science et la technologie pour expliquer quels sont les moyens à notre disposition pour surmonter les problèmes. C’est bien plus difficile et moins médiatique…