L’an dernier plus de 400 milliards de dollars de subventions ont été distribuées dans le monde pour soutenir les énergies fossiles, plus du double de ce qui est consacré aux énergies renouvelables. Ces chiffres calculés par l’Agence Internationale de l’Energie (IEA) s’expliquent avant tout parce que dans bon nombre de pays les gouvernements subventionnent les carburants fossiles pour les rendre plus accessibles aux populations démunies. Si cela se comprend sur le plan social et politique, cela rend plus difficile la transition énergétique en soutenant la consommation d’énergies fossiles rendues bon marché.
Les experts de l’IEA, Wataru Matsumura et Zakia Adam estiment dans une étude que se passer progressivement des subventions à la consommation de carburants fossiles est une nécessité. D’autant plus, qu’avec la hausse des cours du pétrole en 2018, les subventions à la consommation d’énergies fossiles ont atteint dans le monde leur plus haut niveau depuis 2014. Elles ont augmenté d’un tiers pour dépasser 400 milliards de dollars. Ces subventions abaissent pour les consommateurs les prix des carburants fossiles ou de l’électricité produite dans des centrales fonctionnant au charbon, au fioul et au gaz. Le pétrole et plus particulièrement l’essence et le diesel sont les énergies les plus subventionnées. Elles bénéficient de plus de 40% des aides publiques.
Pour l’IEA, sans une certaine «vérité» des prix de l’énergie les consommateurs comme les entreprises font beaucoup plus difficilement le choix d’équipements et d’investissements permettant de réduire leur consommation. Et les investisseurs sont aussi moins incités à miser sur des technologies plus «propres».
En outre, toujours selon les analystes de l’IEA, bon nombre des subventions aux énergies fossiles sont mal calibrées. Elles bénéficient de façon disproportionnée à des populations favorisées qui ont de ce fait une consommation bien trop importante de carburants dont les prix sont anormalement faibles.
Plusieurs gouvernements avaient commencé lors des dernières années à réformer leur système de subventions à l’énergie. L’Inde, le Mexique, la Thaïlande et la Tunisie les ont abandonné et ont libéralisé les prix des carburants. La Chine, l’Indonésie, la Jordanie, la Côte d’Ivoire et Oman ont mis en place un mécanisme d’ajustement progressif avec les prix internationaux de l’énergie. Les subventions ont été réduites dans un grand nombre de pays du Moyen Orient et d’Afrique du nord.
Mais la hausse des cours du pétrole en 2018 a amené plusieurs gouvernements à réviser leurs politiques et à soutenir le pouvoir d’achat des populations. Cela a notamment été le cas en Indonésie, en Egypte, en Iran et au Venezuela… des pays où les régimes politiques craignent tout particulièrement l’impopularité.