On ne peut pas dire que la gestion de ses chantiers par EDF soit un modèle. C’est même exactement le contraire, une catastrophe. Cela a été et est le cas pour les EPR de Olkiluoto en Finlande, de Flamanville en Normandie et de Hinkley Point au Royaume-Uni. Pour mémoire, la facture de Flamanville est passée de 3,3 à 19 milliards d’euros… Au Royaume-Uni, EDF annonce désormais un coût prévisionnel de 31 à 35 milliards de livres pour la construction de ses deux réacteurs EPR, contre 25 à 26 milliards prévus au départ. Et, sans surprise, les EPR2 prennent le même chemin.
En 2021, la première évaluation rendue publique du coût de la construction de six EPR2 était de 51,7 milliards d’euros. Le chiffre de la dernière estimation d’EDF est 67,5 milliards selon Les Echos pour trois paires de réacteurs à à Penly (Seine-Maritime), voir la photographie ci-dessus, Gravelines (Nord) et au Bugey (Ain).
Préparer l’opinion
EDF a tenté de préparer le terrain à une telle révision à la hausse. Auditionné au Sénat au début de l’année, Xavier Ursat, directeur exécutif du groupe responsable du nouveau nucléaire, avait indiqué que les 52 milliards annoncés pour les six réacteurs en 2021 n’embarquaient « aucun coût de maîtrise d’ouvrage, ni d’acquisition de terrain. Entre-temps, l’inflation sur les coûts des matériaux a eu un impact majeur ». Mais Xavier Ursat avait promis de limiter l’envolée des coûts. « Nous avons lancé un plan de compétitivité pour challenger le programme d’achats pour la construction des trois paires d’ERP2 », avait-il aussi déclaré. Et d’ailleurs, pour ménager l’avenir, les 67,5 milliards d’euros comprendraient 5 milliards de provisions pour risques et aléas, prises par précaution…
Retard de l’ingénierie
Evidemment l’inflation est passée par là et a un impact important sur les coûts de construction qui résultent des premiers appels d’offres lancés par EDF. Comme le chantier de génie civil des deux EPR2 de Penly remporté par Eiffage.
Et puis il y a les dérapages liés au retard des études d’ingénierie. Pour éviter de connaître les mêmes déboires qu’avec les EPR de première génération, l’énergéticien a décidé de se donner neuf mois de plus que prévu pour finaliser les plans de son réacteur amélioré. Et il faut que pendant ce temps-là le gouvernement boucle le plan de financement des réacteurs. Pas une mince affaire non plus.