L’un des problèmes qui complique la renaissance de l’énergie nucléaire dans le monde est celui de l’accès a suffisamment de ressources en uranium. Il fait même sérieusement douter de la crédibilité de l’engagement pris par 22 pays lors de la COP28 en décembre dernier dans les Emirats arabes unis de multiplier par trois la production d’électricité nucléaire d’ici 2050. Contrairement aux centrales fonctionnant avec les énergies fossiles (charbon, gaz, fioul), le coût du combustible est négligeable dans celui d’une centrale nucléaire. Le coût de fonctionnement d’une centrale nucléaire est en fait très inférieur à celui initial lié à sa construction.
Cela signifie que le doublement des cours de l’uranium depuis un an n’a pas un impact sensible sur le prix de l’électricité nucléaire. D’autant plus que la France dispose de réserves pour de nombreuses années. Le problème est plus aujourd’hui celui de la rareté de l’uranium accessible. Notamment, parce qu’il faut entre 10 et 15 ans pour ouvrir une nouvelle mine.
120 années de réserves au rythme de consommation actuel qui va s’accélérer
Selon la World Nuclear Association, les réserves prouvées d’uranium dans le monde sont estimées à 6,1 millions de tonnes. Au rythme de consommation actuel, ces réserves permettent de couvrir les besoins de l’industrie nucléaire pendant environ 120 ans. Si la production est multipliée par trois et si de nouvelles réserves ne sont pas découvertes et exploitées cela réduit considérablement l’intérêt d’investir lourdement dans de nouveaux réacteurs dont la durée de vie devra être supérieure à un demi-siècle. Selon l’Agence internationale de l’énergie, la demande mondiale d’uranium pourrait doubler d’ici 2050.
L’avenir du marché mondial de l’uranium repose ainsi avant tout aujourd’hui sur trois pays, l’Australie, le Kazakhstan et le Canada, qui possèdent plus de 50% des réserves mondiales d’uranium.
L’Australie détient près de 30% des réserves mondiales
Parmi ces trois pays, l’Australie se distingue avec plus de 1,7 million de tonnes d’uranium découvertes, soit 28% des réserves mondiales. Sa mine Olympic Dam, située à environ 600 kilomètres au nord d’Adélaïde, est le plus grand gisement d’uranium au monde – et aussi le quatrième plus grand gisement de cuivre. Pour autant, l’Australie n’exploite pas tout son potentiel est n’est que le quatrième producteur d’uranium à l’heure actuelle derrière le Kazakhstan, le Canada et la Namibie.
En termes de réserves et en-dehors du trio de tête, la Russie et la Namibie possèdent à peu près la même quantité d’uranium dans leur sol, environ 8% des réserves et 470.000 tonnes. L’Afrique du Sud, le Brésil et le Niger possèdent chacun 5% des gisements et la Chine complète le top 10, avec 3% des réserves d’uranium, soit environ 224.000 tonnes.
Espérer de nouvelles découvertes de gisements
Maintenant, par définition les réserves prouvées ne sont pas une donnée figée. Quand on cherche, en général on trouve. Ainsi, les réserves d’uranium connues dans le monde ont augmenté d’environ 25% au cours de la dernière décennie, notamment grâce aux progrès technologiques dans l’analyse des sous-sols. Cela permet d’espérer de nouvelles découvertes de gisements, notamment en association avec d’autres minerais ce qui facilite la rentabilité des mines. Ainsi, dans le cas du Olympic Dam en Australie, l’uranium récupéré est un sous-produit de l’extraction du cuivre sur le même site. En Afrique du Sud, l’uranium est un sous-produit du du processus d’extraction de l’or.
Et puis il y a l’uranium dilué dans les océans. Avec une concentration d’environ 3,5 parties par million, les quantités théoriques sont gigantesques : 30 milliards de tonnes. Mais faut-il encore pouvoir les récupérer dans des conditions économiques et techniques réalistes.