Le cartel baptisé Opep+, qui regroupe les 13 pays de l’Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole) menés par l’Arabie Saoudite et leurs dix pays alliés menés par la Russie, a réussi au printemps et durant l’été à reprendre le contrôle du marché pétrolier et à faire monter régulièrement les cours du baril. Sa stratégie a tout simplement consisté à réduire l’offre. Elle ne fonctionne plus vraiment depuis quelques semaines. Et les cours du baril de Brent et de qualité WTI (West Texas Intermediate) sont revenus respectivement autour de 82 et 77 dollars. Ils avaient tous deux dépassés les 93 dollars au début du mois d’octobre et au début de la guerre entre Israël et le Hamas.
Le reflux tient à la fois à la disparition des craintes d’un élargissement du conflit entre Israël et le Hamas, au ralentissement économique mondial, en Chine, en Europe comme aux Etats-Unis, et à l’augmentation de la production de pétrole de plusieurs pays qui n’appartiennent pas au cartel comme le Brésil, la Norvège, l’Australie, le Guyana et plus encore le premier producteur mondial, les Etats-Unis.
Une remontée régulière de la production depuis l’effondrement de 2020
Ainsi, le record américain de 13.0 millions de barils produit par jour en moyenne pendant un mois qui remonte à novembre 2019 a été battu en août et encore en octobre. Depuis 2021, la production de pétrole américaine, qui a beaucoup souffert en 2020 de l’effondrement des cours lors de la pandémie de Covid et de la faillite alors de plusieurs producteurs, augmente régulièrement mais pas de façon spectaculaire. Les producteurs américains ne veulent plus prendre de risques ce qui leur a permis d’engranger l’an dernier des profits sans précédents. En tout cas, ils ont commencé l’année avec une production de 12,6 millions de barils par jour qui est montée à 12,7 millions en mai et 13,05 millions en août, nouveau record. Il devrait avoir été battu en octobre à 13,2 millions de barils par jour en moyenne, des chiffres pas encore officiels. Mais pour donner un ordre d’idée de la progression, en mars 2020 lors de l’effondrement du marché pétrolier en pleine pandémie de Covid, la production pétrolière américaine était tombée à 9,7 millions de barils par jour.
Une augmentation de la production qui correspond exactement à la baisse saoudienne
Il est maintenant quasiment certain que le record de production sera battu sur l’ensemble de l’année 2023. Au cours des neuf premiers mois de l’année, la moyenne a été de 12,8 millions de barils par jour à comparer au précédent record de 12,3 millions de barils par jour atteint en 2019. Sur l’ensemble de l’année et d’après le ministère américain de l’énergie, la production américaine pourrait même atteindre en moyenne 12,92 millions de barils par jour, soit 1,01 million de barils de plus qu’en 2022. Un million de barils par jour, c’est exactement la baisse de production décidée depuis le printemps par l’Arabie Saoudite.
Comme l’écrit l’agence Reuters, « l’amélioration de l’efficacité de l’exploitation des puits a maintenu la production américaine sur une tendance à la hausse, tandis que l’Arabie saoudite et ses alliés de l’OPEP+ ont réduit leur propre production pour soutenir les prix. Il est probable que la production américaine aurait atteint son maximum au troisième trimestre et aurait commencé à diminuer si l’OPEP+ n’avait pas fait remonter les prix et n’avait pas ainsi lancé une bouée de sauvetage au secteur du pétrole de schiste ».
Le niveau de production dépend surtout du prix de vente
Il y a tout de même un paradoxe dans cette situation qui tient au fait que l’administration Biden a plus plusieurs décisions importantes visant à restreindre les possibilités d’exploration et de production de l’industrie pétrolière et a accéléré la transition énergétique et l’adoption des véhicules électriques. Cela a valu à la Maison Blanche de nombreuses critiques du parti Républicain, mais cela n’a finalement pas empêché les records de production de pétrole.
En fait, l’impact des décisions politiques sur le marché pétrolier est surestimé et prend du temps avant de se concrétiser. Et puis le facteur premier de la production de pétrole, c’est le prix !