La hausse des prix de l’énergie en général et de l’électricité en particulier ont un effet presque immédiat sur l’ensemble de l’économie. Un phénomène qui avait été oublié et qui a été rappelé brutalement il y a deux ans lors de la crise énergétique provoquée par l’invasion de l’Ukraine. Il y a à cela une raison très simple: la quasi-totalité de l’activité économique peut se résumer à des transferts d’énergie. Ainsi, la disparition cette année du bouclier tarifaire et d’autres mesures pour amortir le choc lié à la hausse des prix de l’énergie devrait amputer la croissance en France de 0,3 point selon les calculs de l’Observatoire français de conjoncture économique (OFCE). Ce n’est pas rien puisque la prévision de croissance du PIB (Produit intérieur brut) est de l’ordre de 1%.
L’impact immédiat des hausses de prix de l’énergie
Les économistes et les politiques se trompent lourdement quand ils considèrent que l’énergie représentant moins de 4% du PIB, l’impact d’une hausse des prix est contenu. Il se diffuse en quelques semaines voire en quelques mois à toute l’économie et affecte les particuliers comme les entreprises.
Voilà pourquoi les stratégies de transition énergétique qui consistent à jouer exclusivement sur les tarifs pour orienter l’offre et la demande sont dangereuses. Il est indispensable de développer des substituts bas carbone aux sources d’énergies carbonées à des prix acceptables avant de les imposer sur les marchés. Sinon, l’impact sur la croissance et sur les populations risque de rendre politiquement et socialement la transition presque impossible.
L’impact d’une hausse de 10% des prix de l’électricité
On peut mesurer l’effet d’une hausse des tarifs de l’électricité limitée pourtant à 10% par le gouvernement sur les entreprises via le sondage réalisé le mois dernier par OpinionWay pour CCI France. Pas moins de 71% des entreprises s’attendent à être affectés par la hausse des prix de l’électricité entrée en vigueur ce mois-ci, dont 41% à l’être « fortement ». Et 12% des entreprises considèrent même que l’impact de cette hausse sera « très important ».
Il est évident que les entreprises les plus inquiètes sont celles dites électro-intensives dans les filières industrielles. Ainsi, 85% des entreprises industrielles seront impactées, dont 22% « très » impactées. Ce qui n’est le cas que pour, respectivement, 66% et 7% des entreprises de services. De même les entreprises de 50 salariés et plus sont 82% à anticiper un impact, contre 67% des entreprises de 1 à 2 salariés et 74% des entreprises de 3 à 49 salariés.
Pas le branle-bas de combat de 2022 et même 2023
Pour autant, ce qui peut sembler contradictoire, 55% des entreprises disent ne pas avoir d’objectif d’économies d’énergie dans les prochains mois. On est loin du branle-bas de combat général de l’année 2022 et même 2023. En septembre 2023, elles étaient seulement 37% à ne pas s’être donné des objectifs de sobriété. De la même façon, 28% ont mis en place un plan d’économie d’énergie (-7 points par rapport à septembre dernier). Enfin, seules 16% des entreprises ont de tels projets pour les prochains mois (-11 points). L’étude a été réalisée auprès d’un échantillon de 1.012 dirigeants d’entreprises du 8 au 16 février.