Greta Thunberg n’est pas un phénomène isolé en Suède. La passionaria de la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre a décidé de ne pas prendre l’avion pour se rendre aux Etats-Unis afin de participer le 23 septembre au sommet mondial sur le climat organisé par le Secrétaire général de l’ONU. Elle se rendra à New York à bord d’un voilier de course ultra sophistiqué et ultra coûteux…
Mais elle n’est pas la seule dans son pays à chercher à tout prix des alternatives au transport aérien. Et elle a même créée autour du rejet de l’avion un véritable mouvement. Près d’un Suédois sur quatre aurait ainsi renoncé l’an dernier à prendre l’avion pour choisir un autre moyen de transport selon une étude assez militante de WWF Suède.
Principale source individuelle de CO2
Les experts du climat estiment que le transport aérien représente 2% à 3% des émissions de gaz à effet de serre. Cela reste marginal, mais les écologistes soulignent que le transport aérien est souvent la principale source d’émission de CO2 individuellement, notamment pour les personnes qui voyagent fréquemment en avion et ont des revenus élevés.
«Voler est une activité qui consomme beaucoup de carbone et chaque vol évité est un moyen de réduire de façon substantielle les émissions», explique ainsi à la chaîne américaine NBC News Kimberly Nicholas, un chercheur de l’Université Lund en Suède.
En théorie, chaque personne sur la planète ne devrait pas émettre plus de 2,1 tonnes de CO2 par an d’ici 2050 afin de limiter le réchauffement climatique à 2°C. Pour y parvenir, il ne faut pas prendre l’avion sur de longues distances. Un vol transatlantique aller et retour, Paris- New York par exemple, correspond par personne à émettre 1,6 tonne de CO2. Plus des trois quart du budget annuel… A moins qu’un jour, les avions utilisent d’autres énergies et d’autres modes de propulsion.
L’effet Greta Thunberg
Mais si ces données sont connues depuis des années, elles n’ont pas vraiment changé le mode de vie et les comportements… sauf en Suède. On peut vraiment parler d’un effet Greta Thunberg. La lycéenne de 16 ans de Stockholm est à l’origine du mouvement du «flygskam», «la honte de voler» en suédois. Elle a fait de la dénonciation de l’avion l’un des thèmes majeurs de ses discours catastrophistes. Elle a pris systématiquement le train pour se déplacer en Europe. Et sa mère, Malena Ernman, chanteuse d’opéra, a mis un terme à sa carrière internationale en cessant de prendre l’avion.
Une des conséquences de ce mouvement est le retour en grâce du train en Suède. La compagnie nationale, SJ, a enregistré l’an dernier un nombre record de voyageurs, 31.8 millions de personnes. Le nombre de passagers a encore augmenté de 10% au premier trimestre de 2019. Dans le même temps, il y a eu moins de passagers dans les aéroports suédois, une baisse de 4,4% lors des trois premiers mois de l’année selon l’Agence de transport nationale.
Les trains émettent bien moins de CO2 que l’avion surtout dans un pays comme la Suède où toutes les lignes sont électrifiées et où l’électricité est très peu carbonée avec l’association du nucléaire et des renouvelables.
Avoir les pieds sur terre
Maintenant, le train n’a pas que des avantages. Sur les longues distances, il coûte bien plus cher et prend bien plus de temps. La compensation, c’est que le chemin de fer redevient «tendance»… notamment sur les réseaux sociaux. En Suède, 100.000 personnes sont membres d’un groupe sur Facebook qui partage les conseils et les combines pour mieux voyager par le train. Un autre groupe de 15.000 personnes a pris l’engagement l’an dernier de «rester sur terre». Ils ont l’ambition d’être 100.000 cette année.
Avoir les pieds sur terre, c’est bien ce qu’il faut en matière de transition énergétique.