<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> L’EPR de Flamanville, 17 ans après

29 avril 2024

Temps de lecture : 3 minutes
Photo : Chantier réacteur nucléaire EPR Flamanville
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L’EPR de Flamanville, 17 ans après

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Selon des sources internes, le chargement du combustible du premier réacteur nucléaire de 3ème génération construit en France, l’EPR de Flamanville, doit commencer le 2 mai. Un soulagement après un chantier cauchemardesque lancé en 2007 qui a accumulé les déboires, les retards et les surcoûts. La première divergence, c’est-à-dire le début de la réaction en chaîne, devrait intervenir dans le courant du mois de mai et Emmanuel Macron pourrait y assister.

Nous y sommes enfin. Pas moins de 17 années après l’ouverture de son chantier, l’EPR de Flamanville, premier réacteur nucléaire de 3ème génération construit sur le sol français, va enfin fonctionner. Si ni EDF ni l’ASN (Autorité de sûreté nucléaire) ne l’ont encore officiellement confirmé, des sources internes indiquent que la première étape du démarrage, le chargement du combustible, commencera le 2 mai.

L’étape suivante sera celle de la première divergence du cœur, c’est-à-dire le début du processus de réaction en chaîne de fission nucléaire et le moment à partir duquel on pourra considérer le réacteur comme étant en fonctionnement. Elle devrait intervenir dans la foulée du chargement du combustible, dans le courant du mois de mai. Selon La Presse de la Manche, des rumeurs insistantes font état de la présence du Président de la République, Emmanuel Macron, lors de cette opération.

Cela fait en tout cas plus de 20 ans (et le démarrage de Civaux 2 en 1999) qu’un réacteur nucléaire électrogène n’avait pas connu sa première divergence en France. Un symbole fort, à l’heure où la relance du nucléaire semble s’incarner plus dans les mots plus que dans les actes.

Commande des six cuves des futures EPR2 de Penly, Gravelines et Bugey

La loi des séries veut qu’une bonne nouvelle n’arrive jamais seule. Dans la foulée, EDF a en effet passé une commande historique auprès de sa filiale Framatome. Six cuves, des générateurs de vapeurs et des pressuriseurs sont concernés, pour équiper les futures paires d’EPR2 de Penly, Gravelines et Bugey. Ce méga contrat d’un montant de 8 milliards d’euros vient concrétiser enfin le projet de construction en série de ses nouveaux réacteurs annoncé en fanfare en février 2022 par Emmanuel Macron.

Cela dit, tous les obstacles à cette relance d’un programme de construction de réacteurs sont loin d’être levés. A commencer, par le plus important : le plan de financement. Le gouvernement n’a toujours pas tranché entre les différentes options possibles (participation de l’industrie lourde, prêts bonifiés grâce au livret A… ).

Et puis l’intérêt même de ces EPR2 est encore contesté à l’heure où la consommation d’électricité en France reste stagnante, démentant les prévisions de RTE. L’électricité décarbonée étant en France plus taxée que les énergies fossiles, il y a urgence à agir sur les prix de l’électricité pour les consommateurs particuliers comme entreprises … afin d’accélérer le mouvement d’électrification. Rappelons qu’il est tout indispensable à la transition énergétique et à la substitution d’énergies décarbonées aux combustibles fossiles. Si la France s’enfonce dans le déclin économique et industriel et l’appauvrissement les nouveaux réacteurs n’auront qu’une utilité limitée.

Le SMR d’EDF accélère

Autre éclaircie après celle des EPR2, le projet de SMR (petit réacteur modulable) baptisé Nuward, porté par EDF et Technicatome (qui fabrique les mini chaudières nucléaires des bâtiments de la Marine Nationale), voit son horizon s’éclaircir. Le financement de son développement pourra être subventionné par l’Etat.

Les règles concurrentielles de la Commission européenne interdisent les aides directes aux projets de production électrique, sauf exception. Et exception il y a. La Commissaire européenne à la concurrence, la danoise Margrethe Vestager, a donné son accord à une subvention exceptionnelle de 300 millions d’euros de l’Etat à Nuward. « Ce projet contribuera à la décarbonation des systèmes énergétiques et à l’autonomie stratégique ouverte de l’UE, tout en limitant les éventuelles distorsions de concurrence » a-t-elle déclaré. Si même à Bruxelles, les obstacles mis depuis des années au développement de nucléaire sautent, il y a toutes les raisons d’être optimistes sur la renaissance de cette filière. Il lui reste à prouver qu’elle est capable de répondre aux attentes dans de meilleures conditions qu’à Flamanville.

Philippe Thomazo

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