En matière énergétique, la Norvège est un pays très singulier. Il se veut exemplaire en matière d’émissions de gaz à effet de serre, d’adoption des véhicules électriques, de production d’électricité décarbonée tout en étant, non sans une certaine hypocrisie, un exportateur majeur de gaz et de pétrole. Les considérables ressources hydroélectriques du pays lui permettent de produire 92% de l’électricité qu’il consomme tout en étant dans le même temps le 11èmeexportateur mondial de pétrole et le 9ème de gaz naturel. Et il est même devenu le premier exportateur de gaz à destination de l’Europe l’an dernier quand l’invasion de l’Ukraine a vu les exportations de gaz russe s’effondrer. La Norvège en a profité en intensifiant sa production (de 8% ce qui correspond à 100 térawatt-heure d’énergie supplémentaire livrés aux pays européens) et ses exportations pour le plus grand bonheur de ses voisins européens et notamment de l’Allemagne…. Elles ont représenté l’an dernier 812,9 TWh soit 24,9% du total des importations de gaz de l’Union Européenne. Et Oslo ne compte pas s’arrêter là.
« La Norvège est un cadeau perpétuel »
La compagnie pétrolière norvégienne DNO a annoncé lundi 10 juillet avoir découvert du gaz naturel dans les eaux norvégiennes de la mer du Nord, susceptible selon elle d’être la plus importante découverte dans le pays depuis dix ans. Le gisement de gaz et de condensat (pétrole très léger de grande qualité et très valorisé se trouvant fréquemment dans les gisements de gaz) trouvé sur le prospect dit Carmen recèlerait entre 120 et 230 millions de barils équivalent-pétrole (Mbep), a indiqué DNO dans un communiqué. Si le point médian de cette fourchette (175 Mbep) devait être atteint, cela en ferait la plus grosse découverte sur le plateau continental norvégien depuis 2013.
« La Norvège est un cadeau perpétuel. Carmen prouve qu’il reste d’importantes découvertes à faire et la plus ancienne compagnie pétrolière norvégienne, DNO, participera à ce nouveau chapitre de l’histoire du pétrole et du gaz du pays », a déclaré Bijan Mossavar-Rahmani, le Pdg de DNO. DNO détient une part de 30% dans le projet, les autres partenaires sont exclusivement des groupes norvégiens à savoir Wellesley Petroleum (50%), Equinor et Aker BP (10% chacun).
19 nouveaux pétroliers et gaziers représentant plus de 17 milliards d’euros d’investissements
Carmen reste en fait d’une taille limitée par rapport à d’autres gisements norvégiens comme les mastodontes Statfjord, Ekofisk, Johan Sverdrup ou encore Troll dont les réserves dépassent pour certains d’entre eux 3 milliards de barils équivalent-pétrole. La mer du Nord ayant été déjà largement exploitée, les découvertes importantes y sont devenues rares depuis plusieurs années.
Mais cela ne freine pas les ambitions norvégiennes. Après avoir attribué 47 nouveaux permis d’exploration pour des zones matures en janvier, et proposé 92 blocs supplémentaires à l’exploration pour 2024, le 28 juin dernier, Oslo a donné son aval à 19 nouveaux projets pétroliers et gaziers comprenant la mise en exploitation ou l’extension de gisements et l’accroissement par de meilleurs technologies du taux de récupération des hydrocarbures dans les puits. Cela représente des investissements d’une valeur totale supérieure à 17 milliards d’euros.
Toujours le mois dernier, la société norvégienne Aker BP a annoncé avoir fait une découverte de pétrole bien plus importante que prévu dans la région d’Yggdrasil, toujours en mer du Nord. Les estimations préliminaires indiquent un volume récupérable de 40 à 90 millions de barils équivalent pétrole bien plus élevé que les prévisions initiales qui tablaient sur un volume compris entre 18 et 45 millions de barils.