En matière d’environnement et d’émissions de gaz à effet de serre, les bonnes intentions ne sont pas une garantie d’efficacité… loin de là. On peut le vérifier une fois encore avec les normes sévères fixées en Europe pour lutter contre les émissions de CO2 des véhicules. Elles créent de nouvelles contraintes considérables pour les constructeurs automobiles qui sont menacés d’amendes de centaines de millions d’euros si leurs véhicules émettent, en moyenne, trop de CO2. S’adapter rapidement à ces normes nécessite des investissements considérables dans les véhicules électriques, de changer complétement les gammes et renchérissent le coût de production de toutes les voitures. Elles condamnent ainsi celles dont les marges sont les plus faibles, c’est-à-dire les petites citadines d’entrée de gamme qui offraient pourtant une possibilité aux propriétaires de véhicules anciens et polluants d’en changer à moindre coût et de consommer moins. Dans les mois et les années qui viennent, les acheteurs de véhicules neufs devront donc les payer plus cher…
Car il n’est tout simplement pas possible pour ces véhicules d’entrée de gamme d’augmenter de quelques milliers d’euros leurs coûts de fabrication pour les mettre aux normes. Bruxelles a imposé un plafond d’émissions moyennes de 95 grammes de CO2 par kilomètre pour les voitures neuves vendues en 2020. Contre 120,5 grammes en moyenne en Europe pour l’année 2018 (112 grammes en France). En cas de non respect de ces normes par les constructeurs, les amendes seront très lourdes. Enfin, le Parlement européen a approuvé en mars dernier et à une écrasante majorité, l’obligation de réduire encore de 37,5% les émissions de CO2 des voitures neuves entre 2021 et 2030.
Du coup, les Peugeot 108, Citroën C1, Ford Ka+ vont cesser d’être fabriquées. Opel a déjà supprimé de son catalogue la petite Karl, la voiture la plus accessible de sa gamme. Ford supprimera de sa gamme d’ici la fin de l’année la petite Ka+. Chez PSA, les jours des Peugeot 108 et Citroën C1, coproduites avec Toyota à Kolin en République tchèque, sont comptés. PSA entend d’ailleurs vendre d’ici 2021 les 50% qu’il détient dans l’usine tchèque. De la même façon, Volkswagen n’a pas l’intention de remplacer sa Up et ses jumelles Seat Mii et Skoda Citigo. Ces modèles fabriqués à Bratislava en Slovaquie laisseront la place à des voitures électriques. Enfin, chez Daimler-Benz, la chaîne de fabrication des mini-véhicules Smart, installée en Lorraine, sera arrêtée. Ils seront remplacés en 2022 par un modèle électrique fabriqué en Chine et coproduit avec Geely. Et ce n’est que le début des bouleversements qui vont frapper l’industrie automobile avec des conséquences non négligeables sur l’emploi industriel.
Seul Renault semble pour le moment capable de faire face profitant de sa stratégie de longue date dans les véhicules bon marché avec Dacia. Les futures Dacia Logan et Sandero utiliseront une nouvelle plateforme de l’Alliance (avec Nissan et Mitsubishi) dès 2020 permettant de réduire suffisamment les émissions. Les volumes de ventes annuelles de ces véhicules (1,35 million) sont suffisamment importants pour justifier les investissements. Mais il sera difficile tout de même de ne pas voir leurs prix augmenter.