On le sait, le chantier de l’EPR de Flamanville empoisonne l’image d’EDF et de l’industrie nucléaire française dans son ensemble depuis de longues années, entre dérapages financiers et de calendrier, mauvaise maîtrise industrielle, malfaçons à répétition… Mais après de multiples reports du démarrage de ce premier réacteur nucléaire de 3ème génération en France, les choses semblent s’accélérer et le planning paraît pour la première fois être en capacité d’être tenu.
Une première, « l’inspection de revue » du nouveau réacteur
Deux actualités très récentes montrent que la dernière ligne droite est en vue. Le 25 mai devant la commission locale d’information, l’exploitant a annoncé avoir achevé la reprise des soudures défectueuses. Les contrôles sur ces reprises sont déjà majoritairement terminés et devraient l’être totalement avant la fin du mois de juin. Une annonce qui coïncide avec la visite sur site depuis plusieurs jours d’un « commando » composé d’agents de l’ASN (Autorité de sûreté nucléaire) et de l’IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire) pour mener « l’inspection de revue » du nouveau réacteur.
Cette visite inspirée des méthodes de sûreté anglo-saxonnes est une première pour un réacteur français, et a pour but de juger et valider le niveau de préparation des équipes, préalable indispensable à l’autorisation de démarrage. Elle s’inscrit dans le cadre de l’enquête publique qui se déroulera du 5 juin au 15 septembre et qui devrait déboucher sur l’autorisation administrative qui lancera la phase finale d’entrée en production du réacteur : le processus de chargement du combustible.
Raccordement au réseau à l’été 2024
Le chargement du combustible est donc toujours attendu pour dans les premières semaines de 2024 et le raccordement au réseau durant l’été.
Après avoir par ailleurs obtenu il y a quelques jours l’autorisation d’effectuer un cycle complet avant le remplacement attendu du couvercle de la cuve du réacteur, l’avenir semble enfin se dégager pour la centrale normande que certains n’hésitaient pas à considérer comme maudite.
Elle devrait donc être rapidement capable de compenser en grande partie les pertes de production d’électricité nucléaire liées à la fermeture des deux réacteurs de la centrale de Fessenheim. Ce qui ne suffira pas à effacer ce qui est un des péchés originels de la politique énergétique française. Mais devrait cependant en adoucir les conséquences.
Espérons que cette fois ci, il n’y ai pas de nouveaux contre-temps. En aout 2024, à l’heure où le monde entier aura les yeux rivés sur Paris et ses jeux olympiques, le raccordement de l’EPR serait une bonne nouvelle pour l’image industrielle du pays. Et pourquoi pas l’occasion de valider un premier contrat à l’export du nouvel EPR2 dans la foulée ?
Philippe Thomazo