<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> Une fois encore le gouvernement se défausse de ses responsabilités sur une entreprise

8 septembre 2023

Temps de lecture : 3 minutes
Photo : gazole-essence-diesel wikimedia commons
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Une fois encore le gouvernement se défausse de ses responsabilités sur une entreprise

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Après EDF, contraint de financer l’an dernier une bonne partie du bouclier tarifaire sur l’électricité, ce qui a précipité son effondrement financier, c’est TotalEnergies qui est sommé par Bruno Lemaire, le ministre de l’Economie, de préserver le pouvoir d’achat des Français. Le gouvernement, qui ne veut pas entendre parler d’une nouvelle ristourne sur le prix des carburants, a trouvé le moyen de se défausser. TotalEnergies en a les moyens mais ce n’est pas vraiment la question et fait les frais de l’hypocrisie du ministre de l’Economie. Les recettes fiscales provenant des carburants (TICPE et TVA) sont les quatrième par ordre d’importance. Faire porter ainsi la responsabilité des prix des carburants sur un bouc émissaire facile, une compagnie pétrolière vilipendée de toute façon par les écologistes et les anti-capitalistes, est de la pure démagogie.

Tout le monde ou presque se souvient de la façon dont le gouvernement avait accéléré la déconfiture financière d’EDF en contraignant l’an dernier l’entreprise publique à financer une bonne part du bouclier tarifaire pour les Français sur l’électricité. Résultat, EDF a enregistré des pertes catastrophiques lors de l’exercice 2022 de 18 milliards d’euros, comparables aux bénéfices records engrangés dans le même temps par TotalEnergies.

Car TotalEnergies avait comme toutes les grandes compagnies pétrolières au monde, ni plus ni moins, affiché des profits records l’an dernier provenant de l’envolée des prix du gaz et dans une moindre mesure du pétrole. Mais aujourd’hui, c’est au tour de TotalEnergies de servir de bouée de sauvetage au gouvernement confronté à l’impact sur le pouvoir d’achat des Français du niveau élevé des prix des carburants.

Pas question de toucher aux recettes fiscales sur les carburants

Une situation qui ne devrait pas s’améliorer dans les prochaines semaines avec des cours du baril qui atteignent des niveaux records (à plus de 90 dollars pour le baril de Brent) et ne cessent de monter depuis trois mois. Il faut dire que les chefs de file et principaux pays exportateurs du cartel élargi Opep+, l’Arabie Saoudite et la Russie, restreignent leur offre pour créer une relative pénurie sur le marché et ont encore l’intention de le faire lors des prochains mois. La semaine dernière, le prix des carburants à la pompe en France était pour le gazole en moyenne de 1,8587 euro le litre, et le SP95 à 1,9570 euro.

Comme le gouvernement ne veut pas toucher aux recettes fiscales provenant des carburants -les quatrième par ordre d’importance à plus de 41 milliards d’euros l’an dernier derrière la TVA, l’impôt sur le revenu et l’impôt sur les sociétés- et ne veut pas entendre parler d’une ristourne sur le prix des carburants, il a trouvé le moyen de se défausser. Il fait porter la charge financière et même la responsabilité des prix élevés sur les pétroliers et notamment TotalEnergies. Des cibles faciles, car les pétroliers sont vilipendés et pas seulement par les écologistes et les anticapitalistes.

Du coup, le ministre de l’Economie Bruno Le Maire a demandé jeudi 7 septembre à TotalEnergies de prolonger son plafonnement des prix à la pompe « au-delà du 31 décembre ». Et si TotalEnergies le fait, le ministre en tirera même le bénéfice politique… « Je souhaite que TotalEnergies, qui a pris un engagement de plafonner les prix de tous les carburants, diesel et essence, à 1,99 euro jusqu’à la fin de l’année, prolonge ce plafonnement (…) au-delà du 31 décembre 2023 », a déclaré le ministre sur franceinfo.

Démagogie et défausse

Et il a ajouté dans un grand numéro de démagogie et de défausse, « TotalEnergies est le seul grand pétrolier français qui nous reste, ça doit être un atout pour tous les automobilistes » avant d’exprimer sa « confiance » dans le fait que le patron de la compagnie Patrick Pouyanné « prenne en considération les difficultés de nos compatriotes ». Est-ce à TotalEnergies, même si la société privée en a tout à fait les moyens, de gérer les « difficultés de nos compatriotes ». En 2022, les remises de 20 puis 10 centimes accordées par TotalEnergies de septembre à décembre 2022, avaient coûté 550 millions d’euros à l’entreprise et provoqué un afflux dans ses stations service.

En revanche, Bruno Lemaire a répété qu’il n’était pas question de ristourne de l’Etat sur les carburants voyant dans cette mesure une « triple aberration: écologique, budgétaire et diplomatiqueSi on fait une remise de 20 centimes sur les prix des carburants pendant un an, je confirme, cela coûte 12 milliards d’euros ».

« Deux pays, l’Arabie Saoudite et la Russie, ont décidé de réduire leur production, ça a évidemment un impact sur le prix » en restreignant l’offre mondiale, a expliqué le ministre. Dans ces conditions, une nouvelle ristourne gouvernementale reviendrait, selon lui, à « payer la diplomatie pétrolière de M. Poutine et de l’Arabie Saoudite ».

Fin de la détaxe sur le gazole pour les agriculteurs et le BTP

Et pour illustrer la nécessité pour le gouvernement d’augmenter ses recettes fiscales face à l’envolée des dépenses publiques, Bruno Lemaire a aussi annoncé la fin de la détaxe sur le gazole dont bénéficient certaines professions, notamment les agriculteurs et les entreprises de travaux publics. Les transporteurs routiers sont épargnés afin de préserver leur  « compétitivité » selon le ministre de l’Economie ou peut-être pour qu’ils ne bloquent pas le pays… « Nous supprimerons la niche fiscale sur le gazole non routier tout simplement pour faire basculer notre fiscalité d’une fiscalité brune – c’est une fiscalité qui incite à consommer des énergies fossiles, donc c’est mauvais pour le climat – à une fiscalité qui valorise les investissements verts », a déclaré M. Le Maire.

Cette mesure concernera les agriculteurs et les entreprises du BTP, avec lesquels des discussions sont en cours afin de « trouver un accord », a-t-il poursuivi, précisant qu’il y aurait « compensation pour accompagner la transformation… Il ne faut pas procéder par brutalité ».

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